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Porteur de parole : une performance de la Cimade très réussie

4 décembre 2024

A Marseille samedi 30 novembre, des « porteurs de parole » ont interpellé les passants, qui à leur tour ont donné leurs mots. Une très belle expérience qui démontre l’importance d’une expression autre dans l’espace public.

Un dispositif qui a interpellé les passants

Une banderole de 2.50 m collée sur un mur, des mots inconnus fixés sur des cordes avec des pinces à linge. Des passants interpellés pour les inciter à lire et leur demander leurs réactions. Leurs paroles écrites sur une autre banderole.

Il s’agissait d’une performance mise en place par l’équipe Sensibilisation de la Cimade Marseille, dans le cadre du festival Migrant’scène 2024. Le but était de proposer un espace de parole, en plein Centre Ville, pour interroger et réagir aux politiques xénophobes actuelles.

Le Bureau des Mots, monté et animé par Jeanne Hénin et Titiane Haton, s’est installé dans les locaux de la Cimade pour recueillir les témoignages des adhérents et des personnes accueillies. Des mots ont été créés par les participants, des mots correspondant à des actions, des ressentis concernant l’exil, ceux même qui ont été affichés samedi après-midi à la Plaine.

 

Paroles des passants : verbatim

Difficile de dire combien de personnes se sont arrêtées pour lire ou pour discuter devant les banderoles, plus d’une centaine en tout cas !

Les passants ont réagi tant sur la question « Sommes-nous tous des étrangers sur cette Terre ? » que sur les mots nouveaux proposés par le Bureau des mots.  Ils ont manifesté un grand intérêt, certains ont consacré beaucoup de temps à la réflexion proposée.

Visiblement, en cette actualité chargée d’hostilité envers les étrangers,  le répit et la réflexion calmes proposés étaient les bienvenus. Les animateurs n’ont noté aucune réaction d’incompréhension ou de rejet.

Nous restituons telles quelles quelques réactions :

  • « C’est le regard des autres, qui fait de toi un étranger. « Anonyme
  • « On est propriétaire de cette belle Terre, mais cela induit qu’elle n’appartient à personne. Nous sommes un collectif et c’est ce qu’on appelle l’Humanité. « Anonyme
  • « J’ai accueilli Léo, un jeune brésilien. Il a fallu se battre au tribunal pour qu’il puisse rester ». Lou*
  • « Nous sommes tous l’étranger de quelqu’un, il faut aller à la rencontre des autres, il faut migrunir ! » Elise
  • « Quand tu es blanc de peau, tu te sens partout chez toi. » Christine
  • « Des étrangers, je ne sais pas, mais des passagers, c’est sûr. » Paul
  • « Quand on se met à parler d’étrangers, c’est qu’un repli vers l’individualisme est en cours. » Anonyme
  • « La création d’un « nous » nécessite toujours la création d’un « autre » ». Anonyme
  • « Il y a toujours beaucoup de racisme. C’est de pire en pire. » Andrej, polonais
  • « Ça pourrait m’arriver. » Thibaut
  • « On appartient tous à la Terre, quand c’est notre heure, on sera tous dans la terre ». Anonyme

* Les noms ont été changés

Le bureau des mots

Le Bureau des Mots est une collaboration entre Jeanne Hénin et Titiane Haton, qui, depuis 2022, voyagent à travers la France pour rencontrer citoyens, chercheurs, artistes, et bientôt des enfants. Ce projet est une adaptation francophone d’une création originale de Heidi Quante et Alicia Escott. L’objectif : susciter le dialogue autour de thèmes partagés, souvent invisibles ou tus, en interpellant directement les passant·e·s dans l’espace public.

 

Auteur: Région Sud-Est

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