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Au centre de rétention de Rochambeau, les droits piétinés des étrangers.

28 mars 2011

Dans le cadre de la campagne Migreurop, une visite est prévue au centre de rétention de Rochambeau à Cayenne.
Lucie Curet, coordinatrice de l’action rétention en Outre-mer, revient ici sur les conditions d’enfermement dans ce centre peu connu.

Rencontre avec Lucie Curet, coordinatrice de l’action en rétention en Outre mer.

Concrètement, comment les personnes sont-elles enfermées dans le centre de rétention de Cayenne ? 

Ce centre dispose de 38 places. Il est tenu par la police aux frontières. Les retenus dorment sur des matelas de gymnastiques, sans couverture, sans drap, sans oreiller…Il n’y a pas de système d’aération, pas de moustiquaires aux fenêtres…En Guyane pourtant il peut y avoir des épidémies de dengue ou de paludisme. Fréquemment les retenus se plaignent alors du froid et des moustiques. Le centre est organisé en cellules de 4 personnes dans la partie non rénovée et deux grandes chambres de six personnes par aile rénovée. Une aile devrait être réservée aux femmes, une autre aux hommes. Cependant, dans les faits, la préfecture enferme beaucoup plus d’hommes qu’elle ne peut en loger dans la partie homme. La nuit, hommes et femmes dorment donc ensemble. Ils partagent aussi les douches intégrées aux chambres. Ces douches n’ont pas de portes. En théorie encore, les femmes doivent être informées lors de leur notification, traduite si besoin, qu’elles peuvent dormir dans une pièce séparée mais nombre d’entre elles nous disent qu’on ne les a pas informées.  Et quand elles demandent à dormir séparément, c’est pour se retrouver dans une vieille cellule au fond d’un couloir, une cellule de quatre banquettes, avec des toilettes ouvertes, sans portes, sans douches, ni lavabos.  L’an dernier déjà nous avons écrit une lettre au procureur et au juge des libertés pour dénoncer cette situation. On a alors recueilli plusieurs témoignages de femmes qui disaient avoir dormi à plus de quatre dans cette cellule aux conditions inhumaines. Et il y a peu, une femme a déclaré avoir subi des attouchements alors qu’elle dormait avec les hommes. ( voir le communiqué).
Mais pour une agression dont on a connaissance, combien s’en produisent ?  Cette situation est inacceptable surtout que la réglementation est pourtant assez claire là-dessus, il ne doit pas y avoir de chambres mixtes.  La seule solution serait de limiter le nombre d’interpellations d’hommes au nombre de places existantes dans l’aile homme. Mais ça ne correspond pas à la politique du chiffre actuelle.

Que dire de l’accès au droit pour les retenus ? 

Bon, c’est toujours la même chose que nous dénonçons. En Guyane, comme en Guadeloupe, le contrôle du juge est très limité. Nous agissons presque toujours à titre gracieux auprès de la préfecture et donc c’est toujours selon son bon vouloir. En 2010 ainsi, il y eut 6073 retenus dans ce centre, 4707 reconduites et 400 personnes seulement ont été libérées par le juge des libertés. Ici les reconduites sont très rapides, souvent dans les premières 48 heures. Les étrangers ne peuvent donc pas faire valoir leurs droits, la préfecture agit pratiquement sans qu’il y ait de contrôle judiciaire…Quant au tribunal administratif, quasiment aucun étranger ne s’y présente. Ils sont reconduits avant.

Qu’apportent les visites organisées dans le cadre de la campagne de Migreurop ?

Les visites du juge, du procureur ou de parlementaires sont très rares. Pourtant il faut que les parlementaires, et les citoyens en général sachent ce qui se passe dans ces lieux très fermés. C’est d’autant plus important qu’ici le cadre législatif et règlementaire est dérogatoire et permet donc à l’administration de procéder un peu comme bon lui semble.

Auteur: Service communication

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