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Les Charter Awards 2024 en Guyane !

11 décembre 2024

En novembre 2024, quarante ans après l’ouverture des premiers centres de rétention administrative (CRA), La Cimade a organisé la deuxième édition des Charter Awards, une cérémonie satyrique de remise de prix visant à dénoncer les pratiques les plus révoltantes des préfectures en matière d’enfermement et d’expulsion des étrangers.

Mercredi 27 novembre 2024, s’est tenue à Paris la cérémonie nationale des Charter Awards, présentée par Guillaume Meurice, afin de revenir, en images, sur les 7 prix décernés à certaines préfectures de l’Hexagone et de l’Outre-mer lors de cérémonies locales. 

Localement, c’est au cours d’une cérémonie en petit comité organisée la semaine précédente dans les jardins de La Cimade, que la préfecture de Guyane s’est vue remettre fictivement le « prix de la performance »

Ce prix récompense l’enfermement et l’expulsion express de nombreuses personnes depuis le CRA de Matoury, sans accès préalable à un juge qui aurait pu examiner la régularité de la procédure ou la légalité de la mesure d’éloignement, en raison de l’application d’un régime juridique dérogatoire en vigueur dans plusieurs territoires ultramarins. 

Si actuellement, ces expulsions express concernent principalement des personnes du Brésil ou du Suriname, pays frontaliers, il y a quelques années, des personnes originaires d’Haïti étaient expulsées le lendemain de leur interpellation, avec pour seul bagage, les vêtements qu’elles portaient lors de leur enfermement.   

Un contexte de rapidité qui longtemps a permis de justifier des conditions indignes d’enfermement au centre de rétention administrative créé en 1995 sur la route de l’aéroport Rochambeau – aujourd’hui Félix Eboué.   

Par exemple, jusqu’en 2015, il existait dans la cour intérieure du CRA, un espace grillagé de quelques m², dit « La cage », où étaient maintenues les personnes, en moyenne entre 15 minutes et 2 heures, sans accès aux toilettes, à de l’eau, à tout moyen de communication vers l’extérieur ou aux intervenants juridiques, dans l’attente de leur expulsion imminente.  

Le reste du palmarès de la cérémonie nationale est tout aussi révoltant : 

  • Le prix Hippocrate a été remis à la préfecture de l’Hérault pour avoir enfermé en CRA une personne malade directement à sa sortie de l’hôpital psychiatrique. 
  • Le prix Esprit de famille a récompensé la préfecture du Puy-de-Dôme pour avoir séparé une famille en enfermant en CRA un futur père de jumeaux dont la naissance était imminente. 
  • Le prix Sans foi ni loi a été décerné à la préfecture de l’Essonne pour avoir expulsé depuis le CRA plusieurs personnes en toute illégalité, sans respect des délais et des décisions de justice. 
  • Le prix CRAvaux en cours a été remis à la préfecture de l’Hérault pour son projet de nouveau CRA à Béziers. 
  • Le prix But contre son camp a récompensé la préfecture de Gironde pour avoir enfermé au CRA de Bordeau un français pendant 45 jours. 
  • Le prix Quoi qu’il en coûte a été remis à la préfecture de Guadeloupe pour l’enfermement en CRA et l’expulsion de personnes haïtiennes malgré la situation chaotique en Haïti et malgré les suspensions des éloignements systématiques par le Cour européenne des droits de l’Homme. 

Deux prix inédits ont également été remis :  

  • Le prix Petits Bagnards à la préfecture de Mayotte pour avoir enfermé en rétention au moins 55 000 enfants ces 20 dernières années 
  • Le prix Allô ? Police secours à la préfecture de l’Essonne pour avoir placé en CRA une femme victime de violences conjugales qui cherchait de l’aide.   

La vidéo de cette cérémonie nationale est disponible ici 

Si c’est le prix de la performance qui a été décerné à la préfecture de la Guyane, elle aurait pu prétendre à bien d’autres titres, notamment pour récompenser son acharnement à enfermer inutilement des personnes étrangères sans possibilité réelle de les expulser, ou encore pour inlassablement enfermer dans le but de les expulser, des personnes vers Haïti, au péril de leur vie étant donné la situation de violence et d’insécurité que connait le pays depuis de nombreuses années.   

Auteur: Région Outre-Mer

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