Ciné-rencontre en ligne de La Cimade avec le court-métrage de Ilhem Belarbi : Raconte-moi une histoire
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Le 23 août 1996, l’assaut mené par les gendarmes mobiles dans l’église Saint-Bernard a marqué les esprits. Depuis 20 ans, qu’est-ce qui a changé ? Fermeture, « cas par cas », répression des migrants et des soutiens, évacuations, expulsions, charters…
Le 23 août 1996, l’assaut mené par les gendarmes mobiles dans l’église Saint-Bernard a marqué les esprits. C’est la fin d’un des chapitres des longues luttes menées par les personnes étrangères dans les années 1990 pour la reconnaissance de leurs droits et pour leur régularisation : grèves de la faim à répétition, formation de collectifs de sans-papiers. Ce combat débute à Paris avec l’occupation de l’église Sainte-Ambroise. Il se poursuit notamment par l’occupation de l’église Saint-Hippolyte et enfin par celle de l’église Saint-Bernard dans le 18e arrondissement.
Le mouvement des sans-papiers s’organise à cette époque sans les associations. C’est leur lutte qu’ils construisent et ils élaborent leurs propres revendications. La Cimade, aux côté de nombreuses autres associations (Gisti, Fasti, Droits devant !, Pastorale des migrants, Fondation Abbé Pierre, etc.) a accompagné tout le processus du début à la fin. Elle a veillé à maintenir le dialogue avec les représentants des sans-papiers, le « collège des médiateurs » et les autres associations, tout en respectant les choix des personnes étrangères.
Le 18e arrondissement de Paris reste depuis deux ans le théâtre d’occupations, de campements et d’évacuations musclées des exilés par les forces de l’ordre. Les discours, les pratiques et les politiques menées restent aussi les mêmes : fermeture, « cas par cas », répression des migrants et des soutiens, évacuations, expulsions, charters. Mais malheureusement, ces situations de violence sont devenues banales aux yeux de l’opinion publique. Enfin, l’une des grandes différences avec les luttes actuelles est notamment l’absence de soutien des personnalités et des intellectuels.
En 1996, Ariane Mnouchkine a ouvert les portes des théâtres de la Cartoucherie de Vincennes aux sans-papiers. La Cimade y avait sa roulotte pour recevoir les migrants. Le « collège des médiateurs » a réunit 26 personnalités autour de Stéphane Hessel avec, entre autres, Edgar Morin, Paul Ricœur ou Lucie et Raymond Aubrac, Jean-Michel Belorgey. L’actrice Emmanuel Béart et le professeur Léon Schwartzenberg étaient dans l’église Saint-Bernard.
Quelques temps après, le nouveau gouvernement régularise environ 80 000 personnes avec la circulaire du 24 juin 1997. Puis en 1998, la loi Chevènement a instauré de nouveaux motifs de régularisation plus protecteurs (régularisation après 10 ans de présence, raison médicale, etc.). Mais depuis entre les lois Sarkozy en 2003 et 2006, les lois Besson-Hortefeux-Guéant en 2011 ou Cazeneuve en 2016, la situation ne fait que se dégrader.
« On a le sentiment que le gouvernement a manqué là d’un évident savoir-vivre qui aurait été la marque d’un savoir-faire sur un dossier difficile et dans ces conditions on est submergé par une vraie émotion et en même temps on se dit que cette intervention de force ne règle rien. Que va-t-il se passer maintenant ? Comment vont se régler les situations de ces familles qui étaient sans-papier à la suite des lois Pasqua ? Le gouvernement, en prenant une décision choquante, n’a en plus rien réglé. » François Hollande, le 23 août 1996, alors porte parole du Parti socialiste.
Crédit photo : Christophe Gin
Auteur: Service communication
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