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Charters Awards 2024 – 40 ans d’enfermement révoltant dans les CRA ! La cérémonie qui récompense les préfectures pour leurs pratiques illégales et abusives d’enfermement et d’expulsion

28 novembre 2024

Cette année est marquée par un triste anniversaire, les 40 ans des centres de rétention administrative. A cette occasion, La Cimade a organisé la 2ème édition de la cérémonie des Charter Awards afin de décerner des prix aux préfectures qui se sont illustrées par des pratiques abusives et illégales en matière d’enfermement et d’expulsion de personnes migrantes.

A l’occasion des 40 ans de la création des centres et locaux de rétention administrative (CRA et LRA), La Cimade a organisé hier soir la 2ème édition de la cérémonie des Charter Awards (la 1ère s’était tenue en 2026), au Point Ephémère dans le 10ème arrondissement de Paris. Guillaume Meurice en était le maître de cérémonie.

Basée sur l’humour et une mise en scène théâtrale, l’objectif de cette cérémonie n’en est pas moins sérieux. La Cimade souhaite mettre en lumière les pratiques abusives et illégales des préfectures et dénoncer l’enfermement administratif des personnes migrantes. Par cet événement, La Cimade entend également réaffirmer son intention de défendre les personnes étrangères, dénoncer les politiques migratoires d’enfermement et d’expulsion et continuer son rôle de contre-pouvoir, représentant de la société civile et garant de l’Etat de droit.

Lors de cette cérémonie, neuf distinctions ont été décernées. Ainsi, la préfecture de l’Essonne a gagné le prix Sans foi ni loi pour avoir multiplié les expulsions en violation d’une décision de justice ou d’un droit fondamental garanti par la loi (droit d’asile, droit au recours effectif et à accéder à un tribunal). La préfecture de Mayotte a quant à elle été distinguée du prix Petits bagnards pour l’enfermement de milliers d’enfants.

Parmi ces prix, sept avaient été remis en région (Bordeaux, Toulouse, Béziers, etc.) en amont de la cérémonie nationale, par des salarié.e.s et bénévoles de l’association qui œuvrent à la défense des droits des personnes étrangères toute l’année sur ces territoires.

Les projets d’extension ou de création de nouveaux lieux d’enfermement administratif, l’augmentation de la durée de la rétention, les injonctions à la « fermeté » adressées aux préfectures, l’obsession de la délivrance des OQTF hors de tout discernement, alimentent encore et toujours une machine à enfermer les personnes étrangères violente et inefficace ; et ce au mépris des libertés les plus fondamentales telles que le droit à la santé, à la dignité, au respect de la vie privée ou encore à ne pas subir de traitements inhumains et dégradants.

La Cimade réaffirme sa détermination à poursuivre le combat qui est le sien depuis 40 ans et qui le restera. A travers son action dans les CRA, elle entend continuer à défendre les droits des personnes enfermées ; à revendiquer la fermeture des locaux et centres de rétention administrative, appeler à la fin de cette politique d’enfermement et d’expulsion au profit d’une politique d’accueil et de solidarité ; à user de sa liberté de témoignage et d’expression pour exercer son rôle de vigie démocratique.

 

Les prix décernés

Prix But contre son camp, décerné à Bordeaux à la préfecture de la Gironde pour avoir enfermé et tenté d’expulser des Français.

Prix Hippocrate, remis à Toulouse à la préfecture de l’Hérault, pour s’être illustrée dans ses pratiques illégales et abusives en matière d’enfermement de personnes étrangères gravement malades.

Prix Allô, police secours, décerné à Paris à la préfecture de l’Essonne, pour l’enfermement d’une femme victime de violences qui sollicitait l’aide de la police.

Prix Esprit de famille, attribué à Clermont-Ferrand, à la préfecture du Puy-de-Dôme, pour avoir séparé des familles en enfermant en CRA des parents dont les enfants résident en France.

Prix Petits bagnards décerné à Paris à la préfecture de Mayotte, pour avoir enfermé plus de 55 000 enfants en 20 ans.

Prix Performance, remis à Cayenne à la préfecture de Guyane, pour toutes les personnes expulsées en moins de 48 heures sans avoir pu accéder à leurs droits.

Prix Quoi qu’il en coûte, remis à Pointe-à-Pitre à la préfecture de Guadeloupe, pour l’enfermement effréné et l’expulsion de personnes haïtiennes malgré la situation dramatique en Haïti.

Prix Sans foi ni loi, décerné à Nantes à la préfecture de l’Essonne, pour avoir pour avoir expulsé illégalement et impunément au moins 7 personnes cette année.

Prix CRAvaux en cours remis à Béziers à la préfecture de l’Hérault, pour la construction d’un nouveau CRA de 140 places, budget de 37 millions d’euros annoncé pour la construction, ouverture prévue en 2027.

 

Un peu d’histoire

Le 5 avril 1984, le Premier ministre décidait de la création des centres et locaux de rétention administrative (CRA et LRA), pour enfermer les personnes étrangères considérées comme indésirables par l’Etat français en vue de leur expulsion forcée hors du territoire. Ainsi, depuis 40 ans, les préfectures privent de liberté et expulsent des personnes migrantes au seul motif qu’elles n’ont pas de droit au séjour en France. Depuis 40 ans, La Cimade intervient dans les centres de rétention administrative pour apporter une aide juridique à ces personnes, défendre les libertés fondamentales, témoigner et dénoncer ce qu’il s’y passe.

Auteur: Service communication

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