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Depuis quelques mois, une ombre plane sur La Réunion. Une brigade de police connue sous le nom de Groupe de Recherche pour l’exécution des mesures d’éloignement (GRE) qui a pour mission de mettre en œuvre les Obligations de quitter le territoire français (OQTF) est devenue le symbole d’une politique d’expulsion agressive à l’encontre des personnes étrangères en situation irrégulière.
Sous couvert de lutte contre l’immigration irrégulière, le GRE déploie des méthodes douteuses et déloyales qui sèment la terreur dans la communauté étrangère de l’île.
Angélique*, une étudiante malgache, témoigne de ces méthodes choquantes : « Ils se sont fait passer pour des agents de la Poste, cherchant à remettre un colis. Quand j’ai regardé par la fenêtre, j’ai eu un doute et j’ai préféré ne pas descendre. Ils étaient en civil. Puis, quelques jours plus tard, j’ai reçu des appels d’un numéro que je ne connaissais pas. C’est là que j’ai fait le lien. Ils sont revenus sonner à plusieurs reprises. J’ai préféré fuir. Aujourd’hui, je suis hébergée chez un ami, en attendant que la situation s’arrange. Je suis obligée de rester cachée. J’ai peur de sortir. J’ai l’impression d’être traquée, alors que je ne suis pas une criminelle. »
D’autres personnes n’ont pu éviter une interpellation par cette brigade de police.
Il y a quelques semaines, Marie*, étudiante mauricienne vivant à La Réunion depuis 8 ans aux côtés de sa mère et son beau-père, tous deux de nationalité française, a été prise pour cible par le GRE. Selon son témoignage, usant d’un mode opératoire déloyal, les agents de la brigade d’expulsion se sont là encore fait passer pour des agents de la Poste, cherchant à lui remettre un courrier. Leur premier essai fut vain mais ils sont revenus à la charge quelques jours plus tard interpellant sa tante. Face à cette situation incompréhensible, Marie et son beau-père se sont rendus au commissariat pour obtenir des explications. Cependant, aucune discussion n’a été permise. Marie a été immédiatement interpellée et placée en retenue aux fins de vérification de son droit au séjour. Elle restera enfermée 23h en cellule avant de se voir notifier un placement au centre de rétention administrative et être expulsée le lendemain vers Maurice, sans avoir pu faire vérifier la régularité de son interpellation et de son enfermement par un juge.
Les pratiques du GRE s’inscrivent dans la tendance politique générale visant à criminaliser les personnes étrangères et leurs actions soulèvent des questions sur le respect des droits. Les méthodes employées sont dénoncées par des avocats spécialisés en droit des étranger·e·s qui pointent du doigt l’utilisation de ruses pour arrêter des personnes déjà en situation de vulnérabilité. Le juge des libertés et de la détention leur a donné raison à plusieurs reprises, invalidant les procédures jugées déloyales ou hors du cadre légal.
Ainsi, quel que soit son statut administratif, chaque personne doit être traitée avec dignité et respect dans un Etat de droit préservé, que l’exercice d’une politique migratoire répressive et acharnée ne saurait remettre en cause. Nous demandons à ce que le territoire réunionnais ne fasse pas exception à ce principe.
* Les prénoms ont été modifiés
Auteur: La Cimade Océan Indien