Rapport d’enquête aux frontières d’une Europe qui s’enferme

Les enjeux du Conseil européen qui a lieu ces prochains jours sont de taille. En effet, sur fond de tensions fortes entre États membres sur la question migratoire, ces derniers sont appelés à se mettre d’accord sur les grands principes d’une réforme de l’asile en Europe. Avec l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir en Italie et l’Autriche à la présidence de l’UE à partir du mois prochain, les perspectives d’aboutir à un système de solidarité européenne ambitieux se réduisent sérieusement. Plusieurs États, dont la France, ne s’encombrent d’ailleurs plus des conventions internationales et européennes et refoulent quotidiennement des personnes en quête de protection. Le navire Aquarius s’est par ailleurs vu empêché d’accoster en Italie, en violation du droit maritime et a dû parcourir la Méditerranée pour finalement débarquer les 629 personnes naufragées en Espagne. Enfin, les évocations de nouvelles formes de hotspots à l’extérieur du territoire européen, comme en Libye, se multiplient, notamment de la part du président Emmanuel Macron.

Les politiques migratoires mises en place par l’UE et ses États membres depuis de nombreuses années, comme depuis 2015, n’ont pas permis d’imaginer de nouvelles réponses à la question migratoire, mais bien plutôt de renforcer l’existant : contrôles, surveillance et tri aux frontières externes et désormais internes de l’espace Schengen. Ainsi, la Commission européenne vient d’annoncer le triplement du budget alloué au renforcement des frontières extérieures. Pourtant, ces politiques ne fonctionnent pas et le rapport Dedans, dehors : une Europe qui s’enferme vient le confirmer. En témoigne aussi l’actualité européenne et l’effritement progressif du principe de liberté de circulation dans l’espace Schengen, mais également le nombre de personnes qui perdent la vie en venant chercher protection en Europe.

Basé sur des observations et missions de terrain aux frontières françaises, hongroises et en Méditerranée, ce rapport de La Cimade met en lumière la multiplication des dispositifs de tri et de surveillance partout en Europe ainsi que des pratiques d’enfermement et de refoulements des personnes en migration. Face à ces politiques répressives, et sans perspective à long terme, des mouvements citoyens s’organisent partout en Europe avec les personnes exilées pour demander le respect des droits fondamentaux et appeler à un changement de regard sur les migrations.

La Cimade appelle les responsables européens qui se réunissent à Bruxelles ces 28 et 29 juin à dépasser leurs ambitions nationalistes et politiciennes et à se donner sérieusement les moyens d’aboutir à une réforme des politiques migratoires européennes.

Consulter le rapport d’observation Dedans, dehors : une Europe qui s’enferme.

Auteur: Service communication