Charter affrété par Frontex : 58 personnes géorgiennes expulsées au mépris de leurs droits
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Rennes, le 2 mars 2024 « En fin de journée, le mercredi 26 février, la rumeur commence à se ...
Yahia, de nationalité tunisienne, a été enfermé au centre de rétention de Rennes pour la troisième fois de l’année 2021, à sa sortie de prison. Il venait de purger une peine pour avoir refusé de réaliser un test PCR en vue de son éloignement.
« Je commence. Je suis venu au centre de rétention administrative de Rennes pour la première fois le 14 janvier 2021. Ça fait bientôt 15 ans que je suis en France, depuis 2007. J’étais marié, j’avais un titre de séjour de 10 ans. J’ai toujours travaillé dans l’étanchéité et le bâtiment. J’avais des contrats de travail, des fiches de paie. J’ai eu un diplôme, des valorisations d’expérience. J’ai été incarcéré pendant 2 ans et suite à cela tous mes droits ont été retirés. Les années que j’ai travaillé n’ont pas été considérées. Pendant mon incarcération mon fils est né. Ensuite j’ai passé 20 jours au centre de rétention puis j’ai refusé le test PCR pour ne pas être expulsé. J’ai été condamné pour 2 mois de prison ferme puis après je suis revenu au centre de rétention. De nouveau, j’ai refusé le test, j’ai été condamné à 5 mois de prison ferme. J’ai fini la peine et je suis me suis retrouvé encore au CRA depuis 5 semaines. Depuis mon arrivée ils m’ont encore proposé le test. J’ai toujours refusé une expulsion forcée.
J’avoue que j’ai commis des délits, j’ai fait de la prison. J’ai passé mon incarcération et j’ai payé pour mes délits. Deux ans d’enfermement avec exemplarité et bonne conduite. J’ai réussi pendant cette période à faire un dossier. J’ai monté un dossier au JAF pour voir mon fils. Après l’obtention d’un diplôme j’ai demandé de faire des cours à distance. J’ai fait une valorisation des acquis des expérience car j’ai travaillé pendant 10 ans dans l’étanchéité. Puis, j’ai fait des cours par correspondance avec la chambre des métiers et de l’artisanat. C’était prévu que je sorte pour faire mon métier. J’aime mon métier. Aujourd’hui je paye toujours ce que j’ai fait. Ça fait 10 mois que je paye pour un passé malgré que je sois rentré avec un visa vie privée et familiale. Aujourd’hui je suis asthmatique, je suis tombé malade en France. Avant mon départ en France j’avais vu un médecin français qui m’avait trouvé en bonne santé. En France, j’ai appris à parler, à travailler. J’ai essayé d’intégrer. J’ai vu que je suis rejeté par le système en fait, c’est tout.”
En décembre 2021, Yahia a été condamné à une peine de 8 mois de prison ferme pour avoir refusé de réaliser un test PCR en vue de son éloignement, pour la troisième fois de l’année.
La Cimade publie les témoignages des personnes qu’elle accompagne, en particulier dans les centres de rétention. Une parole libre d’une personne enfermée. Une parole qui permet de saisir les conséquences des politiques à l’égard des personnes en migration. Des textes, des extraits sonores ou des vidéos recueillis par les intervenant·e·s de La Cimade.
Photographie : centre de rétention administrative de Rennes, décembre 2020. © Jérémie Lusseau / hanslucas.com
Auteur: Région Bretagne Pays de Loire