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Israël-Palestine : l’urgence d’un new deal

3 mars 2009

Les drames qui se sont abattus sur Gaza ne peuvent être considérés comme le énième épisode d’une guerre sans fin, annonçant fatalement le désastre suivant. Les exigences d’en poursuivre les responsables sont nécessaires, de même que l’action diplomatique pour mettre un terme aux « tas de gravats et de cadavres » qui s’y sont accumulés. Mais une priorité s’impose : le retour au politique, par la négociation entre partenaires antagoniques.

Les drames qui se sont abattus sur Gaza ne peuvent être considérés comme le énième épisode d’une guerre sans fin, annonçant fatalement le désastre suivant. Les exigences d’en poursuivre les responsables sont nécessaires, de même que l’action diplomatique pour mettre un terme aux « tas de gravats et de cadavres » qui s’y sont accumulés. Mais une priorité s’impose : le retour au politique, par la négociation entre partenaires antagoniques.

Car il n’existe aucune solution militaire à ces affrontements où le voisin est montré du doigt comme agresseur permanent d’un État qui serait ainsi acculé à la « légitime défense », quand c’est la logique coloniale agressive de dépossession, d’exil, de ghettoïsation et de répression brutale, qui en rend compte. En aucun cas l’escalade de la violence n’assurera la sécurité et le droit à la vie, ni des Israéliens ni des Palestiniens, voués à cohabiter, à vivre ensemble ; tout au contraire, elle ne cessera entre eux d’approfondir entre eux le fossé, plus dangereusement encore.

Un compromis pour la paix – inéluctable – est possible, maintenant : l’essentiel des litiges a été examiné lors des négociations avortées de Taba (2000-2001), puis conforté par la logique de l’Initiative arabe de paix (Beyrouth, 2002), alors même que l’OLP avait déjà reconnu l’État d’Israël (congrès d’Alger, octobre 1988). Sans parler des « accords de Genève » (décembre 2003), qui ont constitué, dans le sillage de Taba, une étape et des travaux pratiques virtuels d’une négociation – hélas sans lendemain –, ni des multiples résolutions de l’ONU restées lettres mortes à ce jour.

Les désastres de Gaza ne rend que plus impérieuse la relance d’un plan de paix, par une négociation obligée entre toutes les parties concernées : l’État d’Israël, l’Autorité palestinienne et, bien sûr, le Hamas – vainqueur incontesté, faut-il le rappeler, des élections palestiniennes de janvier 2006 –, qu’il n’est ni possible ni réaliste d’exclure. Seule une négociation directe, sans préalables ni tabous, peut être à même d’en décider, en vue d’un accord clair d’indépendance des Palestiniens, sous quelque forme que ce soit.

Cela implique le démantèlement des colonies, la suppression des postes de contrôle de l’armée israélienne dans les territoires occupés depuis 1967, la démolition du mur dit « de sûreté », une négociation sur le partage de Jérusalem. Et enfin la reconnaissance de l’iniquité dont, depuis 1948, sont victimes les Palestiniens – une reconnaissance qui est au fondement de l’exigence du « droit au retour », même si les modalités de son application restent à négocier entre les interlocuteurs.

En raison de l’état de tension, des blocages et de l’impasse d’aujourd’hui, il faut d’urgence que les décideurs de la politique internationale interviennent pour rompre avec l’engrenage actuel. En effet, plus le différend s’alourdira, plus les Palestiniens seront désespérés, et plus les chances des Israéliens à continuer à vivre sur cette terre se délabreront. Un new deal  est nécessaire, qui garantisse à tous la sécurité..

L’Europe doit se mobiliser pour cette nouvelle donne, mais ce sont les États-Unis qui détiennent, au premier chef, les clés de la solution : ce sont eux qui, durant les huit années de l’administration Bush, ont, en permanence, et de manière exacerbée, avalisé les assauts militaires israéliens et permis qu’ils soient lancés dans l’impunité, laissant la situation se gangrener dans le chaos mortifère.

C’est en premier lieu à l’administration américaine – au nouveau président Barack Obama – qu’il incombe, au nom du droit, de faire pression sur les protagonistes, et de se poser en médiatrice impartiale dans un processus négocié entre Israël et Palestine : ses premiers pas indiquent un frémissement de raison.
Nous l’adjurons solennellement de changer radicalement la ligne politique et diplomatique désastreuse de l’administration Bush, de tout faire pour encourager et favoriser un retour au dialogue direct, sur des bases réalistes.

