Réaffirmons notre rôle de vigie, défendons nos libertés
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« Ils brûlent toutes les tentes une à une, on est dans le désert, on voit les tentes qui brûlent et on a peur », nous a déclaré par téléphone hier soir un réfugié du camp de la Chucha à la frontière tuniso-libyenne. « Toute la journée il y a eu des agressions et des pillages, on ne sait pas s’il y a eu des morts, mais il y a des blessés. Des hommes sont armés de couteaux et de machettes ». Les témoignages des réfugiés du camp de la Chucha qui nous ont alertés ce mardi 24 mai par téléphone sont tragiques et désespérés.
« Ils brûlent toutes les tentes une à une, on est dans le désert, on voit les tentes qui brûlent et on a peur », nous a déclaré par téléphone hier soir un réfugié du camp de la Chucha à la frontière tuniso-libyenne. « Toute la journée il y a eu des agressions et des pillages, on ne sait pas s’il y a eu des morts, mais il y a des blessés. Des hommes sont armés de couteaux et de machettes ». Les témoignages des réfugiés du camp de la Chucha qui nous ont alertés ce mardi 24 mai par téléphone sont tragiques et désespérés.
Dans ce camp où La Cimade a mené, conjointement avec le Gadem (Groupe d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants), une mission d’observation en avril (lien vers le rapport), des milliers d’hommes et de femmes sont bloqués depuis des semaines. La majorité d’entre eux sont Érythréens, Ivoiriens, Somaliens, et contrairement aux dizaines des milliers d’autres migrants fuyant la Libye, ils ne peuvent pas être rapatriés chez eux.
Un incendie dans la nuit de samedi à dimanche, causant la mort de quatre Érythréens, a provoqué un vent de panique et de révolte au sein des communautés d’exilés, d’autant que des rumeurs laissaient entendre la possibilité d’un incendie criminel provoqué par des conflits entre réfugiés pro et anti-Khadafi.
Pour protester contre l’attente dans des conditions déplorables, devenues insupportables avec l’insécurité, et pour demander leur évacuation, la grande majorité des réfugiés du camp a décidé d’occuper l’unique route qui mène de la frontière libyenne à la petite ville tunisienne de Ben Guerdane, touchée de plein fouet par l’arrêt du commerce avec la Libye, rare source de revenus de cette région isolée. En avril, lors de notre mission, nous avions déjà constaté des tensions, suscitées par des groupes de contrebandiers qui vivaient du commerce informel et ne cachant pas leur hostilité aux militants anti-Kadhafi et aux réfugiés qui ont fui son régime.
Mardi les tensions étaient à leur apogée, entre certaines communautés mais surtout avec des groupes de Tunisiens, dont certains apparemment en possession d’armes blanches, venus pour tenter de déloger de la route les réfugiés. Face à ces attaques, des affrontements ont éclaté et les tentes incendiées. Nos correspondants parlent de nombreux blessés et certaines sources rapportent trois morts.
L’armée tunisienne, visiblement débordée, a tenté de s’interposer, en usant de gaz lacrymogène pour disperser la foule, et en soirée a fourni un peu d’eau et des biscuits aux réfugiés. Le personnel humanitaire et notamment le HCR a quitté les lieux, un des responsables face à des rumeurs de prise d’otage, déclarait à la presse hier « notre personnel est sain et sauf, d’autant que nous ne sommes pas sur les lieux en raison de l’insécurité dans le camp » (AP, 24/05/2011).
« Nous sommes seuls, faites quelque chose, on n’en peut plus », nous alarmaient hier soir par téléphone des réfugiés du camp de la Chucha, à la frontière tuniso-libyenne.
La Tunisie a accueilli depuis le mois de février plus de 380.000 exilés de Libye, la plupart au camp de la Chucha à quelques kilomètres de la frontière. Quelques 3000 personnes sont présentes dans ce camp depuis des semaines, voire des mois et leur inquiétude sur leur devenir s’est transformée hier en cauchemar. 3000 personnes dont on sait depuis des semaines, contrairement aux dizaines de milliers d’autres qui ont pu rentrer chez elles, qu’un retour au pays n’est pas possible (Somaliens, Érythréens, Ivoiriens, Soudanais etc.). Les quelques milliers de réinstallation demandées depuis le mois de mars par le HCR à la communauté internationale et qui représentent si peu pour un espace de 27 États qu’est l’Union européenne, auraient probablement pu éviter ces drames.
Pour l’heure, l’Union européenne n’a accueilli, entre l’Italie et Malte, que 1,5% des exilés de Libye et continue, face à la Tunisie confrontée à de multiples défis, de crier, avec une indécence effarante, à l’« invasion » sur les côtes italiennes. Sans aucun doute, la Tunisie avait besoin d’un autre soutien.
Auteur: Service communication
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