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Au premier août le centre de rétention administrative du Mesnil Amelot 2 a ouvert ses portes. Découvrez ici tout ce qu’il faut savoir sur ce nouvel exemple de l’industrialisation de l’enfermement des étrangers.
Cette description a été publiée début février 2010. Depuis, très peu de modifications ont eu lieu, et uniquement pour l’espace réservé aux familles.
Lorsque nous arrivons à la station de RER Charles de Gaulle, il nous faut encore prendre un bus pour accéder au village du Mesnil-Amelot. Le nouveau centre de rétention est situé sur un immense terrain agricole à la sortie du village, à 1 kilomètre environ du premier centre de rétention (l’actuel Mesnil Amelot 1).
D’emblée nous sommes frappés par la taille de ces bâtiments qui se dressent près de la route nationale. On y entend le bruit assourdissant des avions qui décollent ou atterrissent chaque minute. Et on imagine déjà la valse incessante des voitures de police.
Les bâtiments administratifs À l’entrée, un premier grillage auquel il faut décliner son identité avant de passer le sas d’une grande porte blindée. A partir de là, les contrôles s’enchaînent : chaque porte sécurisée est activée par un badge magnétique ou par un policier qui aura été sollicité par interphone. Un dédale de couloirs et de bâtiments sous vidéosurveillance s’ouvre et se referme sur nous.
Une ruelle partant de l’entrée traverse le centre et le divise en deux sites. Cette ruelle est encadrée de part et d’autre par de longs bâtiments administratifs au rez-de-chaussée desquels sont regroupés les différents intervenants (Cimade, OFII, infirmières) et les salles de visites réservées aux familles, avocats et consulats. L’ouverture de chaque pièce, de chaque bureau au sein des bâtiments administratif est contrôlée par les policiers.
Les agents de la police aux frontières en charge de la gestion du camp sont quant à eux situés à l’étage des mêmes bâtiments et ont une vue panoramique sur les zones de rétention.
Les « unités de vie » pour les retenus Chacun des deux sites dissimulés derrière les bâtiments administratifs est composé de trois »unités de vie » de 40 places, elles-mêmes divisées en deux bâtiments de 20 places. Une de ces zones de vie est réservée aux familles.
Chaque unité est séparée des autres par de grandes palissades grillagées, compte son propre réfectoire et son propre espace de promenade. Les retenus ne peuvent se rendre d’une unité de vie à l’autre. Il n’y a donc aucun espace de contact commun ni de liberté de circulation en dehors de l’échelle de l’unité de vie.
Lorsque les retenus voudront s’adresser aux différents intervenants ou se rendre aux locaux de visites, ils devront pour cela solliciter un policier par le biais d’un interphone, afin que ce dernier ouvre les portes »hachoir »qu’ils auront à franchir.
Le centre de rétention est entouré de hauts grillages, de barbelés, de haies épineuses et d’un chemin de ronde.
À l’intérieur du centre, les zones de vie sont très largement quadrillées par de multiples caméras de vidéosurveillance et détecteurs de mouvements installés tout autour et à l’intérieur du centre.
À l’arrière des bâtiments où se situent les chambres des retenus, des écrans de surveillance diffusant ce que les caméras filment à l’intérieur permettront aux policiers chargés d’effectuer le tour du chemin de ronde de contrôler en permanence ce que font les personnes enfermées.
Ainsi, ce nouveau centre est un lieu d’enfermement qui a les caractéristiques du monde carcéral dans les dimensions d’un camp. Alors qu’il n’y a aucune dangerosité des personnes qui justifierait les moyens mis en place, cette forme d’enfermement démontre aujourd’hui à quel point la politique d’immigration criminalise chaque étranger, en y incluant même les femmes et les enfants.
Enfermés jusqu’à plus d’un mois, les retenus vont subir ainsi quotidiennement un système de contrôle ultra sécuritaire et déshumanisant. Des mesures draconiennes ont été mises en place : portes « hachoir » semblables à des portes à bétail, détecteurs de mouvements, grands espaces vides bétonnés et entourés de grillages, portes de chambres vitrées interdisant toute intimité, obligation de passer par un interphone pour pouvoir se déplacer, absence d’abri contre la pluie en attendant l’autorisation de se rendre dans les salles de soin ou de visite. Il faut ajouter à tout cela l’oppression permanente due à la totale dépendance face à la bonne volonté des agents de la PAF.
Au-delà de cette technologie sécuritaire, les retenus seront en permanence dépendant de la bonne volonté de la police pour se rendre à l’infirmerie, à la Cimade, à l’OFII, ainsi qu’aux pièces de visites (familles, avocats, consulats). L’accès à ces lieux d’aide n’est pas libre comme cela peut se passer dans d’autres centres. Pour avoir l’autorisation de franchir une porte hachoir les retenus devront appeler un policier situé à l’étage du bâtiment administratif par le biais d’un interphone. C’est ce dernier qui autorisera le déplacement ou non, en fonction de critères dont les agents de police seront seuls arbitres. Ce système nous fait craindre des autorisations au compte-goutte, des traitements punitifs et des incidents qui peuvent être graves en cas de mauvaise appréciation de la situation par l’agent du fait de la distance instaurée (ex : problème médical).
Une partie du tribunal de Meaux sera délocalisé à proximité immédiate du camp, séparé de celui-ci par un simple parking. Les audiences se tiendront dans de hauts bâtiments de trois étages construits autour de cours intérieures donnant à l’ensemble des allures de village judiciaire. Cette délocalisation a pour effet de créer une justice d’exception.
Ce lieu de justice devient visuellement un instrument administratif de la gestion du camp, éloigné comme lui du regard des concitoyens et tout aussi difficile d’accès. Il pose les mêmes questions d’accès à l’information pour tous, de transparence et surtout d’indépendance de la justice. La création de ce véritable camp aux dimensions industrielles terrifiantes, ultra sécuritaire et créant son propre lieu de justice nous conduit à nous interroger sur le développement de cette mécanique de criminalisation et de mise à l’écart des étrangers.
Auteur: Service communication
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