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Habib se souvient de son dernier passage au centre de rétention de Cornebarrieu. Il a failli y laisser la vie.
Habib se souvient de son dernier passage au centre de rétention de Cornebarrieu. Il a failli y laisser la vie.
C’était en mars dernier. Habib est atteint d’une grave maladie qui provoque la création de caillots sanguins qui peuvent aller se loger dans son cerveau et provoquer sa mort en quelques jours s’il n’est pas traité. En mars 2012 donc, il fait l’objet d’un contrôle d’identité et se retrouve en garde-à-vue. Il signale immédiatement sa pathologie et son besoin vital de poursuivre son traitement. Mais bon, en garde-à-vue, on entend tellement de choses et puis ces étrangers sont prêts à tout pour ne pas être expulsés. Donc on ne l’écoute pas. Il verra bien avec le médecin du centre de rétention. Vingt-quatre heures plus tard, il rencontre enfin le médecin mais il faut vérifier les informations médicales qu’il avance, essayer de contacter ses médecins et puis il faut se procurer son traitement. On perd donc encore un temps précieux pendant lequel Habib n’a pas accès à son traitement. Si bien que son état de santé s’aggrave en quelques heures et qu’il fait un malaise. Il est conduit en urgence à l’hôpital. Merde, il ne racontait pas des bobards. La préfecture ne veut pas se rendre à l’évidence et maintient une escorte policière pendant plusieurs jours devant sa chambre à l’hôpital. On sait jamais peut être que les docteurs pourront le remettre sur pied afin qu’ils puissent reprendre la procédure de reconduite. Mais bon là, ça à l’air sérieux et Habib a l’air bien mal en point. La rétention est finalement levée à contre-cœur. Habib est entre la vie et la mort. Il restera un mois et demi à l’hôpital.
La semaine dernière, quelle n’est donc pas ma stupéfaction quand je vois revenir Habib dans ma permanence au centre de rétention. Il m’explique que depuis sa sortie de l’hôpital, il a pu trouver un hébergement stable, qu’il est régulièrement suivi par les médecins et que sa santé s’est nettement améliorée même s’il y a une nouvelle alerte sur ses dernières analyses sanguines.
Il m’explique qu’il se rendait à son cours de français quand il s’est fait contrôler par la police. Il a expliqué sa situation mais la préfecture a décidé de remettre le couvert et de le replacer au centre de rétention. Il n’a pas eu accès à son traitement pendant toute la durée de la garde-à-vue…
Le tribunal administratif de Toulouse a ordonné la libération d’Habib dont les analyses sanguines étaient à nouveau alarmantes. À l’audience, le représentant de la préfecture a assuré que s’il y avait un réel risque pour sa santé, le service médical l’aurait signalé.
« Errare humanum est, perseverare diabolicum »
Pablo, publié dans Planète CRA janvier 2013
Voir le blog de l’équipe de La Cimade au centre de rétention de Cornebarrieu
Auteur: Service communication
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