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MANIFESTE POUR LES DROITS DES PERSONNES DECEDEES ET DISPARUES A LA FRONTIERE SUD ET CEUX DE LEURS FAMILLES

11 mai 2022

Campagne internationale « Vida sin rastro » (Vie sans trace), initiée par l’association espagnole APDHA (Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía) et soutenue par plus d’une centaine d’organisations internationales dont La Cimade, pour la création de protocoles en ce qui concerne les droits des personnes décédées et/ou disparues ainsi que leurs familles.

Le nombre de personnes qui décèdent le long des routes migratoires, depuis les pays d’origine jusqu’à l’Europe, via l’Espagne et la frontière sud est incommensurable. Il ne cesse de croître. Les données de l’année dernière (2021) le prouvent, puisqu’on estime à 2.126 au moins les personnes mortes ou disparues sur cette route migratoire vers l’Espagne, c’est-à-dire 24% de plus que l’année passée.

Ce chiffre est le plus élevé depuis qu’a été enregistré officiellement le premier décès, en 1988, sur la plage de Los Lances (Tarifa, Cadiz).

Un total de 12.2082 vies tragiquement perdues, en un peu plus de trente ans. Un bilan qui aurait pu être évité. Les politiques migratoires actuelles, basées sur l’externalisation et la militarisation des frontières, ainsi que l’absence de voies sûres et légales, sont responsables du fait que des personnes s’engageant dans un projet migratoire ne parviennent pas toutes à destination. De nombreuses familles cherchent à savoir si leur proche est arrivé, s’il a péri en mer Méditerranée ou s’il a disparu dans l’océan atlantique.

Une famille cherchant un proche est confrontée à des obstacles insensés. Le plus souvent, les réponses dépendent de la bonne volonté des individus engagés à titre personnel plus que des politiques ou des moyens qui devraient pourtant garantir les droits, à la frontière sud, des personnes décédées, disparues et de leurs familles.

Cette absence de protection institutionnelle et de cadre légal, qui tiendrait compte de la dimension transnationale, fragilise les droits fondamentaux et affecte la dignité humaine, les droits post mortem et le droit des familles à connaître la vérité. Inaction et opacité volontaires punissent et torturent les unes, les familles, déshumanisent les autres, ceux et celles qui ont décidé, contraints ou non, d’entreprendre ce parcours migratoire.

Nous exigeons de l’État espagnol qu’il défende clairement, devant les institutions européennes, un autre modèle migratoire, basé sur les droits et sur la mise en place de voies légales et sûres, afin d’en finir avec les souffrances, les morts et les disparitions à la frontière sud.

Il s’agit, de manière urgente, immédiate :

1. D’instaurer un bureau des personnes décédées et disparues, qui puisse apporter aide et soutien aux familles, tant en ce qui concerne les plaintes, la recherche et la localisation des proches, qu’en ce qui concerne le processus d’identification des corps.

2. D’adapter le cadre juridique existant, en matière de disparition à la réalité transnationale des migrations, dans l’objectif de simplifier les démarches administratives dans lesquelles les familles sont quotidiennement prises.

3. De mettre en place des protocoles, et d’adapter les outils et ressources des instituts de médecine légale dans le souci d’un traitement équitable en ce qui concerne l’identification des morts de la migration : les proches ont le droit de connaître la vérité, quel que soit le lieu où le corps a été retrouvé.

4. D’établir un protocole spécifique concernant des banques de données ADN. En étroite coordination et dans un esprit de coopération avec les pays d’origine, ce protocole doit servir à la recherche, à la localisation et l’identification des personnes décédées à la frontière sud, et à garantir la comparaison systématique de l’ADN de la personne décédée et de celui de ses proches.

5. D’offrir, sur la spécificité de ces réalités migratoires et des besoins des familles des personnes décédées et disparues, des formations aux fonctionnaires de l’Administration publique et aux associations et entités engagées dans le processus migratoire.

6. D’établir des accords avec les pays d’origine et de transit pour veiller conjointement aux droits des personnes décédées ou disparues, de ceux de leurs familles, par la mise en œuvre de mesures de soutien et d’accompagnement nécessaires, aussi nombreuses soient-elles.

7. D’entériner les engagements pris par la signature des pactes internationaux, et de garantir les moyens nécessaires à leur mise en œuvre en ce qui concerne la sauvegarde de la vie.

