Rats, cafards, froid, humidité : Un « patrimoine » dont les jeunes migrants se passeraient bien
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Deux mois après l’évacuation du campement du Puythouck à Grande-Synthe et malgré le départ de 200 personnes exilées dans des centres d’accueil, la situation ne s’est pas améliorée dans les bois. Hommes, femmes et enfants campent toujours dans des conditions très difficiles à l’approche de l’hiver.
Le 19 septembre, au lendemain de l’expulsion du camp de Norrent-Fontes, c’est au tour des personnes exilées du Puythouck à Grande-Synthe de connaître une opération policière de grande ampleur. 557 personnes sont ainsi « placées » dans des CAO, partout en France. Malgré cela, et sans surprise pour les associations locales, ce sont 300 à 400 personnes qui sont de nouveau sur le site, dès le lendemain. Comme le souligne Magali de Lambert, coordinatrice d’accès au droit de La Cimade, « les réponses apportées par l’État à Grande-Synthe restent inadaptées. Le dernier dispositif de « bus-accueil de jour » mis en place depuis le lundi 16 octobre, dépourvu de douches, d’interprète, ne semble pas échapper à ce constat. » Malgré le départ de 200 personnes vers des centres d’accueil et d’examen des situations (CAES) annoncé par la préfecture, nombre de personnes en exil continuent ainsi de « survivre » dans les conditions les plus précaires, conditions dans lesquelles l’anodin, comme le fait de pouvoir recharger son téléphone, prend une toute autre dimension. C’est ce dont témoigne ici une bénévole de l’ADRA Dunkerque.
« Aujourd’hui, il serait près de 400, familles, femmes, enfants et hommes seuls à vivre dans des conditions indignes sans aucun abri, ni « en dur », ni sous tente, les forces de police détruisant systématiquement tout embryon de « camp » » ajoute Magali de Lambert. Il n’existe également aucunes infrastructures sanitaires auxquelles ils puissent accéder et de lieux officiels de distributions alimentaires bien que ces dernières soient tolérées. Ainsi, depuis le mois de mai, face à l’inertie des pouvoirs publics, les associations locales se sont relayées quotidiennement sur le terrain afin d’apporter l’aide humanitaire nécessaire.
Parallèlement, la mise en place d’un dispositif d’accueil de jour et de nuit par l’État, en octobre, via l’intervention de maraudes sur site informant les personnes de la possibilité d’être hébergées en CAO/CAES, a montré très rapidement ses limites puisque le nombre d’exilés présents au Puythouck n’a quasiment pas diminué.
Les multiples interpellations associatives auprès des pouvoirs publics n’y ont rien changé : au fil des mois, la situation des exilés s’est gravement détériorée, sous les yeux des bénévoles se relayant tant bien que mal pour subvenir aux besoins les plus élémentaires de ces personnes, et palliant à nouveau aux carences étatiques.
L’État, réitérant sans relâche sa volonté d’éviter l’apparition de « points de fixation » sur le littoral, a préféré faire la politique de l’autruche. Tout au plus une rampe d’eau a été installée par la mairie.
« Après le déni, un soupçon de réalité : début octobre, la mise en place d’un accueil de jour sur le site, ainsi que des maraudes pour une mise à l’abri, ont été annoncées », ironise Magali de Lambert. « Un mois après sa mise en œuvre, le dispositif sous-dimensionné et flou, fait déjà l’objet de critiques : absence d’interprètes et d’information juridique, non prise en charge des mineurs non accompagnés, etc. »
Dans ce contexte, La Cimade continue d’assurer, par la présence de son équipe bénévole à Grande-Synthe deux permanences d’information et d’accompagnement juridique. « Néanmoins, il est apparu pertinent d’assurer une présence sur site afin que le plus grand nombre puisse accéder à une information sur ses droits notamment pour toucher les plus vulnérables (en particulier les femmes avec enfants et les mineurs). » Ce besoin a été confirmé par les associations qui ont fait part de la difficulté des personnes exilées à se rendre à La Cimade en ville. Au cours des deux derniers mois, six permanences ont été tenues sur place, en partenariat avec Médecins du Monde, qui a mis à disposition une tente pour mener les entretiens. Cette phase-test a démontré un réel intérêt puisque 25 personnes ont pu être accueillies et ont bénéficié de conseils. Néanmoins, les conditions météorologiques n’ont pas permis de poursuivre ces temps d’accueil « en plein air » sur le camp. À partir de janvier 2018, un camping-car sera spécifiquement dédié à cette permanence juridique mobile et permettra de recevoir les personnes exilées dans un contexte plus serein qui garantit la confidentialité des entretiens.
Un accueil digne, inconditionnel et respectueux des droits fondamentaux se fait encore attendre pour les personnes exilées « en transit » de la commune de Grande-Synthe, et plus largement du littoral.
En savoir plus, lire le reportage en juin 2017 : Les exilés de Grande-Synthe sans abris au Puythouk.
Auteur: Service communication
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