Quoi qu’il en coûte… pour leur vie
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À l’occasion de la journée internationale des réfugiés, ce mardi 20 juin, artistes, associations et habitants ont rendu hommage aux plus de 10 000 personnes migrantes mortes ou disparues en mer Méditerranée depuis 3 ans.
Près du canal de l’Ourq à Paris, des centaines de personnes ont participé à l’action citoyenne baptisée « Fais ton bateau » initiée par la chanteuse Emily Loizeau. Petits et grands sont invités, par les différentes associations ayant répondu à l’appel (Amnesty, Souria Houria, La Cimade, LDH, Médecins du Monde, etc.), à plier de fragiles embarcations de papier, symbolisant autant de personnes ayant eu le courage de tenter la traversée maritime la plus dangereuse au monde. Parmi les stands présents sur le parvis de la rotonde, l’association européenne SOS Méditerranée permet de nombreux sauvetages, son bateau l’Aquarius intervenant rapidement dans les eaux internationales au large des côtes libyennes où la plupart des naufrages se produisent.
Sans l’actions de ces associations, nous serions « noyés dans la honte car notre indifférence assassine » dénonce Daniel Pennac. À l’intérieur de la rotonde, c’est devant un parterre d’enfants, ravis d’écouter l’auteur du livre Eux c’est nous, abordant la question des réfugiés, qu’il explique que cette journée est en l’honneur de « tous ceux qui sur cette planète ont besoin de nous ».
Après sa lecture en duo avec le comédien Emmanuel Noblet, l’auditoire regagne l’extérieur malgré la torpeur de cette chaude après-midi, attiré par la musique de Lamma Orchestra. Pendant plus de deux heures de nombreux artistes se partagent la scène (Sandra N’kake, Bab X, Sanseverino, Dominique A, Naissam Jalal et Osloob et d’autres). Les chansons sont ponctuées par des lectures intenses. Les comédiennes Anouk Grimberg et Irène Jacob ont choisi de donner à entendre Atiq Rahimi et Eri de Luca et le réalisateur Cyril Dion lit pour sa part quelques lignes écrites par Laurent Gaudé.
Avant de clôturer le concert, Emily Loizeau partage avec le public une note d’espoir illustrant la force des mobilisations: l’association Paris d’Exil vient de lui annoncer qu’une expulsion a pu être empêchée. Elle invite ensuite un slameur, Marvin Ouattara, à prendre le micro.
Le poète réfugié scande dans un texte poignant : « dites à ma mère que la mer m’emporte dans ses bras ». La chanteuse interprète Invisible en écho à sa volonté de mettre en lumière « ces humains et ces histoires » avant de guider la foule vers l’une des rives du bassin de la Villette pour le grand lâcher de bateaux.
Les gestes joyeux se mêlent aux regards graves. Le symbole est d’autant plus fort que des mineurs isolés étrangers, soutenus par l’Asmie (association de solidarité avec les mineurs isolés étrangers), ont témoigné quelques instants plus tôt de leurs parcours et la plupart ont affronté les flots.
Suite à ce moment de recueillement, des projections de documentaires (Les migrants ne savent pas nager de Jean-Paul Mari et Franck Dhelens, Les enfants de la jungle de Thomas Dandois et Stéphane Marchetti, Silent war de Manon Loizeau et Annick Cojean et Exode de James Bluemel) sont proposées dans les salles du cinéma sur les rives du canal.
À la nuit tombée, certains rejoignent l’enceinte de la rotonde pour participer aux échanges avec les réalisateurs et différents acteurs associatifs, engagés sur terre comme en mer.
Les personnes cherchant refuge sont les premières victimes des politiques migratoires européennes. Et elles sont contraintes de prendre des voies de plus en plus meurtrières. Ceux qui ont participé à des sauvetages en mer, vu les centres de rétention, révélés les camps de torture tirent la sonnette d’alarme. Face à l’inacceptable, tous appellent à porter devant les élus la question morale de leur responsabilité, à exiger notamment l’ouverture de voies légales et la fin des politiques d’externalisation des frontières.
« On essaie de nous vendre une crise migratoire qui relève plus de la crise de l’accueil qu’autre chose. On vit une crise humanitaire, car on laisse des milliers de personnes prendre des risques démesurés. Les différents pays européens ont créé ces conditions » analyse Jean-François Corty de Médecins du Monde.
Quant aux situations dramatiques dans lesquelles se retrouvent les migrants ayant réussi à atteindre notre rive de la Méditerranée, elles relèvent elles aussi de choix politiques. « Quand on est la sixième puissance du monde, on a la capacité d’accueillir dans des conditions décentes et les stratégies d’insuffisance délibérées doivent être dénoncées » insiste-t-il.
Pour clore cette riche initiative, acteurs de la société civile et participants s’accordent sur la nécessité de penser la suite pour approfondir ces partages et nourrir cet élan de solidarité.
Rime Ateya
Pour aller plus loin :
La Tribune d’Emily Loizeau publiée dans Libération : Nous sommes tous potentiellement un migrant
Auteur: Service communication
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