Associations à l’initiative de la campagne :

1 Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía (APDHA)

2 Grupo puente de activistas internacionales

Associations signataires du manifeste :

3 Algeciras Acoge
4 Al-Yudur
5 Amoureux au Ban Public de Lyon (collectif de Lyon)
6 Andalucía Acoge
7 Aoc
8 Área de DDHH y Mirgraciones Podemos Andalucía

9 Asoc. Nourdine – Asociación Cultural La Paz
10 Asociación Por Ti Mujer
11 Asociación Apoyo
12 Asociación Claver-SJM
13 Asociación de Movilidad Humana
14 Asociación de mujeres progresistas Perseidas
15 Asociación ELIN
16 Asociacion Geum Dodou
17 Asociación Hispanoamericanos en Valencia
18 Asociación Humanista Elda
19 Asociación Jaén Acoge
20 Asociación Motril Acoge
21 Asociación Mujeres con Voz
22 Asociación SEDOAC
23 Asociación Socio-Cultural Entre-Mares
24 ATIM (Asociación de Trabajadores e Inmigrantes Marroquíes)
25 BDS Madrid
26 Bienvenidxs Refugiadxs Alcalá de Henares
27 Bigite Elkartea – Asociación Vizcaína de Integradores/as Sociales y Animadores/as Socioculturales
28 Caravana Obrim Fronteres catalunya
29 Caritas Regional de Andalucía
30 Cercle des Voisins du CRA de Cornebarrieu
31 CESÁfrica – Coordinadora de Entidades de Solidaridad con África
32 CGT
33 CIEs NO Madrid
34 CIM Burkina
35 Círculo Podemos de Mota del Cuervo.
36 Colectivo Sin Fronteras Albacete
37 Comunidad de Vida Cristiana en España
38 Comunidades Cristianas Populares Valencia
39 Convivir sin Racismo Murcia
40 Coordinadora 12D « En Pie de Paz »
41 Coordinadora de Barrios
42 Coordinadora General de los Marroquíes de España (C.G.M.E.)
43 Coordinadora Obrim Fronteres
44 CP San Carlos Borromeo
45 CSMG Paimpol (Bretaña – Francia)
46 Diritti di Frontiera APS
47 Emakumeok gerraren aurka – Mujeres contra la guerra
48 Entrepueblos
49 Ermuko komite internacionalistak
50 Errátikas contra el racismo
51 Foro Galego de Inmigración
52 Genera Red de Mujeres Feministas por la Equidad de Género en el Desarollo
53 GISTI
54 Granada Visible
55 Hiritarron Harrera Sarea / Red Acogida Ciudadana
56 Irídia
57 Irungo Harrera Sarea

58 Jornaleras de Huelva en Lucha
59 Kódigo Malva
60 L’ElianaVol
61 La casa paris
62 La Cimade
63 Malen Etxea Mujeres Inmigrantes
64 Mesa d’Entitats de Solidaritat amb els Inmigrants
65 Migreurop
66 Móstoles Sin Fronteras
67 Movimiento Estatal #RegularizacionYa
68 Mundo en Movimiento
69 No Borders Refugees
70 Ongi Etorri Errefuxiatuak
71 Ongi Etorri Errefuxiatuak Araba
72 Oxfam Intermón
73 PAR Almansa – Plataforma de Apoyo a Personas Refugiadas de Almansa
74 Paris d’Exil
75 Pasaje Seguro Cantabria
76 Passerelles
77 Plataforma Benvinguts Refugiats Menorca
78 Plataforma Ciudadana Caudete se Mueve
79 Plataforma contra la pobreza, la exclusión y la desigualdad social en Alicante
80 Plataforma Personas Refugiadas de Cáceres
81 proyecto Frontera Sur Canarias
82 Red de Acogida de El Puerto de Santa María.
83 Red de Mujeres Latinoamericana y del Caribe
84 Red Interlavapies
85 RESF (Red de Educacion Sin Frontera, Francia).
86 RESF65
87 Salvamento Marítimo Humanitario – SMH
88 Servicio Jesuita a Migrantes – SJM
89 Sindical Obrera Andaluza
90 Sindicato de Inquilinas de Granada Casa de Paso
91 SOARPAL-Solidaritat Arbúcies Palacagüina
92 Social Project 4.0
93 Solidaridad Internacional Andalucía
94 SOS Racisme Cataluña
95 SOS Racismo Bizkaia
96 SOS Racismo Gipuzkoa
97 Stop Mare Mortum
98 Stop Represión Granada
99 Tanquem els CIE
100 València és Refugi
101 Vejer sin Fronteras
102 ZEHAR-Errefuxiatuekin

Auteur: Pôle Europe et International

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