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Reportage dans un camp Rom au bord du périphérique parisien. Une soixantaine de Roms y vivent depuis quelques mois. Des bénévoles du Secours catholique tentent de leur apporter un soutien. Reportage publié dans le numéro d’avril de Causes Communes
C’est un bidonville au bord du périphérique : une soixantaine de Roms y vivent depuis quelques mois. Certains, en France depuis des années, tournent dans le quartier au gré des expropriations. Voilà environ 4 ans que la mission Rom du Secours Catholique les accompagne. Avec Médecins du Monde l’association épaule les quelques 600 Roms vivant à Paris. Elle réserve son action aux familles avec enfants, ne distribue pas de secours mais pratique un accompagnement global (hébergement, scolarisation, accès aux soins, défense des droits).
Aidés par des traducteurs, une quinzaine de bénévoles tournent régulièrement dans les rues pour suivre des familles isolées ; ils mènent aussi des actions collectives dans les bidonvilles.
Aujourd’hui va se tenir un « conseil de terrain » : les membres de l’association ont décidé d’annoncer une nouvelle règle – l’accompagnement des familles cessera si leurs enfants ne vont pas régulièrement à l’école – ; il s’agit aussi de dialoguer avec les parents pour comprendre les obstacles à la scolarisation et tenter de les lever. L’accueil est cordial, les hommes débitent le bois, des femmes cuisinent. La réunion a lieu dans l’allée centrale, une jeune femme Rom, bénévole, traduit. L’annonce tombe dans une sorte d’apathie ; des quelques échanges il ressort que, lorsqu’un enfant refuse d’aller à l’école, les autres refusent aussi et les parents cèdent ! Le conseil se clôt rapidement. Une rencontre avec les familles de trois adolescentes est un peu plus fructueuse : les gamines sont accompagnées chaque jour au collège par un bénévole, est-il possible que dorénavant elles fassent le trajet seules ? Les familles vont y réfléchir.
« L’école ne fait pas partie de leur schéma », dit Évangéline, la responsable de la mission Rom, « à nous de faire changer leur schéma ». Oui, mais comment ? La traductrice conseille une stratégie : « Venez toutes les semaines dire la même chose puis disparaissez pendant un mois, ils auront le temps d’en parler entre eux ». Si le groupe permet la solidarité, il peut avoir un effet négatif pour la scolarisation ; les familles isolées, elles, sont souvent demandeuses. Hier, rappelle Perrine, jeune volontaire en service civique, il fallait trouver une place à l’école pour une collégienne dont la famille se déplaçait : première de sa classe elle est prête à faire deux heures de transport si nécessaire. L’association cherche une solution.
Un mois plus tard, la situation semble bloquée dans le bidonville. Certes les adolescentes vont seules à l’école, même si elles sèchent parfois les cours, mais la scolarisation des petits est toujours au point mort. « Quelque chose nous échappe » dit Évangéline, « Nathalie, la référente du bidonville y est très présente, mais il y a des rapports entre eux que nous ne comprenons pas ». Et puis, l’insalubrité dans l’hiver qui s’éternise, la misère! La précarité gangrène tout et la scolarisation des enfants peut sembler bien dérisoire dans un tel contexte. Alors, changement de cap, il faut essayer de trouver un autre levier. L’emploi, avec la mise à l’abri, représente la première demande des Roms, systématiquement refoulée parce qu’ils savent qu’il n’y a pas d’espoir. L’ouverture du marché du travail constitue d’ailleurs, avec l’alternative durable aux expulsions, le point de combat essentiel du Secours catholique auprès des pouvoirs publics. Parmi les chefs de famille de ce site, certains parlent un peu le français et devraient être capables de travailler. L’équipe va tenter de les aider à trouver un emploi, en espérant un effet bénéfique sur tout le groupe ; une fois la dynamique installée, il sera possible de poser à nouveau les exigences de scolarisation.
Tel est le mode d’action du Secours catholique : construire une relation d’honnêteté et d’égalité, ne pas juger mais tenter de comprendre, partir des demandes des personnes. Agir aussi auprès des pouvoirs publics pour lever les barrières qui empêchent l’intégration et intervenir en ce sens dans le débat public. Comme de nombreuses associations, dont La Cimade, le Secours catholique vient de signer une lettre ouverte au Premier ministre s’indignant des récents propos du ministre de l’Intérieur : affirmer que les Roms refusent de s’intégrer manifeste, disent les signataires, une méconnaissance profonde de leurs conditions de vie et de leur misère.
Reportage Elisabeth Dugué publié en partie dans le numéro d’avril de Causes Communes
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Auteur: Service communication
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