Réaffirmons notre rôle de vigie, défendons nos libertés
Il y a 40 ans, le gouvernement demandait à La Cimade d’être présente dans tous les Centres de ...
Déclaration commune du CrossBorderForum à l’occasion de la 3ème édition de la commémoration du naufrage dans la Manche du 24 novembre 2021
Trois ans après le naufrage du 24 novembre 2021, nous nous rassemblons pour appeler à un monde sans violences aux frontières. Alors que les décès à la frontière franco-britannique ont atteint un niveau sans précédent en 2024, nous appelons les responsables politiques à tirer les leçons des événements tragiques du 24 novembre 2021− parmi d’autres − et leur demandons d’agir en conséquence.
Le 24 novembre 2021, au moins 33 personnes ont tenté de rejoindre le Royaume-Uni à bord d’un canot pneumatique depuis la côte de Dunkerque. Ces 33 personnes venaient principalement du Kurdistan irakien, mais aussi d’Afghanistan, d’Éthiopie, d’Iran, d’Égypte, de Somalie et du Vietnam.
Trois heures après le début de la traversée, leur embarcation s’est retrouvée en détresse. À ce moment-là, ils étaient encore dans les eaux françaises. Bien que les personnes à bord aient pris contact avec le CROSS (Centres régionaux opérationnels de surveillance et sauvetage), celui-ci a refusé d’envoyer des secours. Entre 1h48 et 4h34 du matin, plusieurs personnes à bord ont continué d’appeler à l’aide, mais ni les services de secours français, ni les services de secours britanniques n’ont lancé d’opération. Le canot pneumatique a été retrouvé par un bateau de pêche, 12 heures après avoir quitté la France.
Après le naufrage, des survivants témoignent de leur expérience et de la façon dont ils ont été abandonnés par les services de secours, malgré leurs tentatives d’appel à l’aide. Quelques semaines plus tard, l’association Utopia 56, ainsi que des membres des familles des victimes, ont porté plainte contre les autorités françaises.
Le gouvernement britannique a également mis en place une enquête indépendante pour examiner les événements qui ont causé ce naufrage fatal. Une audience préliminaire de la Cranston Inquiry a eu lieu en octobre 2024, près de trois ans après le naufrage et après la mort d’au moins 100 autres personnes dans la Manche. Alors que les pouvoirs publics tentent de rejeter la responsabilité sur d’autres et ne réagissent pas à temps face à de telles catastrophes, des personnes continuent de mourir à la frontière, conséquence directe de la politique migratoire délétère menée depuis plusieurs décennies déjà.
Depuis 1999, au moins 467 personnes sont mortes en essayant d’atteindre le Royaume-Uni et, ces dernières années, ce nombre augmente à un rythme effrayant. Depuis le naufrage du 24 novembre 2021, au moins 127 personnes en situation d’exil sont mortes à cette frontière.
La même semaine que l’audience préliminaire en octobre, un autre naufrage mortel avait lieu dans la Manche, avec 3 décès enregistrés et plusieurs personnes portées disparues. Plus de 10 corps ont été retrouvés dans les semaines qui ont suivi, en mer et sur les plages du Pas-de-Calais. Plus de 78 victimes depuis le début de l’année 2024, ce qui en fait l’année la plus meurtrière jamais enregistrée.
Malgré les nombreux décès résultant de la violence continuelle à la frontière, les autorités françaises, belges et britanniques maintiennent leur approche dite « axée sur la sécurité », qui ne fait que rendre cette frontière de plus en plus hostile. Il est clair que cette militarisation croissante de la frontière n’empêche personne de circuler, mais la rend simplement plus dangereuse, et mortelle.
Les autorités de ces trois pays ont fait de leur frontière commune un endroit dangereux. En refusant catégoriquement d’apporter leur soutien et en continuant à investir, la somme au moins de 300 millions d’euros entre 2017 et 2022, dans des mesures de surveillance et de verrouillage de la frontière excessives, telles que des kilomètres de barrières, des barbelés, des drones, de multiples patrouilles de police, les pouvoirs publics de ces trois pays portent la responsabilité politique de chacun de ces décès.
Nous, organisations, collectifs et militants belges, britanniques et français, soutenons les actions entreprises par les proches et les familles des victimes devant les tribunaux, afin de garantir que la vérité sur ce qui s’est passé lors de cette nuit meurtrière soit révélée et que justice soit rendue. Nous nous unissons pour appeler à un changement urgent et radical des politiques menées à cette frontière et à d’autres frontières européennes.
Les droits des personnes exilées doivent être pleinement respectés et les valeurs et principes d’accueil digne et de libre circulation doivent remplacer la logique xénophobe que sous-tend la violence meurtrière aux frontières. Nous sommes solidaires de toutes les personnes exilées sans exception. Elles ne devraient pas être confrontées au traumatisme supplémentaire que produisent les frontières militarisées et violentes lorsqu’elles cherchent la sécurité en Belgique, en France ou au Royaume-Uni.
Tant que les gouvernements belge, britannique et français continueront à coordonner des dispositifs violents tout au long de la frontière commune, et tant que des communautés partout dans le monde nourriront le désir et le besoin de rallier d’autres états en quête d’un meilleur avenir, notre solidarité et notre travail devront continuer de s’étendre au-delà des frontières. Nous continuerons à travailler ensemble, solidairement avec les personnes exilées, afin de garantir que leurs droits soient respectés et que justice soit faite lorsque ces droits sont violés.
Ce samedi 23 novembre 2024, une commémoration à Dunkerque aura lieu. Vous êtes invitée à nous rejoindre à partir de 19h, Place Jean Bart pour rendre hommage aux personnes décédées le 24 novembre 2021, et toutes autres victimes mortes aux frontières.
Le 22 novembre 2024
Signataires :
Auteur: Pôle Europe et International
Il y a 40 ans, le gouvernement demandait à La Cimade d’être présente dans tous les Centres de ...
LES PRAHDA (programmes régionaux d'accueil et d'hébergement des demandeurs d'asile) font partie ...
Depuis le début de l’année 2024, les tentatives d’expulsion de personnes originaires de pays ...
Communiqué du réseau euro-africain Migreurop dont La Cimade est membre, à l'occasion du 20ème ...