Le nouveau cours américain se doit de correspondre au rendez-vous des peuples de cette région du monde avec les libertés et la démocratie, pour que chacun réinvente sa propre nation, après tant de guerres et de rêves insensés. Un  new deal  résolu peut être uun levier décisif de ces espoirs.

Pour signer ce manifeste, envoyez un mail à  manifeste@manifeste.org


Premiers signataires :

Frédéric Abécassis, maître de conférences, École normale supérieure, Lyon (France)
Makram Abbès, maître de conférences École normale supérieure, Lyon (France-Tunisie)
Valerio Adami, artiste peintre (Italie)
Sanhadja Akrouf, responsable associative (Algérie)
Tewfik Allal, secrétaire général du Manifeste des libertés (France)
Jean Baubérot, professeur émérite École pratique des Hautes Etudes, Paris (France)

Johannes M. Becker, professeur, université de Marburg (Allemagne)
Souad Belhaddad, journaliste-écrivain (France)
Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des droits de l’homme
Jalil Bennani, psychanalyste (Maroc)
Fethi Benslama, professeur de psychopathologie, université Diderot, Paris (France-Tunisie)
Raja Benslama, essayiste (Tunisie)
Sophie Bessis, historienne (France-Tunisie)
Danièle Bloch-Rive, maître de conférences émérite université Nancy 2 (France)
Hamou Bouakkaz, adjoint au maire de Paris (France)
Rony Brauman, ancien président de « Médecins sans frontières »
Jean-Paul Chagnollaud, professeur, université de Cergy-Pontoise (France)
Abdesselam Cheddadi, historien (Maroc)
Alice Cherki, psychanalyste, Paris (France-Algérie)
Viviane Cohen, architecte (Maroc)
Daniel Cohn-Bendit, député européen (Allemagne)
Jean Daniel, écrivain, Paris (France)
Zakya Daoud, journaliste-écrivain (Maroc)
Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l’homme (France)
Nadir el-Bizri, philosophe (Liban)
Zeyneb Farhat, directrice de théâtre (Tunisie)
Mohammed-Chérif Ferjani, professeur univetsité de Lyon 2 (France-Tunisie)
François Gèze, éditeur, Paris (France)
Bourhan Ghalioun, professeur université Sorbonne nouvelle (Paris III) (France-Syrie)
Laurent Giovannoni, secrétaire général de la Cimade, Paris (France)
Janine Halbreich-Euvrard, critique de cinéma (France)
Mohammed Harbi, historien (Algérie-France)
Ahmed Henni, économiste, professeur à l’université d’Artois, France (France-Algérie)
Stéphane Hessel, ambassadeur de France (France)
Mohamed Abdelmottaleb Houni, homme d’affaires (Libye)
Ahmed Koulakssis, Maître de conférences, université de Tours (France-Algérie)
Jacques Lewkowicz, professeur université de Strasbourg (France)
Mireille Mendès France, présidente de la fondation Frantz-Fanon (France)
Gilbert Meynier, professeur émérite université de Nancy 2 (France)
Edgar Morin, sociologue (France)
André Nouschi, professeur émérite université de Nice (France)
John p. Neelsen, Professeur, université de Tuebingen (Allemagne)
Ernest Pignon-Ernest, artiste (France)
Michel Raimbaud, ambassadeur à la retraite (France)
Elsabeth Roudinesco, historienne (France)
Noureddine Saadi, juriste (Algérie)
Christian Salmon, écrivain, ex-directeur du Parlement international des écrivains
Salah Stétié, écrivain (Liban)
Michel Surya, écrivain, directeur de la revue « Lignes » (France)
Georges Tarabishi, écrivain (Syrie)
Antonio Tabucci, écrivain (Italie)
Khaoula Taleb-Ibrahimi, linguiste, professeur université d’ALger (Algérie)
Wassyla Tamzali, avocate (Algérie)
Nadia Tazi, philosophe (Maroc)
Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme (France)
Jacques Walter, pasteur, ex-président de la Cimade Rhône-Alpes, Lyon (France)
Francis Wurtz, député européen (France)

Auteur: Service communication

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