Inlassablement, les préfectures de Guyane et de Guadeloupe continuent les expulsions vers Haïti
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En dépit des mesures de lutte renforcée contre l’épidémie et de la fermeture des frontières avec les principaux pays concernés par les expulsions depuis la Guyane, des personnes continuent d’être enfermées au centre de rétention administrative. Plusieurs organisation dénoncent l’illégalité de cette décision et son inconséquence au regard des enjeux actuels de santé publique.
Samedi 14 mars, le président de la République a décidé la fermeture de l’ensemble des administrations et commerces non indispensables à la vie de la Nation. Lundi 16 mars, il a décidé « de limiter au maximum les contacts hors du foyer » en imposant le confinement de la population, y compris en Outremer. En prison, à Fresnes, un premier détenu est décédé du virus hier mardi 17 mars, dans un contexte de fortes tensions internes liées au risque de propagation du virus en milieu fermé.
Dans ce contexte de pandémie et de fermeture des frontières, l’ensemble de nos organisations ne peut comprendre que le centre de rétention administrative de Guyane poursuive ses activités.
D’une part, les principaux pays vers lesquels les expulsions sont organisées ont d’ores et déjà annoncé la fermeture de leurs frontières (Suriname, Brésil et Haïti principalement). Des personnes sont donc actuellement privées de liberté alors que leur expulsion ne peut être réalisée dans les semaines à venir, ce qui est illégal. Au regard de cet élément ainsi que de la situation sanitaire, les juridictions chargées de vérifier les conditions d’enfermement refusent désormais de valider la poursuite des placements en rétention qu’elles sont amenées à examiner.
Les audiences pourraient se dérouler par visioconférence, donc à huis clos, entre le CRA et la salle où se trouve le juge, ce qui est illégal et porte atteinte à l’organisation de la défense des personnes.
L’enfermement en rétention se poursuit donc de manière illégale, dans un contexte où la possibilité de se défendre est encore plus dégradée.
Par ailleurs, la poursuite à tout prix de l’enfermement des étrangers est inconséquente et totalement décalée des enjeux de santé publique et des mesures renforcées de lutte contre l’épidémie décidées par la présidence de la République.
Dans un tel lieu de promiscuité, les « gestes barrières » ne sont pas transposables et les mesures de prévention et d’alerte en place au CRA paraissent dérisoires au regard des mesures décidées pour le reste de la population.
Alors que La Cimade, dans le cadre de sa mission d’assistance juridique aux personnes retenues, a décidé de confiner ses personnels en interrompant ses permanences physiques au CRA, comment comprendre le maintien des autres personnels ? Cette situation fait peser un risque bien réel de contamination et de propagation de l’épidémie pour ces personnels ainsi que pour les personnes enfermées.
Les personnes retenues ne sont pas auteures de délits ou de crimes, si ce n’est celui de vouloir vivre une vie meilleure. Elles peuvent être libérées sans délai sans que cela ne porte, en aucune manière, atteinte à l’ordre public. C’est pourquoi nous demandons, en cohérence avec les décisions prises par le Président de la République pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 et protéger les populations, la fermeture immédiate de tous les centres de rétention administrative, notamment celui de Guyane.
Organisations signataires :
La Cimade ; le collectif « Les gens de Guyane » ; Ligue des droits de l’Homme – section de Cayenne ; RESF ; SNESUP ; Solidaires Etudiants ; SUD Education ; SUD Culture ; SUD PTT ; SUD Santé Sociaux ; VIVA
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Auteur: Région Outre-Mer
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