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Vladimir Kalachov, jeune géorgien menaçé d’explusion, est rentré chez lui à Bayonne après 29 jours en centre de rétention à Toulouse
«Je n’oublierai jamais» (par Véronique Fourcade)
Vladimir Kalachov aura 20 ans en décembre. Malgré son jeune âge et une chevelure bien brune, quelques cheveux blancs ont poussé sur sa tête ces dernières semaines. Ils témoignent d’un stress difficilement imaginable et sur lequel Vladimir a accepté de revenir pour Sud-Ouest.
Lors de sa première interpellation, Vladimir avait été surpris : certes, ses papiers n’étaient pas en règle dans l’attente de l’acte de décès de ses parents mais il était placé sous la protection du juge des enfants? Une nullité de procédure lui a permis de quitter le centre de rétention de Toulouse après 24 heures.
La deuxième arrestation était attendue par Vladimir. « J’avais pressenti cela. J’en avais parlé à Édith, ma formatrice deux jours avant d’être embarqué ». Ce que n’avait pas pressenti Vladimir en revanche, c’est qu’il passerait 29 jours au centre de rétention de Toulouse. Vingt-neuf jours plus long les uns que les autres en attendant l’arrêt de la cour d’appel de Bordeaux, jeudi dernier, qui a annulé l’arrêté d’expulsion et enjoint la préfecture à délivrer un titre de séjour.
« C’est très dur de rester enfermer sans rien avoir à faire qu’attendre. Tu manges, tu dors. C’est tout. Je ne suis jamais allé en prison mais là-bas au moins, il y a la possibilité de s’occuper, de faire du sport, de travailler? Là, rien. Comme on n’a pas d’activité, on n’est pas fatigué alors, on discute jusqu’à 3 ou 4 heures du matin. Après la deuxième semaine, j’ai quand même obtenu d’avoir un ballon et on pouvait jouer au foot ».
Lecture. Autre passe-temps de Vladimir en rétention, la lecture : « J’avais une BD, je l’ai lue 3 fois. J’ai aussi lu et relu les papiers du tribunal ». Vladimir a reçu des visites de personnes de La Cimade, qui lui ont apporté quelques affaires personnelles. Autre ponctuation de l’attente, la visite au consulat de Géorgie, trois jours avant sa sortie. « Il fallait vérifier que j’étais bien Géorgien. Moi, j’espérais surtout que le consulat ne donnerait pas de laisser-passer pour qu’on me renvoie là-bas ».
Chaque soir, les reconduits à la frontière du lendemain sont prévenus qu’ils devront se préparer pour partir à 4 heures du matin. Vladimir craignait de se voir sur la liste. « Moi, j’aurais refusé. Je ne veux pas revenir là-bas. Je n’avais absolument rien à perdre, j’aurais tout fait pour ne pas être emmené ». « On pense à ça sans arrêt, C’était long. Au début, on compte les heures, les jours. À la fin, c’est vraiment trop long, on a le temps de repenser à toute sa vie ».
Celle de Vladimir n’a pas été rose : des parents, issus d’une minorité kurde, persécutés puis tués. Une fuite vers la France avec pour point de chute l’adresse de son demi-frère à Bayonne. Il a alors 17 ans et bénéficie de dispositifs pour mineurs, suivis de protection pour jeunes majeurs après ses 18 ans.
Diplôme. Il s’attelle à l’apprentissage du Français. Avec succès : il obtient 19 sur 20 à son premier examen, le Diplôme d’initiation à la langue française.
Il attend aujourd’hui le résultat du deuxième niveau. L’examen avait lieu lundi dernier à Bordeaux. Soit trois jours après sa sortie du centre de rétention. Vladimir n’a pas molli : malgré le mois d’interruption des cours, il a passé les épreuves. Il est aussi allé au Greta, pour mettre en place une formation de cuisinier qu’il compte faire chez François Miura, chez qui il était en stage. « C’est lui le premier qui m’a téléphoné annoncé le jugement de Bordeaux. C’est vraiment un patron trop sympa. Sa femme aussi. Je dois les remercier. Les gens de la Cimade aussi : Laurence Hardouin, Marie Cosmay, l’avocat maître Larréa. Ils m’ont tellement aidé. Ils m’ont donné du courage. Je n’oublierai jamais ».
Article paru dans le journal Sud Ouest le 22 mai 2008
Auteur: Service communication
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