AGEN – CONFÉRENCE – EXTRÊMES DROITES, UNE IDÉOLOGIE A DECONSTRUIRE
Annoncé mi-juillet, un collectif rassemblant une douzaine d’associations lot-et-garonnaises a ...
Tribune collective publiée sur le site Le Monde le 24 novembre 2022 : Le 24 novembre 2021, 27 personnes sont mortes noyées dans La Manche, quatre sont toujours portées disparues. Toutes ces personnes avaient en commun l’espoir de construire une vie meilleure au Royaume-Uni. Un an après, les drames se poursuivent à cause de politiques migratoires dangereuses et déshumanisantes.
Le 24 novembre 2021, aux environs de 14h, un navire de pêche aperçoit des dizaines de corps flotter dans les eaux glacées de la Manche. Un à un, les corps sont repêchés sans vie. Au moins 27 personnes sont mortes noyées, quatre sont toujours portées disparues et deux ont survécu. Il y a un an est survenu l’accident le plus meurtrier à la frontière franco-britannique depuis que les corps sans vie de 39 personnes exilées vietnamiennes avaient été retrouvées dans un camion en 2019.
Kazhal, Hadiya, Maryam et tous les autres avaient quitté les côtes françaises sur une embarcation pneumatique la veille autour de 22h. Fuyant les conflits et la misère, toutes et tous avaient l’espoir d’atteindre l’Angleterre sains et saufs. Certains pour y retrouver leur famille, leur fiancé, d’autres pour fuir les conditions d’accueil en Europe et beaucoup pour espérer y travailler afin de soutenir leur famille restée au pays. Face à l’impossibilité d’une traversée sûre, Mhabad, Rezhwan, Mohammed et les autres se sont tournés vers les réseaux de passage.
Aux alentours de 2h du matin, dans la nuit noire, l’embarcation commence à prendre l’eau. Les enregistrements des appels aux secours français, révélés par Le Monde le 13 novembre 2022, font froid dans le dos. Ils prouvent que de nombreux appels de détresse ont été reçus par les services de secours français et traités avec mépris. Des appels ont aussi été passés aux secours britanniques. Ces appels n’ont pas conduit au sauvetage de cette embarcation, ni de la part des Français, ni de celle des Britanniques.
Ces personnes sont mortes noyées dans une eau glacée.
On s’est tous tenus les mains jusqu’au bout.
Mohammed, un rescapé.
Pshtiwan, Shakar, Fikiru et les autres venaient d’Afghanistan, d’Erythrée, d’Ethiopie, d’Irak, d’Iran, d’Égypte, de Somalie ou du Vietnam. Ces personnes avaient traversé des montagnes, des déserts, des mers, enduré la violence, la soif et la faim, elles avaient parcouru entre 3 000 et 10 000 km pendant des mois ou des années pour en arriver là, sur le littoral français, sous une tente, à 33 km de leur objectif. Twana, Mubin et les autres avaient entre 6 et 59 ans, et avaient quitté leurs parents, leurs sœurs, leurs frères et leurs amis pour en arriver là.
Les réactions politiques s’enchaînent : « La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière », lance Emmanuel Macron au lendemain du naufrage. Il est trop tard.
Le 28 novembre, 4 ministres de l’Intérieur européens se réunissent en urgence à Calais à la demande de Gérald Darmanin pour, selon lui, « une réunion consacrée à la lutte contre l’immigration clandestine et les réseaux de passeurs ».
Depuis ce jour-là, il y a eu 1 712 expulsions de campements sur le littoral Nord, des centaines de tentes confisquées, plusieurs milliers de policiers et gendarmes mobilisés, un avion de Frontex déployé, pour dissuader et éloigner. Depuis ce jour-là, des tranchées ont été creusées, des arbres coupés et des centaines de rochers ont été disséminés pour éviter l’installation de campements et entraver le travail des associations.
Ce sont des milliers de personnes qui se lancent dans des embarcations précaires et autant qui ont dû survivre dans les campements informels du littoral français, sans eau, sans électricité, sans droits. Depuis ce jour-là, plus de 7 200 personnes ont été secourues en mer, selon la préfecture maritime, puis, pour la grande majorité, abandonnées sur les côtes françaises, trempées et traumatisées, au moins 18 personnes sont décédées à la frontière, dont six personnes mortes noyées et une qui se serait suicidée.
