Quoi qu’il en coûte… pour leur vie
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Jeudi 22 janvier 2015 vers une heure du matin, Anis et trois autres personnes sont interpellées et placées en garde à vue dans un commissariat de la Seine-Saint-Denis. Anis nous raconte le cauchemar qu’il a vécu cette nuit-là.
Jeudi 22 janvier 2015 vers une heure du matin, Anis et trois autres personnes sont interpellées et placées en garde à vue dans un commissariat de la Seine-Saint-Denis.
Anis nous raconte le cauchemar qu’il a vécu cette nuit-là :
Les violences commencent dès la fouille à son arrivée au commissariat. Une dizaine de policiers est présente et les insultes fusent : « Toi t’es arabe, t’es de la merde, ta mère, fils de pute ! ». Selon son témoignage, alors qu’il demande aux policiers d’arrêter de l’insulter et de le malmener, les coups commencent à pleuvoir : un policier lui donne deux coups de poing tandis qu’un autre le fait tomber à terre. Les sept policiers présents dans la pièce lui donnent alors plusieurs coups dans les jambes et sur la tête. Anis appelle à l’aide par la porte entrouverte, mais l’un des policiers la ferme brusquement. Il est menotté dans le dos lorsqu’il est aspergé d’un spray désinfectant, il en gardera de grosses plaques d’irritation dans le coup et sur le visage. Plaqué contre un mur, il reçoit quatre on cinq derniers coups de poing.
Une fois enfermé en cellule, il ne dort pas de la nuit tant les douleurs sont vives. En 48h de garde à vue, Anis fera trois passages par l’hôpital Jean-Verdier de Bondy. Il a le visage gonflé, tuméfié. Un médecin le reçoit, lui donne un traitement et lui fait un grand bandage autour de la tête, puis il rédige un certificat : « Lésions traumatiques récentes visibles : oui ». Un procès verbal est rédigé au commissariat : « le certificat médical établi par L’Unité Médico-Judiciaire de l’Hôpital Jean Verdier de Bondy (93), concluant que les blessures de Monsieur X se disant X entraînent une incapacité totale de travail de dix jours. »
Le 23 janvier 2015 à 14h, Anis arrive au centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot. Dès son arrivée, une photo de son visage tuméfié est prise. Les trois autres personnes interpellées sont également enfermées au CRA du Mesnil-Amelot. Hagard et désorienté, Anis vient nous voir pour nous raconter son histoire et les violences qu’il a subies. Nous recevons les trois autres personnes, l’un d’entre eux est en état de choc après avoir vu et entendu les violences exercées sur Anis.
Au regard de la gravité des déclarations et de l’état d’Anis, La Cimade saisit le pôle déontologie et sécurité du Défenseur des droits qui ouvrira immédiatement une enquête relative aux violences policières physiques et psychologiques subies par Anis.
Mercredi 28 janvier, la rétention administrative d’Anis fait l’objet d’une demande de prolongation par la préfecture de la Seine-Saint-Denis. Le juge des libertés constate un grand nombre d’irrégularités dans la procédure, rejette la demande de prolongation et ordonne la remise en liberté d’Anis. Dans son ordonnance de remise en liberté, le juge judiciaire note également que la procédure comporte plusieurs zones d’ombre : le procès-verbal de fin de garde à vue n’est pas joint au dossier ce qui rend impossible le contrôle de son déroulement, le procureur de la République n’aurait pas été informé du placement en garde à vue, la notification des droits en garde à vue a été réalisée plus de 13 heures après le début de la mesure de privation de liberté. Tandis qu’Anis a demandé à voir un avocat, ce droit ne semble pas avoir respecté. Enfin la garde à vue a été prolongée de plus de vingt-quatre heures sans qu’aucune exigence légale relative à cette prolongation n’ait été respectée.
Selon le témoignage d’Anis, les forces de l’ordre semblent avoir cruellement manqué à leur déontologie. La Cimade espère que toute la lumière sera faite sur cette sombre histoire.
Auteur: Service communication
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