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À la veille des élections présidentielles et législatives du printemps 2017, La Cimade décrypte 15 préjugés sur les migrations. Ces déclarations sont énoncées dans les discours des politiques et sont également relayées par certains médias.
Télécharger l’ensemble des 15 préjugés sur les migrations décryptés par La Cimade ou parcourez les ci-dessous un par un selon les thématiques.
« Il y a un afflux massif de réfugiés en France et en Europe. »
Les images des arrivées massives de réfugiés sur les côtes européennes, dont les médias nous abreuvent depuis un an, pourraient faire penser qu’il s’agit d’un phénomène inédit. L’Europe, menacée d’invasion, ne pourrait pas faire face. Sans nier l’importance des arrivées de réfugiés ces dernières années, il convient de la relativiser : l’Europe n’accueille qu’une très petite partie du nombre de personnes migrantes dans le monde, majoritairement des personnes originaires d’un pays européen.
« Il faut fermer les frontières et renforcer les contrôles car tout le monde peut passer. »
La couverture médiatique et les déclarations politiques en Europe pourraient laisser penser que les frontières extérieures européennes sont ouvertes largement et que les États ne les contrôlent pas ou plus. La réalité demeure toutefois différente.
« Il faut mettre fin à la liberté de circulation au sein de l’espace Schengen. »
Depuis plusieurs années, certaines voix en France et en Europe s’élèvent pour remettre en question les accords de Schengen, ceux-ci permettant la libre circulation des personnes au sein d’un espace de plus de 4 millions de km2. Plus récemment, plusieurs pays européens ont rétabli des contrôles fréquents aux frontières intérieures. Pourtant, une sortie de l’espace Schengen aurait
des conséquences politiques, humaines et économiques désastreuses pour
la France, l’Europe et leurs habitants.
« Il faut limiter les arrivées et choisir les migrants que nous sommes prêts à accueillir. »
L’idée de quotas qui fixeraient un nombre maximal de visas ou de titres de séjour par nationalité ou par catégorie est contraire aux droits constitutionnels et aux obligations internationales de la France.
« On peut accueillir les réfugiés politiques, mais pas les migrants économiques. »
Dans les médias ou au cours des interventions des décideurs, les mots « migrants » et « réfugiés » sont bien souvent utilisés comme des boîtes où placer les personnes selon la tonalité du discours souhaité. Ainsi, il serait plus légitime d’accueillir les « bons » réfugiés forcés de fuir leur pays en guerre que les migrants dits « économiques » qui auraient quitté leur pays par choix. Cette hiérarchisation des causes de l’exil n’est pas acceptable. De plus, cette vision occulte la multiplicité et la complexité des motifs de départ, très souvent liés entre eux.
« Il faut accorder plus strictement le droit d’asile pour limiter le nombre de réfugiés. »
Limiter le droit d’asile conduit à mettre en péril des personnes en danger dans leur pays. Et cette limitation est inefficace pour réguler la présence des personnes migrantes sur le territoire.
« Il faut durcir le regroupement familial, ils sont trop nombreux à en bénéficier. »
Le regroupement familial concerne un tout petit nombre de personnes étrangères chaque année. Les conditions pour faire venir sa famille en France sont drastiques, elles ne peuvent être remplies que par une personne installée de longue date et très bien insérée dans la société. Nombreuses sont les personnes étrangères qui ne sont pas concernées, car leur famille est en France ! Celles et ceux qui plaident pour sa suppression ou son durcissement distillent des idées fausses sur la réalité du regroupement familial.
« Avant d’obtenir un titre de séjour, les étrangers doivent prouver qu’ils sont intégrés. »
Le droit au séjour conditionne généralement tous les autres droits qui permettent simplement d’avoir des chances à peu près équitables de s’intégrer : droit au travail, droits sociaux, droit à la formation, etc. Vouloir conditionner l’octroi d’un titre de séjour à la preuve d’une bonne intégration, c’est de toute évidence prendre la question à l’envers.
« Il faut supprimer le droit du sol, c’est trop facile d’être français. »
Ceux et celles qui affirment qu’il faut supprimer le droit du sol s’attaquent au fait que des jeunes, dont la vie est ancrée en France, parce qu’ils y sont nés, y ont grandi et y résident, deviennent Français à leur majorité. Pourtant, ces jeunes sont Français de fait, et souvent déjà ne sont pas reconnus comme tels du fait de conditions légales restrictives. Le vivre ensemble ne peut se construire par des politiques d’exclusion de la citoyenneté.
« Il faut retirer la nationalité française à ceux qui menacent la France. »
La question de la déchéance de nationalité a été imposée dans le débat public, notamment après les attentats terroristes de 2015. Le gouvernement a voulu modifier la Constitution en y inscrivant la possibilité de déchoir une personne de sa nationalité française, qu’elle dispose ou non d’une autre nationalité. Ce projet de réforme a été abandonné ; il était inefficace et contraire aux textes internationaux.
> Télécharger la fiche décryptage Déchéance de la nationalité.
« Les étrangers sont tous des terroristes en puissance. »
Beaucoup de personnes pensent aujourd’hui qu’il faut créer des mesures spécifiques d’exclusion, d’expulsion, de détention à l’encontre des personnes étrangères qui seraient des terroristes en puissance. Depuis les macabres attentats en France, cette idée va encore plus loin, puisqu’on veut bannir nos propres concitoyens. Pourtant, ces mesures n’aideront en rien à lutter contre le terrorisme.
> Télécharger la fiche décryptage Lutte contre le terrorisme.
« Il faut sanctionner plus lourdement les étrangers. »
Beaucoup de personnes pensent qu’il faut sanctionner plus lourdement les personnes étrangères qui seraient massivement délinquantes ? Pourtant, les statistiques montrent que la part des personnes étrangères impliquées dans quasiment toutes les catégories de délits est en baisse constante depuis trente ans.
« Il faut enfermer les migrants pour les trier avant de les laisser entrer. »
Vouloir enfermer les personnes migrantes pour les trier aux portes de l’Europe ou de la France conduit généralement à des mauvais traitements et bien souvent à déléguer ce travail à des pays peu respectueux des droits fondamentaux. Cette méthode ne limite ni les migrations, ni les dangers encourus par les personnes migrantes durant leur exil, ni les trafics à qui toute répression supplémentaire profite.
« Pour les étrangers, c’est très facile de toucher les allocations. »
Les personnes étrangères n’accèdent pas aux prestations sociales dans les mêmes conditions que les Français : la loi prévoit des conditions plus restrictives. Par ailleurs, les prestations sont réservées aux personnes installées durablement en France, et, à une exception près, munies d’un titre de séjour. Enfin, de nombreuses personnes n’accèdent en fait pas aux droits qu’elles pourraient faire valoir.
« Les étrangers viennent se faire soigner gratuitement en France, cela nous coûte trop cher. »
Toute mesure qui contribue à réduire l’accès de tous à la santé est contraire au respect des droits fondamentaux et porte atteinte à la dignité individuelle. Elle s’avère, de plus, contre-productive en termes de santé publique, tant d’un point de vue médical qu’économique. En évitant le report ou le renoncement aux soins, l’Aide médicale d’État (AME) a une fonction préventive et donc des effets positifs sur la santé individuelle et sur la santé publique. En permettant une prise en charge plus précoce, elle limite les surcoûts liés au traitement de pathologies aggravées.
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Auteur: Service communication
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