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Le ministère de l’intérieur instaure officiellement un accès aux guichets des préfectures à deux vitesses : la voie royale, rapide et efficace pour les « talents étrangers » et la galère ou l’impossibilité d’accéder au service public pour toutes les autres personnes étrangères.
C’est dans le but de renforcer « l’attractivité de la France pour les talents internationaux » et de « répondre [aux] besoins de développement [des entreprises] » que l’information du 17 décembre 2019 relative aux mesures en faveur de l’attractivité de la France demande aux préfet·e·s d’apporter une attention forte aux « conditions d’accueil de ces talents ». Le ministère de l’intérieur relève en effet pour les « talents étrangers » que « les procédures d’immigration constituent […] des étapes sensibles de leurs parcours, pouvant influencer le choix de la France ». Cela sous-entend-il que les procédures terriblement complexes auxquelles sont soumises toutes les autres personnes migrantes pour s’installer en France peuvent influencer, négativement, le choix de la France ?
Le public visé regroupe les personnes demandant un « passeport talent », soit pour l’essentiel des personnes hautement qualifiées, dont la procédure d’embauche par des grandes entreprises ou des start-up est souvent gérée avec l’appui de cabinets de conseils familiers des arcanes administratives.
Le ministère de l’intérieur a donc à cœur d’éviter, mais uniquement à ces personnes sélectionnées au titre de l’immigration choisie, les procédures classiques de délivrance et de renouvellement d’un titre de séjour, dont l’ineffectivité est affichée sans détour : « Le parcours usager doit être rapide et fluide. À cet effet, l’accès au guichet, tant en première demande qu’en renouvellement ne doit pas passer par le module de prise de rendez-vous en ligne mais par une modalité spécifique et quasi-immédiate d’accès au guichet ». Le gouvernement reconnaît donc que les modules de prise de rendez-vous ne permettent pas un parcours rapide et fluide, en contradiction avec l’une des vingt mesures annoncées le 6 décembre dernier, qui affiche pour ambition d’ « améliorer l’accueil des usagers en préfecture […] grâce à la dématérialisation ». Rappelons que La Cimade dénonce depuis plusieurs années les importants blocages crées par l’obligation croissante de prendre rendez-vous sur Internet, qui empêchent des milliers de personnes de déposer une demande de première délivrance ou de renouvellement d’un titre de séjour et donc d’accéder à leurs droits, ou de les conserver.
La considération apportée à l’accueil des « talents étrangers », si elle n’est pas négative en soi, souligne la déconsidération apportée à l’accueil de tou·te·s les autres :
Offrir un accueil irréprochable aux « talents étrangers » et, faute de mesures en direction de l’ensemble des usagers et usagères, créer un accès au service public à deux vitesses pour les personnes étrangères : c’est ce que l’information du 17 décembre 2019 dit de l’esprit de la politique de (non) accueil du gouvernement vis-à-vis des personnes migrantes qui ne relèvent pas de l’immigration choisie. La Cimade condamne cette approche inégalitaire et demande une simplification profonde des démarches administratives pour toutes et tous.
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