Comme l’indique le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les migrations de 2021, 85% du budget de l’État à la frontière franco-britannique en 2020 était alloué à la répression des personnes en situation de migration. Soit 100 millions d’euros utilisés pour expulser, empêcher, harceler.
Le nouvel accord franco-britannique, signé le 14 novembre dernier, ne fait qu’entériner cette logique sécuritaire. En allouant toujours plus de moyens aux services de police, les autorités britanniques et françaises poursuivent leur volonté de faire de cet espace frontalier un environnement foncièrement hostile aux personnes exilées. Or, contrairement aux aspirations du premier ministre britannique, Rishi Sunak, cette frontière ne deviendra jamais impraticable (“unviable”). La multiplication des obstacles au franchissement de cette frontière, via des barrières, de la vidéosurveillance ou des patrouilles de police, ne fait qu’augmenter les risques pris par les personnes exilées pour tenter de passer. Cela contribue aussi au renforcement de l’emprise des réseaux de passeurs, devenus indispensables au franchissement de cette frontière.
Après les milliers d’articles à travers le monde, les heures de conférences de presse et de plateaux télévisés à pointer les conséquences des réseaux de passage sans jamais en évoquer les causes, le monde a aujourd’hui détourné son regard de ce naufrage, laissant inlassablement la situation perdurer.
Pour nous, associations françaises, belges et britanniques, collectifs et chercheurs et chercheuses, au nom du droit et de nos valeurs, il est impensable de laisser continuer cette situation sans rien faire.
Tous les moyens nécessaires doivent être mis en œuvre afin d’ouvrir des voies de passages sûres à celles et ceux qui le souhaitent et d’accueillir dignement l’ensemble des personnes présentes sur le territoire français et britannique.
En mémoire de ces 31 femmes, hommes et enfants, et des 325 autres personnes ayant perdu la vie à cette frontière depuis 1999, les gouvernements français et britanniques se doivent d’ouvrir les yeux et reconnaître leur responsabilité. Leur entêtement à ignorer et négliger les droits humains des personnes exilées à leurs frontières a conduit à ces drames et en entraînera d’autres. Les Etats doivent mettre fin à une crise humanitaire et politique dont ils sont responsables. Les familles des victimes et la société civile demandent à ce que lumière et justice soient faites sur le naufrage du 24 novembre 2021.
Une tribune publiée sur le site Le Monde.
AALTONEN Carina, Présidente Emmaüs Europe / ATOHOUN Patrick, Président Emmaüs International / BAUDOUIN Patrick, Président LDH (Ligue des droits de l’Homme) / BAUER Amber, CEO for Refugees / BJÖRN Sam, Porte-parole Lesbians and Gays Support the Migrants / BUKHARI DE PONTUAL Sylvie, Présidente CCFD-Terre Solidaire / CARREY-CONTE Fanélie, Secrétaire générale La Cimade / CROMBE Xavier, Chef de mission Médecins Sans Frontières, mission France / DELHOPITAL Nicolas, Directeur Famille France-Humanité / DEVISE Véronique, Présidente Secours catholique Caritas France / DUFLOT Cécile, Directrice Générale Oxfam France / FABIE Marie-charlotte, Directrice Safe Passage France / GOMES William Director The William Gomes Podcast / GUYON Félix, Délégué Général THOT / HASAN Zehrah, Advocacy Director Joint Council for the Welfare of Immigrants / HASENSON-GROSS Mia, Executive-Director René Cassin, the Jewish voice for human rights / HELLER Charles, Co-président Migreurop / LAMBERT Jean-Jacques Président Réseau Chrétien – Immigrés / LEJEUNE Julie Directeur NANSEN / MAGGS Joseph Coordinator / SOAS Detainee