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Les étrangers sans-papiers ne sont pas des criminels. Les centres de rétention sont soi-disant là pour décriminaliser les personnes en situation irrégulière. Mais quand le système s’en mêle, ce sont les mêmes qui pérorent et qui créent cette « criminalité » qui n’a aucune réalité sociale, uniquement légale.
Les étrangers sans-papiers ne sont pas des criminels. Les centres de rétention sont soi-disant là pour décriminaliser les personnes en situation irrégulière. Mais quand le système s’en mêle, ce sont les mêmes qui pérorent et qui créent cette « criminalité » qui n’a aucune réalité sociale, uniquement légale.
Il est 9h10 et Amine vient de sortir du centre de rétention, libre après 1 an d’enfermement et une partie de ping-pong dont il a été la balle bien malgré lui. La fin de sa rétention était aujourd’hui 9h13. Il sera resté jusqu’au bout, sans doute « pour le faire réfléchir ». Malheureusement la privation de liberté « pour faire réfléchir » reste l’apanage de bien des préfectures.
Il y a un an, il a goûté durant 4 mois aux joies de la Villa chagrin (maison d’arrêt de Bayonne) pour avoir utilisé de faux papiers lors d’un contrôle d’identité. À sa levée d’écrou, c’est une voiture de la police aux frontières (PAF) qui l’attendait dans la cour, direction le centre de rétention. Jusque-là, rien de bien original…
Au 25ème jour, il sera déféré, n’ayant pas voulu parler au consulat, dont il n’arrête pas de clamer qu’il n’est pas le ressortissant. Ce sera un mois ferme pour cette obstruction à une mesure d’éloignement, le tribunal correctionnel ayant suivi les réquisitions du parquet. Trente jours après, toujours cette même voiture et cette même destination : le centre de rétention. Cette fois, c’est au 40ème jour de rétention qu’il va se retrouver dans le même prétoire, devant le même accusateur pour terminer son parcours une nouvelle fois derrière les barreaux froids de la prison. Pourquoi ? Pour avoir tourné les talons lorsqu’un policier souhaita l’interroger sur sa « réelle identité ». Cette fois, ce n’est pas 1 mois que le parquet avait requis mais 3 mois fermes et 5 ans d’interdiction du territoire français.
Selon l’adage bien connu, « jamais deux sans trois ». C’est donc le centre de rétention qui l’attendait encore une fois. Endroit où il sera resté 45 jours à la minute près. Cette fois, pas de consulat, pas d’interrogatoire. Juste le garder pour le faire réfléchir, après quelques questions sur le pays dont il se déclare ressortissant.
Un an passé droit dans ses bottes, sûr de lui, sans une vague, sans un mot plus haut que l’autre ; juste attendre que le temps passe.
Sarah Danflous, intervenante pour La Cimade au CRA d’Hendaye
Auteur: Service communication
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