Pour l’avenir de Mayotte, l’Etat promet toujours plus d’inégalités
Alors que la colère gronde à Mayotte et que les revendications se font plus pressantes que ...
A Mayotte, ni la crise sanitaire, ni le confinement ne semblent arrêter le rythme infernal des reconduites à la frontière.
Alors même que le Préfet de Mayotte annonçait le 17 janvier la fermeture des lignes aériennes et maritimes en raison de la recrudescence inquiétante du virus et de l’importation de son variant Sars-CoV-2, les interpellations et les éloignements, eux, continuent de pleuvoir et avec eux, leurs lots d’atteinte aux droits.
Pas de doute possible, avec six bateaux par semaine à destination de l’île comorienne d’Anjouan, et pas moins de 300 reconduites entre le 20 et 23 janvier, la santé publique est encore une fois sacrifiée au prix de la politique du chiffre.
En quelques heures, des personnes sont éloignées sans avoir pu exercer leurs droits. Vendredi 29 janvier, deux jeunes, l’une née sur le territoire en démarches pour une procédure de nationalité et l’autre arrivé avant l’âge de 13ans pris en charge par l’ASE, qui tente depuis un an d’accéder à la préfecture, ont été interpellés et placés en rétention alors qu’ils se rendaient à La Cimade pour finaliser leurs dossiers. Tous deux étaient en possession des documents indiquant qu’ils ne peuvent faire l’objet d’une expulsion.
Mineur non-accompagné de quinze ans, personnes arrivées sur le territoire avant l’âge de treize ans, demandeur d’asile en attente d’une décision, parents d’enfants français, personne ne semble échapper à la machine infernale à expulser, pas même toutes ces personnes pourtant protégées par la loi contre une mesure d’éloignement.
Le tribunal administratif de Mayotte a condamné par trois fois – et ce pour le seul mois de janvier – le Préfet pour atteinte grave et manifestement illégale au droit au respect à la vie privée et familiale et violation du droit à un recours effectif et l’a enjoint à faire revenir sur le territoire les requérant.e.s éloigné.e.s illégalement.
Et que dire des conditions sanitaires qui règnent au sein du centre de rétention, alors même que l’OMS et les autorités administratives indépendantes (CNCDH, Défenseur des droits) recommandent depuis le début de la pandémie la fermeture des lieux privatifs de liberté tels que les centres de rétention administratives.
Pire, avec une capacité d’accueil de 136 places vite atteinte avec le renforcement des contrôles d’identité sur le territoire, le CRA de Pamandzi ne suffit plus. Chaque jour ou presque, sont créés par arrêtés préfectoraux des locaux de rétention administrative qui s’illustrent par leurs conditions indignes. et l’absence de tout aménagement comme le dénonçait déjà notre association à l’été dernier mais aussi une enquête de Street Press pour laquelle ces endroits indignes avaient pu être filmés.
Si la politique du chiffre reste la seule boussole des autorités, en refusant de fermer le CRA et de suspendre les expulsions, elles participent à la propagation du virus et la dégradation inquiétante de la situation sanitaire dans l’archipel alors qu’en pleine pandémie, l’île de Petite Terre vient de passer sous confinement.
Auteur: Région Outre-Mer