Malgré l’heure matinale et malgré la pluie, ils étaient une trentaine à se masser hier devant la grille de la préfecture, où une délégation de soutien à la famille Kuka était reçue hier à 8 heures.
Le couple albanais, Arieta et Aleksander, ainsi que leurs deux enfants, Anissa et Arselio, ont été arrêtés mercredi matin par la police aux frontières (PAF) de Billère. L’interpellation de cette famille installée depuis décembre 2005 à Pau a suscité un vif émoi de la part de nombreux élus et associations de l’agglomération (lire ci-contre).
Hier matin, une délégation de cinq personnes a été reçue en préfecture : Jean-Jacques Le Masson, du Réseau éducation sans frontières (RESF) ; les deux élus qui ont pris Anissa et Arselio sous leur aile à l’occasion d’un parrainage républicain : Christian Laine, maire de Lescar, et Hélène Lerou-Pourquié, adjointe à la culture de Pau ; Jean-Yves Lalanne, maire de Billère ; et sœur Marie-Antoinette Mendy, de la pastorale des migrants.
« Nous avons été reçus par la chef de bureau du cabinet, Nicole Rachou, à quoi nous avons dit notre surprise et notre colère que cette arrestation coïncide avec l’arrivée du nouveau préfet », raconte Jean-Jacques Le Masson.
Celui-ci, tout comme Olivier Dartigolles du Parti communiste français (PCF), note que la famille Kuka répond positivement à tous les critères listés par Nicolas Sarkozy en matière d’immigration choisie : intégration, maîtrise du français, respect des valeurs républicaines, perspective concrète d’emploi dans un secteur « en tension » (en l’espèce, le BTP). Les soutiens des Kuka préparent d’ailleurs un dossier dans le sens d’une régularisation par le travail.
En attendant, les Kuka sont placés au centre de rétention d’Hendaye, « qu’Arselio et Anissa leurs enfants ont le redoutable honneur d’inaugurer en tant qu’enfants », note Jean-Jacques Le Masson.Une échéance importante attend les Albanais aujourd’hui : leur comparution devant le juge des libertés et de la détention du tribunal de grande instance de Bayonne, à 14 heures. Celui-ci décidera de leur maintien ou non en rétention.
À Hendaye hier, Aleksander Kuka a reçu la visite de son frère Léonard. Lui aussi vit en France, en Rhône-Alpes. Avec une différence : l’Ofpra lui a accordé le statut de réfugié. « Au départ, je suis parti d’Albanie, parce que j’avais des »problèmes ». Mais à cause du Kanun, la vendetta albanaise, c’est à présent mon frère qui est menacé s’il rentre. Et les enfants, eux, ne parlent même pas albanais » a-t-il précisé.Article de Gwenaël Badets publié le 18/07/08