ACTUELLEMENT
Pour bénéficier de l’AME, il faut prouver sa résidence irrégulière en France depuis au moins 3 mois consécutifs et comme les bénéficiaires de la C2S (la complémentaire santé d’État pour les plus démuni∙e∙s) vivre avec moins de 810 euros par mois pour une personne seule. Mais le panier de soin de l’AME est plus réduit que celui de la C2S: pas de prise en charge des dépassements d’honoraires (ce qui rend lunettes et prothèses dentaires inaccessibles), pas d’accès aux programmes de prévention (dépistage buccodentaire pour les enfants, dépistage du cancer du sein, du cancer du colon…) et autres restrictions. En dépit d’un vrai besoin de soins parmi la population visée, 49 % des personnes qui ont droit à l’AME ne la demandent pas.
QUE PROPOSE LE PROJET DE LOI ASILE ET IMMIGRATION ?
Le projet de loi prévoit de restreindre voire supprimer ce dispositif en le remplaçant par une aide médicale d’urgence qui se limiterait à certains soins urgents ou essentiels.
ANALYSE DE LA CIMADE
La remise en cause de l’AME serait aussi aberrante sur le plan de la santé publique que d’un point de vue économique. En effet l’AME est essentielle pour la santé des personnes bénéficiaires, dont les conditions de vie souvent précaires les exposent à de nombreux risques de santé. Elle contribue également à prévenir la propagation des maladies. Par ailleurs, la prise en charge tardive d’une pathologie exige dans la plupart des cas des soins urgents et essentiels plus coûteux que des soins prodigués à temps. Une prise en charge a minima n’est donc pas génératrice d’économies budgétaires, bien au contraire.
DANS LA VRAIE VIE
Andrei I. habite depuis 2 ans dans un bidonville. Comme de nombreuses personnes qui vivent dans les mêmes conditions, il est atteint d’une toux chronique. Depuis plusieurs semaines, il ressent régulièrement de fortes douleurs dans le bas du dos mais il ne fait pas le lien avec sa toux. La médecin qu’il consulte grâce à l’AME soupçonne un début d’infection pulmonaire qu’une radio confirme. Elle lui prescrit alors les antibiotiques standards qui permettent d’enrayer l’infection. Sans l’AME, Andrei aurait vraisemblablement attendu que la douleur soit insupportable pour se rendre aux urgences. Avec le risque que son infection pulmonaire ait dégénéré en abcès. Il aurait alors fallu pratiquer un drainage sous scanner pour connaître précisément l’agent infectieux afin d’adapter le traitement antibiotique. Et si le diagnostic vital était engagé, seule une opération chirurgicale lourde aurait pu le sauver.
Dans ce contexte, La Cimade demande la mise en place d’une couverture maladie réellement universelle avec l’inclusion de l’aide médicale de l’État dans le régime général de la sécurité sociale