Réaffirmons notre rôle de vigie, défendons nos libertés
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Déclaration d’Ousmane Diarra, président de l’Association Malienne des Expulsés (AME), à l’occasion du 1er mai.
Le 1er mai 2009, l’Association Malienne des Expulsés (AME) écrivait à l’occasion de la Journée des Travailleurs et Travailleuses ceci : « les droits et les acquis sociaux des travailleurs immigrés ne doivent et ne peuvent pas passer par perte et profits dans la balance des négociations opaques pendant que des milliers de vie sont brisées et affaiblies ici et là-bas
Un an plus tard, ce 1er mai 2010, l’AME réaffirme avec force que la régularisation des Maliens et des Maliennes sans papiers en Europe et ailleurs est une condition indispensable à l’arrêt des violences que subissent les migrants et leur famille ici et là-bas. Les entraves à la régularisation sont un frein au développement du Mali et provoquent en Europe et jusqu’en Afrique une véritable chasse aux clandestins et aux migrants, sans prise en compte des droits de l’homme pourtant des valeurs fondatrices de l’Europe Unie ; toutes choses qu’elle évoque souvent lorsqu’elle critique les pays d’Afrique dans leur gouvernance. La situation économique et sociale des travailleurs d’ici et immigrés en Europe n’a de cesse de se dégrader avec pour explication un contexte de « crise » du capitalisme. Les conséquences dramatiques s’abattent non seulement sur les plus démunis, mais désormais sur l’ensemble de la population de notre pays.
Nous souhaitons ainsi dans la présente déclaration alerter les populations et les autorités sur la situation catastrophique que vivent les ouvriers de Huicoma (Huile Cotonnière du Mali), victimes depuis plusieurs années des suites de la privatisation de leurs usines par les licenciements (1 200 personnes au total), la non indemnisation et la répression qui s’est abattue sur les syndicats (arrestations et incarcérations). Les ouvriers sont engagés dans la lutte importante pour réclamer leurs droits et acquis sociaux en occupant depuis 172 jours la Bourse du Travail de Bamako. L’AME exprime ici sa solidarité aux grévistes et demande la prise en compte des revendications des ouvriers de Huicoma.
Une autre situation tout aussi grave concerne les déguerpis de Bamako et de ses environs. Ces personnes sont victimes d’expropriation de leurs terres sans être consultées, recevant des indemnités ridicules. Sous couvert de « viabilité » de la ville de Bamako, des zones entières sont vidées de leurs populations sans même expliquer quels seront les projets à mettre en place. Les déguerpis deviennent malgré eux les indésirables du développement urbain et voient leur vie quotidienne basculer dans l’inconnu ; autant de risques de nouvelles précarités. L’AME demande l’application de la loi, l’Etat étant le seul décideur d’une expropriation contre une juste rétribution.
L’AME souhaite alerter la population et les autorités que ces situations ici au Mali permettent d’intensifier la désespérance des gens, qui deviendront ainsi de potentiels candidats au départ vers les routes migratoires clandestines, toujours aussi meurtrières aux portes de l’Europe Forteresse. Nous nous félicitons des propos du Président Amadou Toumani Touré qui déclare dans le Journal du Dimanche du 25/04/10 : « en ces temps de mondialisation, le Mali n’est pas une chasse gardée [de la France]. Nous refusons (…) les reconductions systématiques à la frontière ». Au sujet des accords de gestion concertée des flux migratoires, Amadou Toumani Touré ajoute « dans ce débat entre États, il ne faut pas oublier les principaux concernés : les Maliens qui vivent et travaillent en France depuis de nombreuses années et à qui l’on refuse la régularisation ». En effet, deux ans après les premières démarches de l’ex-Ministre de l’Immigration Brice Hortefeux concernant la mise en place d’un accord de gestion concertée des flux migratoires entre la France et le Mali et qui doit instaurer un quota accordé de visas pour les travailleurs qualifiés ; un véritable pillage des cerveaux contre l’accord de la part du Mali de permettre l’expulsion systématique de tous les hommes et femmes et enfants sans papiers de France.
L’AME n’a de cesse de dénoncer cet accord qui pour l’instant n’a pas abouti. Nous alertons ainsi l’état souverain du Mali à préserver absolument l’intérêt du peuple Malien. En ce 1er mai 2010, l’AME et le Collectif de soutien des expulsés ont décidé de sortir dans la rue aux cotés des syndicats afin de montrer leur détermination à lutter pour soutenir les travailleurs migrants sans papiers, qui subissent l’exploitation dans leur travail, la répression lors des arrestations des « Maliens de l’intérieur », par le manque d’information et de sensibilisation sur les réalités que vivent les migrants à l’étranger. Nous sommes à leurs cotés depuis 1996 déjà et nous comptons bien demeurer présents sur la scène nationale et internationale jusqu’à satisfaction de nos revendications.
Non à l’expulsion,
Régularisation de tous les sans papiers,
Liberté de Circuler.
Fait à Bamako le 30 Avril 2010
Le Président,
Ousmane Diarra.
Auteur: Service communication
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