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Suicide d’un demandeur d’asile dans la Manche à Condé sur Vire

14 septembre 2020

La Cimade Normandie s’associe au communiqué du « Collectif 50 pour le droit des étrangers » suite au suicide d’un demandeur d’asile somalien à Condé-sur-Vire. Ce drame illustre une fois encore les souffrances psychiques vécues par les personnes migrantes dans leur parcours d’exil. Il souligne également les failles du système d’accueil français et européen et des difficultés d’accès à un hébergement et à un emploi, qui constituent autant de freins à leur intégration sur le sol français.

 

COMMUNIQUE DU COLLECTIF 50 POUR LES DROITS DES ETRANGERS

« Le collectif 50 pour les droits des étrangers salue la mémoire d’Abdsesamad, demandeur d’asile somalien de 32 ans, accueilli à Condé sur Vire dans un centre d’accueil géré par COALIA. Il a mis fin à ses jours dans un champ le 28 août 2020. Le maire de la commune a constaté ce drame, « tragédie devenue malheureusement ordinaire « , symbole de tous les migrants ayant perdu la vie sur la route de l’exil.

Il venait d’un pays, la Somalie confronté depuis de nombreuses années à la guerre civile, à des violences politiques, à des combats incessants, à des sécheresses et des inondations récurrentes qui entraînent le déplacement de nombreuses personnes. Il venait de Paris où il a vécu sous les ponts mais les bénévoles qui le connaissaient bien témoignent des souffrances psychiques engendrées par l’attente des convocations pour l’examen de sa demande d’asile, l’angoisse, la remontée des souvenirs dramatiques vécus en Somalie qui se manifestent la nuit, l’absence d’occupation puisque la loi, la plupart du temps interdit de travailler et, lorsqu’elle autorise le travail, il faut demander une autorisation à la DIRRECTE et à la préfecture qui ne les accordent que trop rarement. Tout ceci a pour conséquences la précarité et l’absence de projets permettant de se projeter dans l’avenir, la difficulté à tisser des liens et, parfois des violences entre migrants, conséquences d’une grande souffrance morale pouvant se traduire par des sanctions voire l’expulsion du lieu.

Non il ne s’agit pas de « fatalité » mais d’un drame s’ajoutant aux autres drames de l’exil. L’Europe et la France doivent permettre aux demandeurs d’asile en provenance de pays dévastés comme la Somalie de bénéficier d’un hébergement systématique salubre et stable et d’une régularisation immédiate leur garantissant d’accéder à un travail, à un logement, et enfin à une vie digne et non précarisée. Plus généralement, concernant les migrants, les lois françaises sur l’entrée et le séjour des étrangers qui se sont constamment durcies, doivent être revues dans un sens favorisant la facilité de circulation et d’installation.

Une prise en charge psychologique, l’apprentissage du français, un accompagnement social par des professionnels et des bénévoles d’associations sont indispensables pour permettre l’intégration la plus rapide possible dans la société française. Dès leur arrivée, il faut leur donner le droit de travailler pour subvenir à leurs besoins. Le droit de travailler est inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de l’Organisation des nations Unies de 1948. L’Union Européenne et la France doivent rendre obligatoire l’application de toutes les dispositions de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de l’ONU de 1948. Cela doit se traduire par une directive de l’Union Européenne qui doit ensuite faire l’objet d’une transcription dans les législations des États membres de l’Union.

Nous demandons donc que nos gouvernants, nos parlementaires modifient la législation afin que des drames comme celui-ci, hélas trop fréquents ne se reproduisent plus. Nous demandons que les administrations prennent mieux en compte les besoins des migrants, dans le cadre de ces législations nouvelles que nous appelons de nos vœux. Quelles que soient les raisons qui contraignent à l’exil, nous exigeons que les migrants soient traités avec humanité dans le respect des Droits de l’Homme. »

 

Le Collectif 50 pour les droits des étrangers regroupe les diverses associations et organisations d’aide, d’accompagnement et de soutien aux Migrants dans le département de la Manche. Itinérance Cherbourg, Itinérance sud Manche, Pastorale des Migrants, Port d’Attache Granville, Alternatives solidaires Coutances, Collectif St Lois d’aide aux migrants, Association Mortainaise d’Accueil et d’Aide aux Migrants, Solidarité sous les pommiers Coutances-Gratot-Villedieu, Comité Manche droit des femmes, la SIRMO. Le Collectif 50 pour les droits des étrangers est également soutenu par un certain nombre d’associations, d’organisations et de partis politiques. Ensemble, Fédération de la LDH Manche, MRAP, Secours Populaire, La CIMADE de Normandie, Secours Catholique, EELV50, LFI, PCF Manche.

Auteur: Région Normandie

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