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De retour du forum social mondial sur les migrations

17 décembre 2012

La 5e édition du Forum social mondial sur les migrations s’est déroulée du 26 au 30 novembre à Manille, Philippines. Il avait pour thèmes : « mobilité, droits et modèles globaux : à la recherche d’alternatives ».

La 5e édition du Forum social mondial sur les migrations s’est déroulée du 26 au 30 novembre à Manille, Philippines. Il avait pour thèmes : « mobilité, droits et modèles globaux : à la recherche d’alternatives  ».

À Quito, en 2010, lors de l’édition précédente, la thématique des travailleurs migrants et plus spécifiquement celle des travailleuses domestiques s’était imposée comme dorénavant incontournable. Trop peu présente dans les forums antérieurs, elle a cette fois occupé une place considérable, et ce à juste titre. Les Philippines, comptent 11 millions de travailleurs migrants hors de ses frontières, ce qui représente un quart de la population active du pays. Des femmes en majorité qui migrent vers le Proche et Moyen Orient, l’Asie, les États-Unis ou le Canada. Cette main d’œuvre occupe des postes variés : employés de maison, aides-soignants, serveurs, vendeurs mais également des postes plus qualifiés comme infirmiers, ingénieurs, médecins, professeurs. Pour beaucoup, les conditions de travail sont indécentes et proches d’une nouvelle forme invisible d’esclavage. En même temps, les transferts de fonds de la diaspora philippine représentent 10 % du PNB de l’archipel. Le thème des travailleuses domestiques a été introduit lors du FSMM 2012 par le sociologue et député philippin Walden Bello.

Au cours du forum, un second thème a prédominé : celui des impacts des changements climatiques sur la mobilité. Les Philippines, faible pollueur de la planète, subit pourtant férocement les changements climatiques. Au lendemain du forum, le typhon Bopha s’est abattu sur le sud de l’archipel faisant plus de 900 morts, 600 disparus et de nombreux sinistrés et déplacés.

 

Mais où est donc la Mauritanie ?

Le pays hôte du FSMM est déterminant dans le choix des thématiques mises en avant. Il l’est tout autant pour la représentation « géographique » des participants et la dynamique associative locale qui porte le forum. À Manille, parmi les 1 800 participants, le continent africain et sa diaspora étaient peu représentés (certains participants se demandaient même où se situait sur le globe le pays du représentant de l’Association mauritanienne des droits de l’Homme – AMDH !). Il y avait peu d’Européens aussi, mais une importante mobilisation de la diaspora latino-américaine vivant aux Etats-Unis et en Europe. La majorité des participants étant issus de l’Asie, de l’Australie et de l’Amérique du nord.

L’absence des représentants et des thèmes propres aux continents européen et africain (francophone) pourrait s’expliquer entre autres par la barrière de la langue. Très peu d’efforts ont été consenti par les organisateurs pour garantir aux participants non anglophones un accès aux traductions. L’anglais a dominé le forum et seules quelques rares plénières, ateliers ont pu bénéficier de l’aide de traducteurs motivés et bénévoles. Cela fût le cas pour les deux ateliers proposés l’un par le réseau euro-africain Migreurop et le second par le réseau Des Ponts Pas Des Murs – DPPDM. Tous deux traitant des entraves à la libre circulation et le non-respect des droits humains des migrants dans l’espace Schengen et CEDEAO – Communauté des États d’Afrique de l’Ouest.

Ce fut l’occasion de présenter pour la première fois deux campagnes inter-associatives et internationales :

  • la campagne « FRONTEXIT » présentée par Migreurop, qui dénonce l’orientation sécuritaire des politiques migratoires européennes dont le mandat de l’agence Frontex en est le symbole par excellence,
  • la campagne pour la libre circulation dans l’espace CEDEAO, présentée par deux associations membres du réseau Loujna Tounkaranké : l’Association malienne des expulsés -AME- et l’AMDH.

Dans le cadre de ces ateliers, Emmaüs international a rappelé ses actions pour la libre circulation et la citoyenneté universelle. Et le Conseil des migrants subsahariens au Maroc – CMSM – a clairement alerté sur la recrudescence de la répression envers les migrants au Maroc. Ces derniers sont devenus les cibles d’intimidations et de poursuites judiciaires comme cela a été le cas fin octobre 2012 lors de l’arrestation du coordinateur du CMSM Camara Laye.

« Un autre monde est possible » ?

Au niveau de la dynamique associative locale porteuse du FSMM et de l’essence même du forum – qui se veut un lieu d’expression libre, de débats et de construction collective citoyenne d’alternatives – l’édition 2012 a paru frileuse. En effet, en marge du forum, s’est déroulé le « tribunal international des migrants ». Intégré au programme officiel du FSMM en 2010, il n’a pas trouvé sa place au Philippines. Il semble que les témoignages des victimes et le réquisitoire final extrêmement critique à l’égard du Forum intergouvernemental sur la migration et le développement – FGMD – émanant du tribunal ait été jugé non audible par le secrétariat du forum.

On déplore également le peu d’élan de solidarité à l’égard des luttes des peuples indigènes aux Philippines. Silence sur la disparition forcée, depuis 2008, du militant, James Balao, qui dénonçait l’expropriation des terres des communautés indiennes par des multinationales convoitant ressources naturelles et minérales du nord du pays. Peu de mot sur les revendications des séparatistes musulmans de Mindanao. Peu de mot sur le tourisme sexuel qui sévit dans le pays.

Recommandations et perspectives

Après l’Amérique latine, l’Europe et l’Asie, la prochaine édition du FSMM aura lieu en 2014 pour la première fois dans un pays africain : en Afrique du sud ! Un pôle majeur pour les questions migratoires sur ce continent. La déclaration finale reprenant les recommandations des ateliers ne sera disponible que dans quelques semaines. Cependant, en termes de perspectives, nous pouvons déjà retenir : un besoin criant de suivi des recommandations issues de chaque forum, une plus grande implication des diasporas, un désir de convergences entre les dynamiques et politiques migratoires latino-américaines et africaines favorisant la mobilité et le respect des droits des migrants. Et, en prévision du prochain FSMM 2014 en Afrique du Sud, une forte mobilisation lors du Forum social mondial de Tunis en mars 2013 : trait d’union entre Manille et Johannesburg, où les thèmes des migrations et de la libre circulation seront largement présents.

 

Cécile Vanderstappen – CNCD-11.11.11
Marie-Dominique Aguillon – La Cimade
Amadou M’Bow– AMDH Mauritanie

 

Auteur: Service communication

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