Afghanistan : interpellation sur la situation des personnes ressortissantes afghanes liées à la France
Depuis dimanche 15 août, la ville de Kaboul est de nouveau aux mains des talibans, alors que depuis plusieurs mois s’organise le retrait définitif des forces internationales d’Afghanistan. La France n’est pas en reste, après plus de dix ans de présence, nos troupes et personnels rattachés sont rapatriés.
Mais il ne peut pas être seulement question des ressortissant·e·s français·e·s. Ces derniers jours, des milliers d’afghan·e·s tentent de fuir le pays dans le chaos le plus total. Parmi elles, on trouve les familles des personnes protégées au titre de l’asile par la France.
Blocage des visas de réunification
Depuis plusieurs jours, nos équipes reçoivent de nombreuses personnes afghanes terriblement inquiètes pour leurs proches. Leurs familles restées en Afghanistan, en cours de procédure de réunification familiale, sont particulièrement menacées par l’arrivée des talibans au pouvoir. Ils et elles nous alertent sur les exactions commises d’ores et déjà sur certains membres de leur famille identifiés en raison d’un·e proche réfugié·e en France, « chez l’ennemi ».
Malheureusement ces familles afghanes connaissent depuis des années des obstacles et des délais toujours plus importants pour l’aboutissement de leurs démarches.
Le service des visas de l’ambassade de France à Kaboul est en effet fermé depuis 2017. En 2018, le traitement de ces demandes avait été transféré à l’ambassade de France au Pakistan. Déjà très longue et précédée d’une procédure dématérialisée, l’instruction de ces demandes a été arrêtée par le confinement du printemps 2020 et la consigne donnée de ne plus délivrer des visas à ces familles, une décision qui a été suspendue en janvier puis annulée en juin 2021 par le Conseil d’Etat. A peine la possibilité de déposer une demande a-t-elle été rouverte que l’ambassade à Islamabad, la capitale pakistanaise, a fermé pour des raisons de sécurité. Depuis si les ambassades en Iran et en Inde sont devenues compétentes pour les instruire, elles n’ont pas les moyens qui plus est rapidement de traiter les 3 500 dossiers dont 1 500 avaient deux ans d’ancienneté. Des milliers de familles sont ainsi séparées et bloquées dans leurs démarches depuis plusieurs mois ou années, alors même qu’elles remplissent tous les critères pour être reçues sur le territoire français. Avec l’arrivée des talibans au pouvoir, les voici plus menacées que jamais.
Demande d’une intervention urgente
Une cellule de crise a été ouverte par le ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères pour permettre la remontée d’informations concernant les personnes actuellement bloquées en Afghanistan. Cependant elle n’offre aucune visibilité ni garantie sur le devenir de ces signalements.
Aussi, dans un courrier envoyé ce jour, vendredi 20 août, aux cabinets du Premier Ministre, du Ministère de l’Intérieur et du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères, nous demandons aux autorités françaises que :
- Les familles disposant d’ores et déjà de leurs visas dans le cadre de la réunification ou du regroupement familial puissent rejoindre sans délai le territoire français.
- Les personnes en attente de visas après instruction ou dont le dossier est en cours d’instruction puissent se voir délivrer en urgence un visa leur permettant de rejoindre le territoire français.
- Les membres des familles des personnes protégées en France puissent bénéficier d’une procédure d’urgence ad hoc permettant leur identification, leur protection et leur rapatriement sur le territoire français dans les plus brefs délais.
Pour aller plus loin :
- Lisez notre communiqué de presse commun pour exiger l’ouverture de voies légales et effectives d’accès à la France pour la protection des Afghanes et Afghans victimes de persécutions
- Signez notre pétition pour protéger la vie des Afghans et Afghanes
Auteur: Service communication