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Ashraf a été enfermé au centre de rétention administrative de Rennes à sa sortie de prison. Il nous a témoigné souffrir d’un problème de santé, non-soigné depuis plusieurs mois.
« Je me présente, Ashraf SEDA, je suis de nationalité marocaine.
Voilà j’ai été incarcéré à la maison d’arrêt de Brest le 17 juillet 2020 jusqu’au 1er mars 2021. Je faisais ma peine tranquille comme tout détenu, jusqu’à ce jour où je me suis blessé au foot. J’ai eu une blessure grave au genou gauche, c’était en septembre 2020.
D’abord, on a essayé de me donner des médicaments pour calmer la douleur puis on m’a envoyé à l’hôpital voir un chirurgien spécialiste qui a ordonné une IRM pour bien prendre la décision si on m’opère ou pas, car il soupçonnait une rupture des ligaments croisés. Il m’a aussi prescrit 30 séances de kiné et d’autres traitements pour préparer mon genou au cas où on va m’opérer. Tout ce qu’a ordonné le chirurgien était parfait.
En prison on m’a laissé sans aucun soin, on ne m’a jamais ramené faire l’IRM, on m’a même menacé de prendre les béquilles qu’ils m’ont données si je continue à me plaindre de ma douleur intense. Puis on m’a dit qu’il y avait des rendez-vous qui étaient pris et que ce n’était pas possible de les réaliser. Je suis resté 6 mois à attendre et à me plaindre jusqu’à ce qu’on me dise que j’irai moi-même à l’hôpital à ma sortie qui était prévue le 1er mars 2021. Ensuite, en arrivant au 1er mars j’ai cru être libéré mais je me trouve au centre de rétention pour une période de 3 mois. A mon arrivée au centre ici, on m’a dit que mon rendez-vous de l’IRM était encore reporté jusqu’au mois de juin, après les 3 mois de rétention qui seront passés. On me fait rien aussi, ni kiné ni retirer les poches d’eau qu’il y a dans mon genou ni quoi que ce soit et on m’a même retiré le seul médicament qui me permettait de calmer la douleur insupportable que je sens en permanence.
Voilà, avec tout ça j’ai essayé de me plaindre auprès de la police et auprès de l’OFII et auprès de la Cimade pour cette injustice. Je veux juste être soigné, je suis à moitié handicapé et personne ne veut en entendre parler depuis 7 mois. C’est pour ça que je suis venu écrire cette lettre aujourd’hui pour chercher de l’aide auprès des personnes qui peuvent m’aider à me soigner.
Enfin, je vous prie de croire à mes mots. C’est réel ce que j’ai vécu et ce que je vis toujours jusqu’à aujourd’hui. Aidez-moi s’il vous plaît, je veux juste me soigner, je suis un être humain après tout et je mérite d’être soigné.
Merci à tous ceux qui veulent m’aider et merci à Madame la responsable de la Cimade qui a cru en moi et à tous les certificats médicaux que j’ai présentés et qu’elle essaye de me faire entendre auprès de toute personne qui veut m’aider. »
Ashraf a été libéré suite à 60 jours d’enfermement.
La Cimade publie les témoignages des personnes qu’elle accompagne, en particulier dans les centres de rétention. Une parole libre d’une personne enfermée. Une parole qui permet de saisir les conséquences des politiques à l’égard des personnes en migration. Des textes, des extraits sonores ou des vidéos recueillis par les intervenant·e·s de La Cimade.
Photographie : centre de rétention administrative de Rennes, décembre 2020. © Jérémie Lusseau / hanslucas.com
Auteur: Région Bretagne Pays de Loire
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