Peut-on parler d’Apartheid en Israël ?
Le mot apartheid n’est pas seulement une description de ce qui s’est passé en Afrique du Sud.
Le crime d’apartheid est qualifié par le Statut de Rome (1998), instituant la Cour Pénale Internationale, comme un crime contre l’humanité ; cette qualification fut initialement opérée par différentes résolutions du Conseil de Sécurité (1984) et de l’Assemblée Générale (1966) des Nations-Unies relatives à l’Afrique du Sud. La Convention pour l’Élimination et la Répression du crime d’Apartheid de 1973 le définit comme « un régime institutionnalisé d’oppression systématique et de domination d’un groupe racial sur tout autre groupe racial ou tous autres groupes raciaux et dans l’intention de maintenir ce régime ».
La situation d’oppression qu’impose l’État d’Israël aux Palestiniens, au sein de son territoire national comme dans les territoires occupés répond à cette définition juridique. En effet en Israël un million et demi de Palestiniens sont victimes de discrimination (en ce qui concerne la nationalité, le mariage, l’accès au travail, au permis de construire etc.) ; dans les territoires occupés l’armée israélienne contrôle l’eau de Cisjordanie ; aucun droit ne régit le travail des Palestiniens (ni salaire minimum, ni âge minimum, ni maxima horaires). Les Palestiniens vivent sous l’arbitraire de la juridiction militaire à l’intérieur de « Bantoustans » isolés entre lesquels il n’est pas possible de circuler sans autorisation israélienne. Enfin un million et demi de Palestiniens dans la bande de Gaza vivent un cas extrême d’oppression systématique : blocus, privation des produits de première nécessité, bombardements fréquents (plus de 1400 morts en un mois en janvier 2009)…
Pour aller plus loin : « Israël-Palestine : avenir muré par l’occupation », rapport d’observation, La Cimade, 2014.