Support / MAGGS Joseph, Trustee Institute of Race Relations (IRR) / MANZI Yann Délégué, général Utopia 56 / MERESSE Céline présidente CRID / NAOR HILTON Tim, CEO Refugee Action / RAMADAN Nazek, Executive Director Migrant Voice / RIGAL Florence, Présidente Médecins du Monde France / RIOS ARMAS Camila, Fondatrice et directrice UniR (Universités & Réfugié.e.s) / ROCHICCIOLI Vanina, Co-présidente GISTI / SAMOUILLER Jean-Claude, Président Amnesty International France / SCEATS Sonya, Chief Executive Freedom from Torture / SCHONFILED Amos, Director Our Second Home / SEFF Nathalie Déléguée générale Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT-France) / SUEUR Antoine, Président Emmaüs France / TYLER Simon, Executive Director Doctors of the World / Médecins du Monde UK / VALDEZ Symonds, Steve Refugee and Migrant Rights Director Amnesty International UK / VANDERSTAPPEN Cécile, Responsable du plaidoyer et de la recherche sur la Justice Migratoire CNCD-11.11.11 / VEISSE Arnaud, Directeur général / COMEDEVISWANATHAN Annie Director Bail for Immigration Detainees / WEBB Naomi, Executive Director Good Chance Theatre / WIELTSCHNIG Peter, Policy & Networks Officer Focus on Labour Exploitation / WILSON Roger, Trustee Hope and Aid Direct
Associations et collectifs locaux (France, Royaume-Uni)
ALONSO Isabel, Coordinatrice Collective Aid / CARO Philippe, Bénévole Solidarité migrants Wilson / CARTWRIGHT James, Chair Carlisle Refugee Action Group / CLARK Angus, CEO Herts for Refugees / CLAVERIE Cathy, Présidente Dom’Asile / DESHEULLES Carole, Collectif Pantin Solidaire / DUPOURQUE Philippe, Président Groupe accueil et solidarité (GAS) / GELOT Pierre Antoine, AssociationL’Auberge des Migrants / GILBERT Thomas, Director/ FounderRoots / GODINO Christanghelo Immigration Campaigns Officer Kanlungan Filipino Consortium / JONES Amanda, CEO Shropshire Supports Refugees / MCDOWELL Denise, Chief Executive Greater Manchester Immigration Aid Unit (GMIAU) / NEEDHAM Liz, Chair of Trustees St Albans for Refugees / NEWMAN Steve, Chair FODI (Sunderland, UK) / PASZKIEWICZ Natalia, Project Lead Da’aro Youth Project / PATOUX Dany, Co-président·esOsmose 62 / PERLIN Nathalie, administratrice Terre d’errance (Norrent Fontes) / ROUSSEAU Michel, Co-présidentTous Migrants / TIMBERLAKE Frances, Co-présidente Refugee Women’s Centre / THOMSON Felix Calais Appeal / TRIGEASSOU Sandrine, Présidente Cuisine Sans Frontières / WALSTON Catharine, Executive Chair Cambridge Convoy Refugee Action Group / Association Calais Food Collective Projet Human Rights Observers
Chercheuses, chercheurs, autrices, auteurs
AGIER Michel Anthropologue, directeur d’études / EHESSAMILHAT SZARY Szary Anne-Laure Géographe, professeure Université Grenoble Alpes / BLANCHARD Emmanuel enseignant-chercheur Migreurop / CANTAT Céline sociologue Sciences Po Paris / CLOCHARD Olivier Chercheur CNRS (Migrinter), Migreurop / COSNAY Marie auteure / DA LAGE Emilie Enseignante-Chercheuse Université de Lille / DEL BIAGGIO Cristina géographe Université Grenoble Alpes / FASSIN Didier Professeur Collège de France, Institute for Advanced Study / FASSIN Ericsociologue, enseignant-chercheur Université Paris 8 / FREEDMAN Jane Chercheuse Université Paris 8GIRR Katjare searcher Universität Bonn / HARCHI Kaoutar Écrivaine, sociologue Haute école de travail social, Geneve / JENNI Alexis Ecrivain / MAKAREMI Chowra Chercheuse, anthropologue CNRS / MEISTER Sofia Doctorante EHESS / MORICE Alain chercheur Migreurop / SPIRE AlexisChercheur / CNRSTYSZLER Elsa sociologue, chercheuse CNRS / Migreurop
Auteur: Service communication
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