Inlassablement, les préfectures de Guyane et de Guadeloupe continuent les expulsions vers Haïti
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Du 12 au 16 Juin 2023, le groupe local de la Cimade a participé pour la seconde fois à la pirogue du droit sur le fleuve Oyapock. Retour sur cette aventure juridique originale, aux confins du territoire.
Organisé par le centre départemental d’accès au droit (CDAD) de Guyane, la pirogue du droit est une initiative du tribunal judiciaire de Cayenne qui, 4 fois par an, propose aux juristes, magistrats et avocats de Guyane de troquer l’apparat judiciaire pour des gilets de sauvetage, et d’embarquer à la rencontre des populations des fleuves frontières de la Guyane, le Maroni et l’Oyapock.
Visant principalement à permettre un accès aux droits aux populations les plus enclavées du territoire, la pirogue est aussi l’occasion pour les magistrats et autres membres des juridictions de sortir des locaux du tribunal pour connaître et comprendre les dynamiques des zones les plus éloignées de Cayenne. Ce mois de juin, une douzaine de participants se sont joints à l’expédition, parmi lesquels l’avocat général aux assises, une juge des enfants, deux avocats en droit pénal ou encore une juriste de l’association d’aide aux victimes d’infractions pénales (AAVIP).
Cette saison, la pirogue remontait l’Oyapock et s’est arrêtée dans 4 des plus grandes localités du fleuve: Saint-Georges-de-l’Oyapock, Trois Palétuviers, Ouanary et Camopi. Si Saint-Georges-de-l’Oyapock est une ville de 4700 habitants, reliée à Cayenne par la route nationale 2 et disposant depuis peu d’une sous-préfecture, les autres arrêts de la pirogue sont des villages seulement accessibles par voie fluviale ou aérienne.
A Trois-Palétuviers, village amérindien de 200 habitants, le groupe a rencontré une dizaine de personnes, essentiellement des brésiliens conjoints et ascendants de français souhaitant des conseils pour des problématiques liées au séjour.
A Ouanary, village créole de 200 habitants situé sur l’estuaire de l’Oyapock, c’est une autre dizaine de résidents qui se sont présentés pour des conseils juridiques, entre problématiques foncières, droit au séjour et affaires familiales.
Notre dernier arrêt a eu lieu à Camopi, village amérindien Teko et Wayampi de 1700 habitants. A 5 heures de pirogue de Saint-Georges de l’Oyapock, terra nullius appartenant aujourd’hui à l’Etat, Camopi est touché de plein fouet par les difficultés inhérentes à l’assimilation forcée des villages amérindiens. Dans une économie coincée à mi-chemin entre tradition et modernité, les habitants de Camopi oscillent entre chasse, pêche et déclaration d’impôts, entre le port du traditionnel pagne rouge et celui de la casquette new era. Les difficultés sociales y sont criantes et le passage express de notre pirogue nous paraît bien vain face aux besoins. Nous aurons tout de même l’occasion d’y accompagner une quinzaine de personnes, venues pour la grande majorité au sujet de blocages de leurs dossiers d’aides sociales.
Remonter le fleuve, rencontrer ses habitants, saisir leur réalité ; la pirogue du droit est une expérience à part entière. Même si les quelques pirogues qui partent chaque année ne réduiront ni l’ampleur ni les conséquences de la fracture territoriale en Guyane, elles ont malgré tout le mérite de permettre aux professionnels du droit de sortir de leur confort et de toucher du doigt des réalités qu’ils n’auraient pas pu saisir en restant au prétoire. Une expérience qui transforme les pratiques et les Hommes.
Auteur: Région Outre-Mer
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