PAU : LA CIMADE ET SES PARTENAIRES DENONCENT LES CONDITIONS D’ACCUEIL INDIGNES DES PERSONNES EN DEMANDE D’ASILE
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L’Union européenne a multiplié les instruments politiques et financiers de coopération avec l’Afrique pour lutter contre les migrations « irrégulières » vers l’Europe. Elle délocalise les contrôles, sous-traite la « gestion » des migrations. C’est ce qu’on appelle l’externalisation des politiques migratoires européennes.
Le 18 novembre 2017, les institutions européennes ont présenté le projet de budget de l’Union européenne (UE) pour l’année 2018[1]. Ce budget révèle les priorités de la Commission européenne, et montre ainsi la volonté de l’UE depuis 2015 de consacrer une part de plus en plus importante de ses fonds aux migrations. 4,1 milliards d’euros seraient ainsi destinés à « gérer les migrations et à relever les défis en matière de sécurité » annoncés par un communiqué de presse de l’UE comme une priorité aux côtés de l’emploi des jeunes ainsi que la croissance et les investissements. Le fait que les questions relatives aux migrations et celles relatives à la sécurité sont présentées dans un même budget, révèle aussi la perception sécuritaire des migrations. Selon la Commission européenne, le financement pour ces domaines politiques atteindra un montant sans précédent de 22 milliards d’euros sur la période 2015-2018.
Depuis 2015 et la mal nommée « crise des migrants », l’UE a en effet multiplié les instruments politiques et financiers de coopération avec les pays non membres, afin de lutter contre les migrations « irrégulières » vers l’Europe. Face à l’arrivée sur les côtes européennes de plus d’un million de personnes fuyant pour la plupart la guerre et la persécution[2], et aux milliers de personnes décédées ou portées disparues en Méditerranée[3], l’UE a en effet préféré la fermeture de ses frontières aux mesures de protection et de sauvetage. Les objectifs poursuivis : contenir loin des frontières européennes les personnes migrantes, grâce au renforcement des contrôles et à la collaboration des pays d’origine et de transit, et renvoyer ceux en situation irrégulière sur le territoire européen.
L’UE cherche ainsi à délocaliser les contrôles dans les pays de départ et de transit et à sous-traiter à ces États la « gestion » des migrations. C’est ce qu’on appelle l’externalisation des politiques migratoires européennes. Pour mettre en œuvre cette politique, l’UE propose des contreparties aux pays tiers, conditionnées à leur collaboration dans la limitation des départs vers l’Europe et le retour forcé de leurs ressortissants. Progressivement, elle a étendu cette conditionnalité à l’ensemble des domaines de coopération (économique, commercial, politique ou militaire), y compris l’aide au développement. Il est ainsi devenu impossible pour ces pays de collaborer avec l’UE dans quelques domaines que ce soit sans aborder la question des migrations.
Cette politique n’est pas nouvelle mais s’est considérablement développée depuis 2015 avec une multiplication des instruments de coopération sur les migrations et de nouveaux financements européens souvent difficiles à décrypter tant sur leurs objectifs que sur leurs montants. Parmi les instruments clés : l’agenda européen en matière de migration de mai 2015, qui prévoit ainsi d’utiliser la coopération avec les pays non-membres et l’aide au développement pour « réduire les incitations à la migration irrégulière », ainsi que la possibilité pour l’UE de « faire usage de tous les moyens de pression et de toutes les incitations dont elle dispose » afin d’obliger ces États à accepter l’expulsion de leurs ressortissants. Sous couvert de réduction de la pauvreté, le sommet euro africain de La Valette (Malte) sur la migration de novembre 2015 développe « conjointement » avec les pays africains cette même logique[4] et prévoit la création d’un instrument financier : le fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique. Son budget de 1,8 milliards d’euros a été porté à 2,8 milliards en 2016. Il cible 26 pays et vise à réduire les migrations vers l’Europe en agissant sur leurs « causes profondes » et le développement. 93 % de ce budget provient de la réaffectation d’autres fonds européens, dont 78% du fond européen de développement (FED)[5].
À l’œuvre depuis le début des années 2000, cette politique a surtout provoqué des changements continuels des routes empruntées par les personnes migrantes. Là où une voie se ferme, une autre s’ouvre, souvent plus dangereuse. Elle n’a produit à ce jour aucun effet sur les arrivées en Europe qui n’ont nullement baissé[6] (sauf de manière très temporaire et localisée). Elle a en revanche contribué à mettre de plus en plus en danger les personnes migrantes.
Pour en savoir plus
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[1] Commission européenne, « Budget de l’UE pour 2018 : emploi, investissements, défis migratoire et sécurité », 18 novembre 2017.
[2] UNHCR, « Nationality of arrivals to Greece, Italy and Spain. January 2015 – March 2016 ».
[3] 3 771 personnes en 2015 et 5 022 en 2016 : UNHCR, « Mediterranean, dead and missing at sea. January 2015 – 31 December 2016 ».
[4] Sommet de La Valette, Plan d’action, 2015.
[5] Commission européenne, « Member States and other donors pledges, and UE contributions to EUTF for Africa », 19 juillet 2017.
[6] Cf. rapports annuels de l’Agence Frontex de 2009 à 2016.
Photographie : Après un sauvetage, arrivée de l’Aquarius dans le port de Pozzallo en Sicile, octobre 2017. © Anthony Jean
Auteur: Service communication
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