Un silence assourdissant contre l’extrême droite
Un silence assourdissant en plein centre-ville de Marseille, à l'heure de pointe, ce jeudi 20 ...
L’expulsion des étrangers hors de France se déroule à l’abri des regards. La Cimade Marseille a mis en scène, jeudi 29 septembre, le témoignage d’une de ses équipes qui assiste aux audiences du Juge des Libertés et de la Détention au tribunal du Canet. Le Tourniquet, chronique numérique mensuelle, raconte en de brefs récits le terrible malentendu entre la justice et les personnes étrangères qui lui sont présentées. Deux comédiens en ont fait une lecture théâtralisée saisissante, ouvrant à des échanges avec un public nombreux.
Appelée pudiquement par les pouvoirs publics « éloignement », l’expulsion occupe une place grandissante dans le parcours migratoire des personnes étrangères qui subissent un contrôle policier de plus en plus coercitif, et des privations de liberté telles que l’assignation à résidence ou l’enfermement en centre de rétention. La Cimade défend les droits des personnes confrontées à ces mesures administratives.
A Marseille, une équipe de bénévoles assiste aux audiences du Juge des Libertés et de la Détention au tribunal du Canet, et publie ses observations dans Le Tourniquet. Une chronique mensuelle sous forme de newsletter, où se racontent les scènes d’un terrible malentendu : une justice mécanique statue sur la rétention administrative de personnes étrangères qui ne peuvent jamais faire entendre leur projet de vie en France.
Pour la parution du deuxième volume de ces brefs récits, la Cimade Marseille a créé un évènement, jeudi 29 septembre, en plein Centre Ville, à Coco Velten. L’affluence du public a démontré la pertinence du sujet : la salle était pleine.
L’ensemble a suscité dans le public un grand nombre de questions, auxquelles se sont efforcés de répondre Lucie Atger, avocate spécialisée dans le droit des étrangers, Marie Lindemann, salariée de la Cimade, et Bruno Enjolras, bénévole à la Cimade.
Un tribunal judiciaire tient ses audiences à quelques mètres du centre de rétention administrative du Canet. Les audiences de cette annexe du tribunal se passent en un lieu que l’on peine à trouver, sous la passerelle de l’autoroute. Devant la porte, un amas de détritus : on peine à croire que la justice s’exerce ici.
Tous les jours, le juge des libertés et de la détention décide du maintien (ou non) dans ce lieu des étrangers que la Préfecture veut éloigner du territoire.
Le public est donc rare, hormis parfois des amis ou parents de la personne retenue. Quatre à cinq juges
siègent alternativement, assistés d’une greffière. A charge, le représentant de la préfecture demande le maintien en
rétention. Pour la défense, si l’étranger n’a pas d’avocat, un avocat de la Commission des étrangers du barreau
est commis d’office pour plaider. Enfin, si nécessaire, un interprète.
Une scène, donc, à cinq ou six personnages – il faut tout de même compter la personne dont tout le monde parle: l’étranger
indésirable qui entre en rétention pour être expulsé. Celui-là pense souvent qu’il doit défendre auprès du juge
les raisons pour lesquelles il veut rester en France…
Or il n’en est rien. La souffrance vécue, les raisons de sa présence en France n’intéressent pas le juge de la
détention et des libertés (JLD). Ce malentendu, que seul le retenu
ne saisit pas, donne toute sa dimension kafkaïenne à la salle du tribunal.
Le scénario est tellement banal et rodé que l’on glisse aisément sur “des détails” : rappeler ses droits à la
personne, s’assurer que l’audience soit réellement publique, permettre à l’avocat de rencontrer son client suffisamment
de temps avant l’audience, disposer d’un interprète de la bonne langue…
Une équipe de bénévoles de la Cimade assure une veille citoyenne au sein de cette justice particulière en assistant
aux audiences du JLD. Depuis 2018, elle a été présente à plus de 150 audiences, correspondant à plus de 600 cas
jugés. De courts récits issus de ces observations, sortes de “brèves de tribunal” – donnent à voir dans une newsletter
bimensuelle, “le Tourniquet”, le déroulement mécanique de procédures souvent bâclées.
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particulière en assistant aux audiences et en diffusant ses observations. Abonnez-vous gratuitement et recevez nos chroniques
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Chaque année, près de 50 000 personnes sont enfermées dans des centres ou des locaux de rétention administrative (CRA ou LRA), pour moitié dans les départements d’outre-mer. Ces prisons qui ne disent pas leur nom totalisent plus de 2 000 places réparties dans 24 CRA et 26 LRA.
La Cimade est convaincue de la nécessité d’informer les citoyens sur l’exercice de cette justice. En matière d’expulsion et de rétention, La Cimade demande :
• En France comme en Europe, réformer l’ensemble de la politique d’immigration, afin de rompre avec une politique
d’éloignement forcée et de garantir les droits et libertés fondamentales.
• Fermer les centres et locaux de rétention et supprimer plus largement toutes les formes d’enfermement spécifiques.
Auteur: Région Sud-Est
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