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Visite du ministre de l’Intérieur au Centre de Rétention Administrative (CRA) du Mesnil-Amelot

11 octobre 2024

Dans la continuité de ses annonces martiales visant à soi-disant faire « ce que veulent les français », le ministre de l’Intérieur a choisi de se rendre ce vendredi 11 octobre au CRA du Mesnil-Amelot.

Ce déplacement a été l’occasion de déclarations illustrant une nouvelle fois la dangerosité de la séquence dans laquelle le ministre de l’Intérieur entraîne notre pays, dessinant des politiques publiques centrées sur le seul triptyque de la stigmatisation, de l’enfermement et des expulsions, légitimant les visions du monde fantasmées dans lesquelles les migrations seraient la cause de tous les maux.

Les projets de multiplication des lieux d’enfermement administratif, d’augmentation de la durée de la rétention, les injonctions à la « fermeté » adressées aux préfectures, l’obsession de la délivrance des OQTF hors de tout discernement, alimentent encore et toujours une machine à enfermer les personnes étrangères violente et inefficace ; et ce au mépris des libertés les plus fondamentales telles que le droit à la santé, à la dignité, au respect de la vie privée ou encore à ne pas subir de traitements inhumains et dégradants.

Faut-il encore rappeler que la France est l’Etat de l’Union européenne qui prononce le plus de mesures d’éloignement sans pour autant parvenir à expulser plus ? Même en enfermant davantage, pour des durées toujours plus longues, cela ne se traduit pas en termes d’éloignement.

Bruno Retailleau confirme par ailleurs un détournement de la rétention, mesure administrative aujourd’hui utilisée comme élément de politique sécuritaire, y compris, contrairement, à ce qu’a affirmé le ministre, pour des personnes n’ayant pas de parcours pénal, ou pour lesquelles l’expulsion est manifestement impossible.

Au-delà, ces derniers jours, c’est également aux associations que s’en prend le ministre de l’Intérieur.

Bruno Retailleau a déclaré ne plus vouloir de la présence des associations dans les centres de rétention administrative et confier à l’Ofii, organisme sous tutelle du ministère de l’Intérieur, la mission d’aide juridique, prétextant que les associations seraient « juge et partie ».

Cette remise en cause doit être analysée pour ce qu’elle est : un affaiblissement de l’Etat de droit et des piliers d’une société démocratique que constituent la liberté d’expression et le rôle des associations comme contre-pouvoir ; car c’est bien leur capacité de témoignage et de prise de parole qui est aujourd’hui menacée.

C’est dans le strict respect du droit que les associations exercent leurs missions au sein des centres de rétention ; ce sont d’ailleurs elles qui viennent régulièrement rappeler aux autorités les manquements et abus dont elles peuvent être responsables lorsqu’elles agissent hors du cadre légal.

Le droit de témoignage de ce qui se passe dans ces lieux de privation de liberté, de dénonciation des abus lorsqu’ils sont constatés, d’expression critique des politiques conduites, est nécessaire au bon fonctionnement d’une démocratie. Sa remise en cause par les autorités est un signal extrêmement inquiétant pour l’avenir des libertés publiques. 

Enfin, en voulant faire de son déplacement au CRA du Mesnil-Amelot un symbole de ses orientations politiques, le ministre n’aurait d’une certaine façon pas pu mieux choisir. Car en effet, le CRA du Mesnil-Amelot est un symbole, en ce qu’on y observe la multiplication de pratiques abusives et illégales : l’enfermement de personnes gravement malades, l’enfermement de personnes réfugiées protégées par le droit international, la multiplication des expulsions vers les pays à risques, des conditions d’enfermement particulièrement dégradées, des violences, un recours abusif à l’isolement, des expulsions illégales (au moins 6 recensées depuis le début de l’année).

La Cimade dénonce l’instrumentalisation de la rétention autour de cette fuite en avant sécuritaire et répressive qui ne fera qu’attiser les injustices et les divisions. Elle entend plus que jamais défendre et user de sa liberté de parole, remplir son rôle de contre-pouvoir représentant de la société civile et garant de l’Etat de droit. 

 

Auteur: Service communication

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