Dans les coulisses d’Exils, son et lumière d’exception
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A l’occasion du centenaire de sa naissance, La Cimade vous convie à une rencontre le 9 février autour du philosophe et journaliste, acteur clé de la naissance de l’écologie politique, qui, avec son épouse Dorine, a choisi à son décès de désigner La Cimade comme légataire universel.
Philosophe du travail, journaliste cofondateur du « Nouvel Observateur », militant anti-nucléaire, André Gorz (1923-2007) fut un acteur clé de la naissance de l’écologie politique au début des années 1970. A l’occasion du centenaire de sa naissance, nous vous invitons le 9 février à participer à une conférence au cours de laquelle des intellectuels, des activistes et des responsables politiques nous diront comment sa pensée nous aide à relever les défis de demain. Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale de La Cimade, évoquera en parallèle les liens entre André Gorz et notre association.
📌 18h30 : Introduction
📌18h35 : Penser les défis contemporains
📌19h20 : « André Gorz et La Cimade : de l’exil à l’engagement »
📌19h25 : André Gorz en images
📌19h30 : Agir avec André Gorz : la voie écosocialiste ?
Animé par Eric Aeschimann, journaliste à « l’Obs ».
Entrée gratuite sur réservation, le 9 février à 18h30,
auditorium de « l’Obs » 67/69, avenue Pierre Mendès France, Paris 13e.
« Je dis seulement que l’utopie, au sens que ce terme a pris chez Ernst Bloch ou chez Paul Ricœur, a pour fonction de nous donner, par rapport à l’état de choses existant, le recul qui nous permette de juger ce que nous faisons à la lumière de ce que nous pourrions ou devrions faire. » Misères du présent, richesse du possible, 1997
Après leur mort volontaire le 22 septembre 2007, Dorine et Gérard Horst ont choisi de désigner La Cimade comme leur légataire universel. Cette décision était mûrement réfléchie. Elle avait germé à la fin des années quatre-vingt lorsque par l’intermédiaire du Pasteur Jacques Maury, alors Président de La Cimade, Dorine et Gérard Horst ont rencontré Madeleine Barot, une des deux fondatrices de notre organisation.
Dorine est née Doreen Keir en 1924 en Angleterre. Et Gérard Horst est né Gerhard Hirsch le 9 février 1923 à Vienne (Autriche). En 1930, la mère de Gerhard a imposé à son mari le changement de patronyme en raison de la montée de l’antisémitisme. Ainsi Hirsch est devenu Horst. Après l’invasion de l’Autriche par l’Allemagne nazie, elle choisit de mettre à l’abri son fils en l’envoyant passer son bac en Suisse en 1939 (année de la naissance de La Cimade). Il y restera jusqu’en 1949. Pendant ce long exil, il fera des étude d’ingénieur chimiste et rencontrera Doreen en 1947. Elle deviendra sa femme peu de temps plus tard. Puis le couple réussira à gagner Paris et devenir Français.
Gerhard devient alors Gérard. Après plusieurs années de petits boulots, il devient journaliste au début des années cinquante d’abord à Paris-Presse. Jean-Jacques Servan-Schreiber qui a fondé l’Express pour soutenir Pierre Mendès-France le recrute ensuite et lui suggère d’adopter un pseudonyme car son patronyme sonne trop Allemand et constitue un handicap dans la France d’après-guerre. Ainsi Gérard Horst adopte Michel Bosquet comme nom de plume. Il conservera ce pseudonyme au Nouvel Observateur qu’il a co-fondé avec Jean Daniel et Serge Lafaurie
Parallèlement, il poursuit sa formation à la philosophie en autodidacte. En 1958, avec l’appui de Jean-Paul Sartre qu’il avait eu l’occasion de rencontrer dès 1946 à Genève et qui est devenu son Mentor, il publie son premier essai. Il s’agît d’auto-analyse existentielle intitulée Le Traître et signée d’un autre pseudonyme André Gorz. Ce livre connaitra le succès et fera très vite d’André Gorz un intellectuel très influent sachant parfaitement joué de son rôle de théoricien et celui de journaliste pour animer le débat public. Il deviendra un des grands théoriciens de la critique du travail et un des précurseurs de l’écologie politique.
Au début des années quatre-vingt, après avoir écrit Adieux au prolétariat, il se retire de la vie publique dans la maison qu’il avait achetée avec Dorine dans le petit village de Vosnon (à trente kilomètres de Troyes). Il écrira dans ce nouveau contexte près du tiers de son œuvre théorique.
En 2006, à 83 ans, il publie une longue lettre destinée à Dorine où il lui dit toute sa reconnaissance pour lui avoir permis d’accepter son existence. Dans cette Lettre à D., il en profite pour retracer leur itinéraire de leur vie sociale et pour annoncer à mots couverts l’hypothèse d’un suicide à deux en raison de la maladie incurable dont Dorine était atteinte. Il laisse entendre aussi le serment qu’ils s’étaient fait l’un à l’autre de partir ensemble. Cet acte d’une ultime liberté qui résonne avec nos débats actuels sur la fin de vie montre qu’André Gorz fût aussi un penseur en acte.
Auteur: Service communication
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