Journée « Solidarité et migration » à la Maison d’arrêt de Strasbourg
Témoignage d’une bénévole de la CIMADE
Le vendredi 14 juin 2019, j’ai passé la journée à la maison d’arrêt de Strasbourg, en tant que représentante de la Cimade, dans le cadre d’un cycle de conférences de deux semaines sur le thème « Solidarité et Vivre ensemble ».
Le but de ce cycle de conférences était d’analyser les différentes formes de production de solidarités, de questionner sa fonction symbolique et la raison de sa montée en puissance dans le discours contemporain.
L’objectif était aussi d’identifier les défis pour une société plus juste et plus respectueuse de l’homme et de l’environnement. Cela s’est terminé par l’écriture d’un livret par les personnes détenues elles-mêmes.
Nous avons été invités par Monsieur Laurent BLANCHARD, responsable local de l’enseignement de la maison d’arrêt de Strasbourg. J’ai l’habitude d’aller dans cette maison d’arrêt depuis plus de deux ans, dans le cadre des actions de la CIMADE, pour des permanences de conseils juridiques au point d’accès aux droits auprès des personnes détenues étrangères.
Mais ce vendredi 14 juin était particulier. La journée était placée sous le thème « Solidarité et migration » et était à destination des personnes détenues dans leur ensemble. Je suis intervenue, avec le professeur d’histoire Erick CAKPO de l’Université de Metz, au quartier femmes puis au quartier scolaire. Le matin, nous avons échangé avec 7 femmes très participatives et l’après-midi avec plus de 25 hommes très intéressés par les débats.
Durant ces interventions, j’ai pu présenter la CIMADE, son histoire, ses actions et revenir sur les idées reçues et les stéréotypes sur les vagues migratoires actuelles. Nous avons écouté les pensées des personnes détenues, leurs idées sur le sujet et nous nous sommes attelés à déconstruire les préjugés sur les migrants d’aujourd’hui, les aides qu’ils reçoivent et leurs parcours à l’aide d’exemples concrets du terrain. Nous avons également discuté autour de l’image française de « terre d’accueil » ou encore de l’Europe comme « El Dorado ».
Les échanges étaient très intéressants. Les participants étaient heureux de notre présence et étonnés de ce qu’ils pouvaient apprendre, souvent contraire à leurs idées reçues. J’ai appris autant qu’ils ont appris. Et j’aimerais juste partager une phrase, parmi d’autres, d’un homme détenu :
« En venant ici, vous nous forcez à aller fouiller dans une humanité qu’on a et qu’on pensait ne plus avoir. Vous êtes la lumière dans ce monde sombre. Ici on nous déshumanise. »
Ingrid BOURY
Bénévole CIMADE
Auteur: Région Grand Est