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Le pompier, les gendarmes et la migrante

12 janvier 2011

L’histoire d’Anissa une jolie jeune femme marocaine de 28 ans passée en rétention avait commencé comme un conte de fée mais a vite tourné  au calvaire. Tout a commencé en 2007 lorsque quelques mois après avoir épousé un ressortissant français devant les autorités consulaires françaises au Maroc elle est venue […]

L’histoire d’Anissa une jolie jeune femme marocaine de 28 ans passée en rétention avait commencé comme un conte de fée mais a vite tourné  au calvaire.

Tout a commencé en 2007 lorsque quelques mois après avoir épousé un ressortissant français devant les autorités consulaires françaises au Maroc elle est venue vivre avec son époux en France.

Celui dont elle était tombée amoureuse quelques mois plus tôt s’est soudain transformé en brute épaisse. Dès son arrivée en France elle se retrouve traitée comme une véritable esclave et est contrainte d’accéder à tous ses désirs. Un chantage au titre de séjour est mis en place par l’époux qui lui laisse entendre que sa docilité et la préservation de la communauté de vie sont l’unique voie à suivre pour qu’elle obtienne une carte de séjour.

Très vite les choses vont dégénérer et dans les mois qui suivent les coups commencent à tomber sur Anissa.

Elle se rend aux urgences où il est constaté un grand nombre d’hématomes sur tout son corps. Il faut dire que le minable mari est pompier professionnel et donc assez athlétique. Plusieurs fois déjà la jeune femme a été frappée et humiliée mais ayant peur de se retrouver à la rue elle n’a jamais  souhaité aller plus loin.

Quelques mois plus tard, suite à une nouvelle séance de coups, elle appelle les gendarmes qui se transportent au domicile du couple alors que le mari n’y est plus, constatent des traces de coups sur le corps. Une femme gendarme, émue par la situation,  prend des photos et incite Anissa à déposer plainte. Elle rédige un procès verbal d’investigation très détaillé. Malheureusement les gendarmes reconnaîtront plus tard que les photos ont disparu de la procédure suite à un problème informatique sur l’ordinateur où elles étaient stockées à la brigade. (La suite de l’histoire laisse planer quelques doutes sur cette explication puisque plus tard ce sera la plainte elle-même qui sera égarée.)

Lorsqu’elle arrive à la brigade pour déposer sa plainte, elle y trouve son mari en grande conversation très amicale avec les gendarmes qu’il connaît très bien. Il faut dire qu’un pompier professionnel ça se respecte et que c’est plus digne de confiance qu’une étrangère sans papier.Anissa est donc interpellée et placée en rétention. Elle reste quelques jours au CRA, est libérée par le juge des libertés et de la détention et placée dans un foyer habilité à s’occuper des femmes victimes de violence.

Une procédure de divorce est entamée et on se dit qu’Anissa va enfin voir le bout de son calvaire. Ceci est sans compter sur l’acharnement de son mari et des soutiens officiels dont il jouit.  Alors qu’elle se rend à une convocation du juge aux affaires familiales elle est interpellée suite à un coup de téléphone passé au commissariat par un collègue de son mari. Durant la  garde à vue le mari appelle lui aussi la police pour être sur qu’elle sera bien reconduite à la frontière. Un an plus tard Anissa revient donc au centre de rétention.

Le calvaire continue !

Mais plusieurs travailleurs sociaux, psychologues et une association d’aide aux victimes mandatés par le parquet  se sont étonnés de l’acharnement et du traitement dont cette jeune femme faisait l’objet. Le juge des libertés et de la détention  pour la seconde fois permet à Anissa de recouvrer la liberté en prononçant une mesure d’assignation à résidence.

Que valent les discours officiels sur la protection des femmes battues et les campagnes de pub, lorsque ces violences sont perpétrées par un bon français sur une femme étrangère sans papier ?

Leo

Leo, intervenant au centre de rétention de Cornebarrieu

Auteur: Service communication

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