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Mayotte : le combat des étudiants « étrangers » pour leur carte de séjour continue à porter ses fruits

3 juin 2017

Face aux difficultés en préfecture pour obtenir des cartes de séjour, des étudiants étrangers se sont organisés en collectif pour défendre leurs droits. Après de longs mois de lutte collective, ils ont obtenus des avancées importantes pour le traitement de leurs dossiers. Retour sur cette problématique et sur leur action, qui ne fait que commencer.

(photo : manifestation du collectif devant la préfecture en septembre 2016)

La difficulté d’accès au service des cartes de séjour de la préfecture de Mayotte est une réalité bien connue. A l’image de l’ensemble des services publics de l’île, la patience est de mise. A la différence près que si l’attente dans un dispensaire comme celui de Jakaranda à Mamoudzou peut atteindre 8h avant d’avoir accès à un agent, en préfecture il faut souvent attendre… 8 mois ! Et cela sans compter le reste des démarches administratives qui font qu’une personne demandant un titre de séjour à Mayotte n’obtiendra une réponse définitive à sa requête que dans un délai moyen de 18 à 24 mois.

Ce délai d’accueil, couplé à de multiples autres barrières procédurales en préfecture, impacte négativement la situation administrative de nombreuses personnes dites étrangères à Mayotte, alors que nombre d’entre elles sont censées bénéficier de carte de séjour. »

Des centaines de jeunes bacheliers bloqués après le bac

Les lycéens et étudiants en sont particulièrement victime. Ainsi, tous les ans, on estime que 300 à 400 jeunes bacheliers de l’île sont bloqués pour la continuité de leurs études à cause de ces délais à rallonge, de manière temporaire souvent, ou définitive pour certains. Alors que pour nombre d’entre eux, ils sont à Mayotte depuis leur enfance et se sont battus pour atteindre ce niveau d’études en dépit d’une situation économique souvent très précaire, ils se retrouvent dans l’impossibilité de poursuivre normalement leur cursus.

Confrontée à de très nombreuses sollicitations de jeunes entre avril et juin 2016, La Cimade a décidé de réunir une vingtaine de jeunes concernés pour qu’ils se constituent en collectif avec comme objectif de faire avancer leur situation de manière collective. L’association leur offre des locaux pour les réunions, son matériel pour la rédaction de courriers et ses conseils juridiques, tout en insistant sur la liberté d’organisation et d’action du collectif, qui doit être indépendant dans ses prises de décision.

File d’attente devant la préfecture de Mayotte  © Lény Stora

 

Le 9 août 2016, le collectif s’adresse au Préfet par courrier afin de demander aux autorités d’ «accélérer le traitement des dossiers des étudiants étrangers vivant sur l’île et ainsi leur permettre de poursuivre leur formation jusqu’à son terme ».

Sans réponse de la Préfecture et avec une rentrée qui approche à grands pas, le collectif interpelle les autorités directement par voie de presse, le 17 août.

Toujours confronté au silence de la Préfecture, une manifestation est organisée le 31 août regroupant une trentaine de personnes. Le collectif rassemble alors une centaine de jeunes mais nombre sont ceux qui ont peur de manifester publiquement du fait de leur situation administrative. Cette forme de mobilisation portera néanmoins ses fruits car une délégation du collectif est reçue par le secrétaire général de la Préfecture. S’engage alors une discussion qui s’étale sur plusieurs réunions et qui aboutira en une première avancée : la Préfecture s’engage à accélérer le dossier des membres du collectif et à donner une réponse définitive à leur demande fin novembre au plus tard. La promesse n’est pas tenue dans son intégralité mais plusieurs étudiants obtiennent leur carte de séjour et la majorité se voient attribuer un récépissé. Il y a donc bien eu une accélération des demandes, en faisant remonter les dossiers en attente de réponse par les proviseurs de lycée directement. Les autorités font néanmoins comprendre au collectif que ce système est exceptionnel et n’est pas censé être institutionnalisé.

La Préfecture s’engage à faciliter les démarches administratives des étudiants étrangers

Au début de l’année 2017, les échanges entre la Préfecture et le collectif reprennent. Le collectif obtient en mars de la Préfecture que le protocole précédemment établi qui consiste à communiquer à la Préfecture les cas de demande de séjour en attente par le biais des proviseurs de lycée soit renouvelé. Ainsi, si ce protocole fonctionne, tous les élèves de terminale ayant une demande de séjour déposée en préfecture bénéficieraient d’une réponse avant la rentrée de septembre pour permettre à celles et ceux qui le souhaitent de poursuivre leurs études, que ce soit à Mayotte ou sur le reste du territoire français. C’est ainsi une avancée notable que le collectif a obtenu et qu’il faut maintenant concrétiser.

Cela reste pourtant une semi-victoire car ce procédé ne concerne pas les élèves de BEP et de CAP… le combat continue donc pour le collectif des étudiants étrangers de Mayotte ! Mais un grand bravo à eux pour le chemin déjà effectué.

Auteur: Région Outre-Mer

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