Pour l’avenir de Mayotte, l’Etat promet toujours plus d’inégalités
Alors que la colère gronde à Mayotte et que les revendications se font plus pressantes que ...
Depuis le 1er janvier 2014, Mayotte est devenu une région ultramarine périphérique de l’Union européenne (RUP). Ce nouveau statut impose à la France de modifier sa législation pour que le droit communautaire s’applique dans ce 101ème département.
Depuis le 1er janvier 2014, Mayotte est devenu une région ultramarine périphérique de l’Union européenne (RUP). Ce nouveau statut impose à la France de modifier sa législation pour que le droit communautaire s’applique dans ce 101ème département. Ce sont notamment les directives européennes sur l’asile et l’immigration qui doivent être transposées et applicables sans délai.
La France avait demandé des dérogations à la Commission européenne pour ajourner la transposition de plusieurs directives. Dans les domaines de la pêche et du traitement des eaux usées, les dérogations ont été accordées. Mais en ce qui concerne la politique d’asile et d’immigration, la Commission européenne a refusé à la France tout délai supplémentaire. Le souhait du gouvernement était encore une fois de faire perdurer le droit dérogatoire en invoquant l’« exception ultramarine » qui justifierait la possibilité de ne pas respecter les droits des personnes étrangères.
Aujourd’hui selon les informations de La Cimade, le projet semble se contenter de rapprocher les textes en vigueur à Mayotte du régime très défavorable réservé aux étrangers résident dans d’autres départements d’outre-mer. Cette évolution, si elle se confirme, constituerait certes un premier progrès timide pour les droits des étrangers de Mayotte.
Néanmoins, à l’instar de la Guyane et la Guadeloupe, les dérogations qui seraient appliquées à Mayotte, feraient ainsi perdurer des atteintes graves à des droits fondamentaux. Rappelons ainsi que la Cour européenne des droits de l’Homme a déjà condamné la France le 13 décembre 2012 pour ne pas garantir un recours effectif aux étrangers sous le coup d’une mesure d’expulsion, en l’occurrence en Guyane, et depuis rien n’a changé sur le terrain, les personnes sont toujours expulsées sans voir un juge.
Violation massive des droits fondamentaux
Les droits des personnes étrangères sont quotidiennement bafoués à Mayotte :
L’Europe protectrice
La « rupéisation » de Mayotte est en théorie une chose positive. Si le droit européen s’applique, les personnes étrangères doivent pouvoir bénéficier de tout le volet protecteur de sa législation. Mais les expériences guyanaise et guadeloupéenne nous ont démontré que la France n’est pas disposée à mettre fin au régime dérogatoire ultramarin. Le gouvernement agite le risque d’engorgement des tribunaux et d’invasion des migrants pour faire perdurer une situation où le politique prime sur le droit. Mais derrière cette stratégie menée par les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ce sont des hommes et des femmes qui souffrent.
La Cimade réitère sa demande de mettre fin au régime d’exception à Mayotte et en Outre-mer. Le droit commun, et désormais le droit européen, doit s’appliquer sur tous les territoires de la République.
Pour aller plus loin :
Le cahier spécial de Causes communes, Mayotte, la déchirure.
Auteur: Service communication