Quoi qu’il en coûte… pour leur vie
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Alors que les sénateurs examinent en ce moment le projet de loi sur l’immigration et discutent de l’augmentation de la durée de rétention en brandissant statistiques et arguments d’efficacité, au centre de rétention du Mesnil-Amelot, les intervenants et les retenus ont vécu cette semaine un condensé des conséquences humaines dramatiques auxquelles peuvent conduire l’enfermement à tout prix et des dérives de la politique du chiffre.
Alors que les sénateurs examinent en ce moment le projet de loi sur l’immigration et discutent de l’augmentation de la durée de rétention en brandissant statistiques et arguments d’efficacité, au centre de rétention du Mesnil-Amelot, les intervenants et les retenus ont vécu cette semaine un condensé des conséquences humaines dramatiques auxquelles peuvent conduire l’enfermement à tout prix et des dérives de la politique du chiffre.
Lundi : Après avoir subi deux tentatives d’embarquement, un monsieur de nationalité algérienne, maintenu en rétention par la préfecture du Val de Marne depuis le 13 janvier se taillade avec des lames de rasoirs. La veille il avait déjà avalé du savon. Suite à ces tentatives d’embarquements forcés, les autres personnes retenues se sont particulièrement émues de sa situation. Ce monsieur sera malgré ses blessures embarqué vers l’Algérie le jour-même.
Mardi : C’est au tour d’un autre monsieur, Marocain cette fois-ci et également maintenu par la préfecture du Val de Marne depuis le 12 janvier, de tenter d’échapper à une expulsion en avalant des lames de rasoir. Le lendemain, la préfecture, intraitable, reprogramme un vol. Selon ce qu’il nous a rapporté, l’escorte de police aurait refusé de prendre la responsabilité de l’embarquer dans cet état. La préfecture s’acharne et le surlendemain, il est reconduit vers le Maroc malgré sa détermination à s’opposer à son expulsion.
Mercredi : Suite probablement à des automutilations, un retenu est transféré d’urgence à l’hôpital. Il est enfermé au centre de rétention depuis deux semaines par la préfecture du Loiret. Il semble souffrir de problèmes psychologiques importants, il s’est notamment déféqué dessus et son comportement est très instable. Pourtant, après son passage à l’hôpital, il est de retour au centre de rétention et emmené à l’embarquement dès le lendemain. Nous apprenons qu’il n’a pas pu embarquer suite à la réaction de certains passagers. Il est donc de retour au centre de rétention.
Ce même mercredi, nous rencontrons trois jeunes hommes, un Nigérian et deux Sierra léonais, interpellés à Orly alors qu’ils arrivaient de Grèce. Tous les trois déclarent être mineurs. Mais une expertise osseuse, dont la fiabilité est remise en cause par de nombreux experts, les contredit. L’un d’entre eux semble refuser de s’alimenter depuis et est terrorisé par cet enfermement. Sa demande d’asile est aujourd’hui en cours d’examen.
Jeudi, la semaine n’est pas finie. Ce sont des hommes interpellés de façon déloyale et choquante que nous rencontrons.
L’un a été interpellé à la poste d’Alfortville suite à la dénonciation du guichetier alors qu’il venait simplement prendre des renseignements, le distributeur automatique ayant avalé sa carte. Après un court séjour en prison, il est actuellement maintenu au centre de rétention du Mesnil-Amelot. Il serait pourtant client de la banque postale depuis 7 ans.
L’autre, hospitalisé d’office par le préfet du Loiret, est placé en garde à vue dès sa sortie de l’hôpital et transféré au CRA du Mesnil-Amelot. Après un jour en chambre d’isolement et quelques jours d’hospitalisation, il va découvrir une nouvelle forme d’enfermement.
Le dernier s’est fait interpellé au commissariat de Pithiviers. Mal orienté, il y était venu une première fois pour déposer une demande de régularisation. Les fonctionnaires de la police municipale ont accepté le dépôt du dossier puis l’ont convoqué au motif qu’il devait apporter un complément : la quittance de loyer de la personne qui l’héberge. Suite à cette convocation piège, victime d’une interpellation déloyale, il est placé en garde à vue et conduit au centre de rétention du Mesnil-Amelot.
… Une semaine presque ordinaire au centre de rétention du Mesnil-Amelot, que l’on a eu envie d’écrire pour que personne n’oublie ce qui est en jeu dans le vote du nouveau projet de loi sur l’immigration et que l’enfermement des personnes n’est jamais quelque chose d’anodin.
Auteur: Service communication
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