Local de rétention de Rouillé : conférence-débat le 18 janvier
Fin 2024 a été annoncé la création d’un local de rétention à Rouillé début de 2025. Entre ...
La Cimade intervient dans 8 centres de rétention afin d’y assurer un accompagnement humain des personnes enfermées et de les aider dans l’exercice de leurs droits. Elle offre également une aide à des personnes qui font l’objet d’assignation à résidence et des mesures d’expulsion expéditives.
Appelé pudiquement par les pouvoirs publics « éloignement », l’expulsion occupe une place grandissante dans le parcours migratoire des personnes étrangères qui subissent un contrôle policier de plus en plus coercitif, et des privations de liberté telles que l’assignation à résidence ou l’enfermement en centre de rétention. La Cimade défend les droits des personnes confrontées à ces mesures administratives.
Chaque année, près de 50 000 personnes sont enfermées dans des centres ou des locaux de rétention administrative (CRA ou LRA), pour moitié dans les départements d’outre-mer. Ces prisons qui ne disent pas leur nom totalisent plus de 2 000 places réparties dans 24 CRA et 26 LRA.
La Cimade intervient depuis 1984 dans ces lieux, derrière les barbelés, pour aider les personnes qui y sont enfermées à exercer leurs droits, mais aussi pour témoigner de ce qu’elles y vivent, faire connaître ces lieux invisibles, et demander leur fermeture.
Aujourd’hui, La Cimade est présente dans les CRA du Mesnil-Amelot, de Rennes, de Bordeaux, de Toulouse, d’Hendaye, de Guyane, de Guadeloupe et de la Réunion. L’accompagnement consiste d’abord à apporter un soutien et une écoute aux personnes, et à leur offrir une assistance juridique afin qu’elles puissent exercer des recours.
La politique française a constamment évolué ces dernières décennies vers un recours de plus en plus systématique et étendu à la rétention administrative, avec des obstacles toujours plus importants pour accéder à des juges, de façon encore plus marquée en outre-mer qu’en métropole en raison d’un régime dérogatoire très défavorable.
Des enfants sont enfermés en centre de rétention, malgré six condamnations de la France par la Cour européenne des droits de l’homme (signer ici la pétition). Des personnes qui fuient des pays connaissant de graves conflits comme le Soudan, l’Irak ou l’Afghanistan risquent l’expulsion (signer ici la pétition). Les renvois de demandeurs d’asile en application du règlement Dublin vers un autre pays européen que celui où elles souhaitaient demander l’asile se multiplient (signer ici la pétition). Enfin, des personnes gravement malades sont éloignées.
Assignation à résidence
Les politiques actuelles d’expulsion développent d’autres méthodes que la rétention administrative. Il s’agit principalement des mesures administratives d’assignation à résidence d’une durée allant de 45 jours à plusieurs mois. Loin de constituer des alternatives à la rétention comme on peut l’entendre, elles sont un outil supplémentaire à disposition des préfets pour expulser plus et bien souvent dans l’ombre. Ces méthodes tendent à invisibiliser les personnes qui se trouvent isolées et dans l’incapacité de faire valoir leurs droits face à des décisions contre lesquelles le délai de recours est de 48 heures seulement. La loi autorise désormais dans certaines conditions l’interpellation des personnes assignées au sein de leur propre domicile. Cette disposition particulièrement attentatoire aux libertés individuelles renforce la précarité des personnes les contraignant pour certaines à demeurer complètement cachées plutôt que d’entrer dans des dispositifs de prise en charge au sein d’établissements sociaux d’hébergement.
Contrôle et hébergement
De nouvelles formes d’hébergement spécialisées pour les personnes migrantes ont été créées (CAO, CHUM, PRADHA, etc.) depuis 2015. Au-delà de leurs fonctions premières d’accueil, certains de ces centres tendent à être utilisés comme des outils de tri et de contrôle administratif et policier des personnes migrantes, conduisant à un véritable dévoiement du droit à l’hébergement à des fins d’expulsion. Certains centres dédiés au renvoi des personnes (centres de retour ou d’assignation à résidence) ont émergé et ont malheureusement vocation à se généraliser en France.
Expulsion et bannissement
On assiste également à une multiplication de mesures de bannissement (interdiction de retour ou de circuler sur le territoire français et européen). Ces mesures accroissent la précarité administrative des personnes en les bloquant pendant plusieurs années dans leurs démarches de régularisation, quelle que soit l’évolution de leur situation personnelle et familiale.
L’ensemble de ces nouveaux dispositifs font émerger des besoins auxquels La Cimade répond par de nouvelles formes d’accompagnement des personnes menacées d’expulsion :
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La Cimade demande :
Dans un premier temps : rendre exceptionnel le placement en rétention administrative et fermer les locaux de rétention (LRA), permettre un contrôle effectif des lieux d’enfermement par des organisations de défense des droits humains.
Connaitre ses droits :
Publications :
En Île-de-France, des bénévoles accompagnent spécifiquement des personnes étrangères menacées d’expulsion depuis près de dix ans :
Deux permanences téléphoniques dédiées à l’accompagnement des personnes menacées d’expulsion (lundi et mardi de 14h30 à 17h30) : information sur les droits et démarches relatives à leur situation, prise de rendez-vous pour les permanences physiques. Près de 2000 interventions ont déjà été assurées par une équipe de 4 bénévoles en 2016.
Deux permanences physiques dédiées à l’accompagnement des personnes menacées d’expulsion (Paris Batignolles et Montreuil) : information des personnes étrangères des démarches et des modalités de requêtes devant l’administration ou les juridictions, aide à la constitution du dossier pour le recours, demande d’aide juridictionnelle et liaison avec les avocats. Près de 420 personnes accompagnées en 2016 par une équipe de 18 bénévoles.
L’Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE), dont La Cimade est un membre fondateur, permet :
Migreurop : La Cimade participe à la gouvernance de ce réseau européen et africain de militants et chercheurs dont l’objectif est de faire connaître et de lutter contre la généralisation de l’enfermement des étrangers et la multiplication des camps, dispositif au cœur de la politique d’externalisation de l’Union européenne. Plus spécifiquement, des militants de La Cimade participent au groupe Open Access Now qui mène campagne pour dénoncer le principe de la privation de liberté des personnes étrangères dans l’espace euro-méditerranéen, et au travail de cartographie des camps.
L’Observatoire pour le droit à la santé des étrangers (ODSE) réunit différents acteurs associatifs afin de défendre les droits sociaux et au séjour des personnes étrangères. Ainsi, une activité de communication et de sensibilisation forte y est notamment menée pour dénoncer le défaut de protection des étrangers malades visés par une expulsion, cette finalité primant trop souvent sur le droit à la santé.
Migrants outre-mer (MOM) : Ce réseau constitue une plateforme d’échange d’informations entre les acteurs de la défense des droits des étrangers ultramarins ainsi qu’un centre de ressources documentaires important sur la thématique.