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De la Maison d’arrêt de Tarbes à Abidjan sans pouvoir connaître sa fille…

13 février 2013

Mohamed a eu 24 ans le 24 décembre. Il était détenu à la Maison d’arrêt de Tarbes, purgeant une peine de 4 mois ; je l’ai rencontré 3 fois, à partir du mois de novembre.

Mohamed a eu 24 ans le 24 décembre. Il était détenu à la Maison d’arrêt de Tarbes, purgeant une peine de 4 mois ; je l’ai rencontré 3 fois, à partir du mois de novembre.

Mohamed a quitté la Côte d’Ivoire pour les Pays-Bas à l’âge de 16 ans. Là-bas il a obtenu un titre de réfugié valable 5 ans (confirmé par téléphone par le Bureau Dublin aux Pays-Bas). À la suite de cela, il a eu un titre de séjour d’un an. Il est venu en France voir des amis, puis est tombé amoureux. Il a fait un retour rapide aux Pays-Bas pour ses papiers qu’il n’obtient plus.

Donc il revient en France, d’autant plus qu’il va être papa. Mais c’est là qu’il fait une « connerie » (utilisation de chèque(s) volé(s)) et se fait arrêter. Le 1er octobre, le préfet lui signifie une obligation de quitter le territoire qu’il n’a pas su contester.

À ma deuxième rencontre, j’apprends qu’il a été présenté au consulat de Côte d’Ivoire. Le bébé n’est pas encore arrivé mais il faut agir vite car cette démarche auprès du consulat n’augure rien de bon. Je prépare une demande de titre de séjour avec une reconnaissance anticipée de paternité que j’envoie le 24 décembre, en précisant, en son nom, que l’enfant va naître dans 1 ou 2 semaines et qu’il fera parvenir acte de naissance et certificat de nationalité française. La réponse ne se fait pas attendre, paraît-il, puisque nous n’en avons rien su, ni sa compagne, ni son avocat ni moi. Il est vrai que les détenus sans-papiers n’ont pas le droit de travailler à la prison de Tarbes et qu’il n’a plus d’argent pour téléphoner. Le CIP me dit qu’il ne peut même pas téléphoner à l’avocat ! À voir !

La réponse a dû arriver le 28 et elle est négative parce que l’enfant n’est pas encore né. Mohamed doit sortir en principe le 10 janvier, mais il y a les dernières remises de peine. Bref j’apprends ce matin à 10 heures qu’il a été libéré et mis illico dans un avion en direction de Paris où on le mettra dans un avion en direction d’Abidjan. On fait ce que l’on peut avec sa compagne, lui conseillant dans l’immédiat de refuser l’embarquement. Il arrive à Paris vers 11h ; nous nous démenons : appeler un avocat spécialiste du droit des étrangers (qui conseille de contacter La Cimade). L’Anafé ne répond jamais. Le temps court. Un 2 janvier entre 11h30 et 13 heures, les chances sont très minces!… Et voilà… il a raccroché : il est embarqué. Le commandant de bord n’a pas voulu le voir.

Nalha était née, quelques jours avant, le 30 décembre. Sa compagne avait appelé la maison d’arrêt pour qu’on lui transmette la bonne nouvelle. Mohamed ne l’a appris que le jour de sa sortie, grâce à son portable qu’on lui a rendu.  Personne ne lui avait fait la commission.

Merci, monsieur le préfet. Vous avez été efficace et rapide.

Bienvenue à Nalha ! Et bonne année à vous toutes et tous !

En savoir + sur l’action de La Cimade en prison

Jacqueline Barnéda, bénévole de La Cimade Hautes-Pyrénées

Auteur: Service communication

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