Un silence assourdissant contre l’extrême droite
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Vendredi 26 avril, sur la place de la Halle Puget, les étudiants du Master en Économie Sociale et Solidaire ont organisé une journée de solidarité rassemblant des sans-abris, des riverains, des associations et des passants : animations, ateliers d’expression, expositions, concours de photos, repas partagés. La Place pour Tous, comme lieu de rencontres et d’échanges.
Dès le jeudi 26 au matin, le collectif Al Manba – Migrants 13 organisait un petit déjeuner solidaire, tant pour réconforter les personnes exilées que pour affirmer leur soutien et retenir « le zèle » de certains agents du nettoyage.
Le lendemain 27 avril, la place de la Halle Puget était occupée toute l’après-midi par une animation festive, ateliers, expositions, repas partagés…
Une opération de médiation sociale à l’initiative des étudiants de la promotion de Master 2 en Économie Sociale et Solidaire, choqués par les conditions indignes imposés aux migrants sans-abris juste face à l’entrée de la Faculté (voir plus bas).
Dans le cadre de leur cursus, ils se sont groupés pour donner vie à ce projet d’animation culturelle sur la Place de la Halle , en créant une synergie entre les collectifs de défense des migrants, les associations militantes, les Centres sociaux et éducateurs, les habitants du Quartier, y compris les migrants, habitants par défaut :
« Nous étudiants, avons voulu créer quelque chose, en renforcement de ce qui existe déjà. Nous avons contacté tout le secteur associatif du secteur, les habitants et commerçants du quartier, tout le monde« .
Les associations ont répondu présent et cette journée est une preuve de plus que le partenariat fonctionne à Marseille : chacune proposant une animation pour enrichir l’initiative de cette promotion d’étudiants. La Cimade, a accroché l’exposition « Cabanes rêvées« , et proposé le livre « L’asile en exil » du Réseau Hospitalité, ATD Quart-Monde a installé sa bibliothèque de rue, la Ligue de l’Enseignement propose un concours photo sur le thème de la discrimination, le Centre social Velten a ouvert un bar à tisanes, et une télévision participative, Télémouche, a installé un studio d’enregistrement vidéo: « Dites-nous ce que vous avez dans la tête » décliné en plusieurs langues. Sans oublier Adelies qui organisait et animait des groupes spontanés d’échanges, où chacun était invité à s’exprimer et à écouter.
Plus tard, après une session de jardinage spécial balcon, des élèves de primaire du quartier, qui durant trois ans font l’apprentissage de la musique avec des enseignants de l’école de musique voisine, se sont produits, à la sortie de l’école, avec violons, violoncelles et leurs voix.
La Halle Puget en plein centre-ville près de la Porte d’Aix est l’un des lieux de Marseille où les demandeurs d’asile passent la nuit, à deux pas de la Spada, plate-forme d’accueil qui devrait, selon la loi, les orienter vers des hébergements provisoires. Le toit de la Halle met au sec, mais elle est ouverte au mistral glacé d’hiver. Pourtant, venus d’une frontière ou orientés sur Marseille par d’obscures décisions administratives, plusieurs dizaines de personnes s’y installent le soir : les uns pour pouvoir faire la queue à la première heure le lendemain, les autres, faute de la solution d’hébergement d’urgence que l’État a obligation de leur fournir.
Témoins de cette situation, les riverains ont des réactions contrastées, certains habitants offrent nourriture et vêtements, quand d’autres se plaignent de bruits et de bagarres (à l’automne, une rixe violente a éclaté entre migrants). Quant à eux, les étudiants de la Faculté d’Économie d’Aix Marseille qui ouvre sur la place, sont choqués par le spectacle quotidien de ces silhouettes allongées à même le sol, à peine protégées par des matelas, des couvertures des duvets, et survivant dans des conditions indignes, sans sanitaires …
Vers le début mars, des éducateurs du secteur assistent au nettoyage des lieux par les éboueurs de la Ville, et donnent l’alerte : entre six et huit heures les agents jettent à la benne duvets, matelas et couvertures, seules protections de ces exilés, allant parfois jusqu’à réveiller au jet d’eau sous pression ceux qui dorment encore… Ces opérations sont à présent quotidiennes. Des associations découvrent alors que ce sont souvent leurs dons qui vont à la benne. Le fruit de collectes citoyennes pour une aide humanitaire aux sans-abri, jeté par la collectivité territoriale : un scandaleux gâchis.
L’initiative de ces étudiants débouchera-t-elle sur un usage de la place plus apaisé ? Pour nous, en tous cas, ces échanges, ces moments de fête paisibles ont constitué une grande respiration.
Auteur: Région Sud-Est
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