PAU : LA CIMADE ET SES PARTENAIRES DENONCENT LES CONDITIONS D’ACCUEIL INDIGNES DES PERSONNES EN DEMANDE D’ASILE
LES PRAHDA (programmes régionaux d'accueil et d'hébergement des demandeurs d'asile) font partie ...
Sur le terrain, les militant.e.s de La Cimade accompagnent quotidiennement les personnes en exil qui sont les témoins directs des conséquences des politiques migratoires de l’Union européenne (UE) et de ses Etats membres. Alors que la France a pris la présidence du Conseil de l’UE pour les six prochains mois, La Cimade s’adresse au président de la République Emmanuel Macron ainsi qu’aux membres du gouvernement, pour porter 10 propositions en faveur d’une Europe solidaire et protectrice des droits humains.
Partout en Europe, des personnes exilées, des collectivités et acteurs locaux, une société civile diverse et inventive agissent quotidiennement pour faire vivre des modèles de solidarité avec les personnes exilées et construire un accueil digne. Ces innombrables initiatives sont la preuve de la volonté et de la capacité de nos sociétés à créer et à faire vivre d’autres possibles pour construire une Europe respectueuse des droits fondamentaux.
Tandis que ces manifestations de solidarité se multiplient, les États de l’UE se déchargent de plus en plus de leurs responsabilités. Face aux mouvements xénophobes et populistes qui alimentent les peurs, les gouvernements invoquent une « perméabilité du territoire européen » face à un prétendu « risque migratoire » et dissimulent ainsi leur incapacité à œuvrer pour une Europe protectrice et solidaire. Le pacte sur les migrations et l’asile, en cours de négociations au sein des instances de l’UE, s’inscrit dans la continuité des logiques déjà largement éprouvées, fondées sur une approche répressive et sécuritaire au service de l’endiguement des migrations et de l’encouragement des expulsions, solutions qui ont prouvé leur inefficacité, et surtout qui coutent des vies humaines.
Sur leurs routes d’exil, les personnes sont susceptibles d’être interceptées et refoulées par les agents de contrôle de l’UE et de ses Etats membres. C’est par exemple le cas en mer Egée ou le long du fleuve Evros à la frontière gréco-turque, à la frontière hispano-marocaine près des enclaves de Ceuta et Melilla en passant la route des Balkans et jusqu’à nos frontières françaises avec l’Espagne et l’Italie. Aux portes de l’Europe, des personnes meurent et disparaissent en mer, sur terre et dans le désert. Rien qu’en Méditerranée, plus de 25 000 personnes sont décédées ou disparues depuis 2010.
« Ces drames continueront de s’empiler tant que ne seront pas remises en question des décisions et des pratiques de verrouillage des frontières ayant pour conséquence d’accroître les risques. Nous devons assurer l’accueil de toute personne se considérant en danger aux frontières de l’UE afin d’examiner chaque situation et assurer le respect des droits. Aux frontières maritimes en particulier, l’obligation de porter secours aux passagers d’un bateau en détresse et le débarquement dans un lieu sûr doivent être garantis. Respecter les valeurs fondatrices de l’Europe implique également de défendre le principe de la libre circulation dans l’Espace Schengen, l’un des socles de la construction européenne. » Lydie Arbogast, responsable des questions européennes à La Cimade
Les conditions d’accueil et les procédures d’asile sont toujours très différentes d’un pays européen à l’autre, malgré un cadre législatif européen commun. L’échec du règlement Dublin mine le principe de solidarité entre Etats membres et viole les droits des personnes demanderesses d’asile. Depuis vingt-cinq ans, ce système provoque une « migrerrance » des personnes en quête de protection. En France, plus de 30 000 personnes anciennement « dublinées » ont finalement pu enregistrer leur demande d’asile, après avoir attendu entre 9 et 24 mois dans les limbes de cette procédure injuste et inefficace.
« Il est temps que les institutions européennes et les Etats membres de l’UE élaborent une politique d’asile à la hauteur des enjeux, basée sur les choix des personnes concernées, sur la solidarité entre Etats et le respect inconditionnel des droits fondamentaux, en harmonisant par le haut les procédures et les conditions d’accueil des demandeurs et demandeuses d’asile en Europe. » Fanélie Carrey Conte, Secrétaire générale de La Cimade
L’Europe traverse une crise politique profonde caractérisée par l’absence de volonté commune de ses Etats membres de répondre aux enjeux de l’accueil des personnes exilées autrement que par la poursuite et l’aggravation des logiques de fermeture. En se focalisant sur des mesures sécuritaires visant à dissuader, repousser, traquer, ficher, maltraiter les personnes, les responsables des politiques migratoires confortent la perception que ces familles, ces femmes, ces hommes et ces enfants, seraient une menace pour l’Europe. Loin d’apaiser les peurs, ils ne font que légitimer les idéologies xénophobes et aggraver les fractures sur notre continent.
Pendant les six prochains mois, la mission du chef de l’Etat français à la tête du Conseil de l’UE constitue une opportunité unique pour peser sur l’agenda politique et législatif européen. Il faut saisir cette occasion pour engager un véritable changement de paradigme, pour une Europe qui se fonde sur le respect des droits humains et les solidarités internationales, afin d’assurer la protection des personnes et non leur exclusion. La Cimade continuera à se mobiliser avec d’autres pour défendre les droits des personnes en exil tout au long des parcours migratoires.
Auteur: Service communication
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