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Depuis mars 2018, près de 150 demandeurs d’asile en provenance du Sri Lanka sont arrivés à la Réunion par la mer. La préfecture a fait le choix de l’expulsion, de l’enfermement et de l’opacité plutôt que de permettre à ces personnes en quête de protection d’exercer leurs droits. Alors que d’autres embarcations seraient à l’approche, La Cimade alerte des violations des droits répétées et sans précédent sur l’île de la Réunion.
Les agissements de la préfecture de la Réunion concernant les arrivées sur le sol français de femmes, d’hommes et d’enfants, demandeurs d’asile en provenance du Sri Lanka, inquiètent fortement La Cimade.
En effet, à chacun des cinq débarquements des bateaux arrivés à La Réunion au depuis mars dernier, l’État est hors la loi. Certaines personnes ont été refoulées illégalement sans avoir pu exercer un recours, sans que leur demande d’asile n’ait été examinée, sans avoir pu consulter un·e· avocat·e· ou sans avoir été informées de leurs droits. D’autres sont privées de libertés dans des conditions opaques, à l’abri du regard des avocat·e·s et des associations pourtant habilitées à intervenir dans la zone d’attente (La Cimade en fait partie). Et pour celles et ceux qui ont été libéré·e·s, l’accès à un hébergement, dans l’attente de l’enregistrement de leur demande d’asile par la préfecture, n’a été possible que grâce à la solidarité citoyenne. En décembre, pendant huit jours, dans l’attente des attestations de demandeur d’asile, un collectif citoyen a pris en charge les frais de mise à l’abri, obligation incombant pourtant à l’État, responsable de les loger et de les nourrir.
La Cimade a déjà, en octobre dernier, dénoncé l’enferment illégal en zone d’attente. Les violations des droits perdurent pour les 72 personnes arrivées le 5 février 2019. La Cimade a demandé à intervenir dans la zone d’attente créée dans l’hôtel à proximité de l’aéroport. Le ministère de l’intérieur a refusé, malgré la nécessité d’aide juridique exprimée par les personnes au cours des audiences devant le juge des libertés et de la détention. Les avocat·e·s du barreau de Saint-Denis de la Réunion ont dénoncé des atteintes aux droits de la défense et les conditions d’accueil indignes des demandeurs d’asile.
Lors de l’audience du 9 février, La défense a dû rappeler au juge des libertés sa compétence sur l’enfermement en zone d’attente et son rôle de garant des libertés individuelles en application de l’article 66 de la Constitution. En effet, les échanges entre magistrat·e·s et représentant·e·s de la préfecture ont porté tour à tour, et sans lien avec la compétence du tribunal, sur la situation géopolitique au Sri Lanka, le coût du trajet, ou encore le choix de la France. Alors qu’idées reçues et messages de haines circulent sur les réseaux sociaux et appellent des actes d’apaisement, la tenue de tels propos par des représentant·e·s de l’État et de la justice interroge.
Si cette situation nouvelle a pu prendre de cours les autorités en mars, La Cimade rappelle que le droit d’asile à la frontière doit être respecté à la Réunion et l’État doit y veiller. L’accueil des personnes qui arrivent par bateaux en provenance du Sri Lanka ou de tout autre pays doit être organisé dans le respect de leur dignité ainsi quand dans celui leurs droits.
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Photographie : Vue de l’arrière de l’hôtel de préfecture de la Réunion, à Saint-Denis par Thierry Caro, avril 2011.
Auteur: Service communication